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La badiane

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22 janvier 2024

La badiane, autre nom de l’anis étoilé (Illicium verum) en raison de la forme de son fruit, est une plante originaire du sud de la Chine et du Vietnam. Sa réputation n’est plus à faire et elle est une vraie star de la pharmacopée ou de la gastronomie.

Planche de l’anis étoilé in Jean-Louis-Marie. Chaumeton, Jean-Louis-Marie Poiret et Joseph Tyrbas de Chamberet, Flore médicale. Tome 1. Illustrations d’ Ernestine Panckoucke et Pierre-Jean-François Turpin. Paris.

Le badianier est un arbre qui peut atteindre entre 4 et 18 m de haut. L’écorce du tronc est lisse et de couleur gris clair. Les feuilles sont persistantes, de forme ovale ou lancéolée, de couleur verte et d’aspect lisse, glabre et coriace. Les fleurs blanches ou rosées sont étoilées et elles produiront un fruit rigide qui comprend 8 carpelles rangées en étoile contenant chacune une graine ovale, brune et lisse.

François Rozier, Cours complet d'agriculture théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire. Tome 1. Paris, Éd. Hôtel Serpente, 1781-1796.

Il est cultivé en Asie (de l’Inde au Japon en passant par la Chine, le Vietnam ou les Philippines) mais il peut se plaire dans le sud de la France. L’épice est déjà connue en Europe au Moyen Âge, mais la plante est introduite en Europe au XVIe siècle, grâce à l’explorateur Thomas Cavendish.
L'orgine du mot badiane, viendrait du persan بادیان bādiyān qui désigne le fenouil ou l'anis, mais il s'agit sûrement d'un emprunt au chinois 八角 (bājiǎo) qui signifie 8 pointes. Le nom latin évoque la séduction de cette plante : Illicium vient d'illicio et signifie attirant et verum veut dire "vraiment".
L’anis étoilé est depuis longtemps utilisé dans les pharmacopées locales en raison de ses propriétés stomachiques et carminatives. On s’en sert alors pour atténuer les maux de ventre ou gastriques, les nausées ou encore les douleurs dentaires. L'anis étoilé, dit-on étanche la soif et combat la mauvaise haleine.

L'Ouvrière : journal illustré. Exposition internationale. Paris, 1er octobre 1904

Ses propriétés pharmaceutiques ont été récemment confirmées puisque il est utilisé dans la composition, sous forme d’acide shikimique, d’un anti-grippe célèbre préconisé tant pour les grippes humaines ou aviaires. Néanmoins, attention à n’utiliser que la badiane vraie, originaire de Chine et non celle du Japon qui lui ressemble beaucoup mais est neuro-toxique et donc interdite en France. Si l’on en croît l’adage : quelques graines d’anis étoilé sous l’oreiller, c’est un sommeil assuré !

Pierre de Janville, Atlas de poche des plantes utiles des pays chauds les plus importantes pour le commerce, Ed. Librairie des sciences naturelles P. Klincksieck. Paris, 1902.

Ses usages culinaires sont également nombreux. L’anis étoilé est alors utilisé comme épice ou condiment. Il entre notamment dans la composition du célèbre mélange cinq épices ou cinq parfum chinois (avec le poivre du Sichuan, la cannelle, le clou de girofle et les graines de fenouil). La cuisine chinoise l'utilise couramment dans des plats de viande (canard, porc ou poulet) son arôme délicat et ses propriétés digestives venant contrebalancer la teneur en matière grasse de la viande. En France ou l’utilise depuis longtemps dans la recette du pain d’épices ou en pâtisserie, associé au lait, ou encore en confiserie.

Badianier : planche botanique. Années 20. Collections du CIRAD

La badiane est utilisé dans la composition de plusieurs boissons anisées comme le pastis, le sambuca italien ou encore l’ouzo grec. Mais la boisson la plus emblématique est l’anisette issue de liqueurs d’origine maltaise, que l’on consommait pure notamment comme remède aux problèmes gastriques ou dentaires, ou encore italienne. La recette est ensuite adaptée par les frères Gras vers 1872 pour une boisson apéritive à base d’anis étoilé.

Coupe de l'appareil utilisé au Vietnam pour distiller la badiane et en extraire l'huile essentielle. Philippe Eberhardt, La badiane et sa culture en Indo-Chine. Paris, 1907

Enfin, la badiane est également employée en parfumerie, on distille alors les fruits frais afin d’obtenir une huile essentielle très parfumée. D’abord sous forme liquide, elle se cristallisera en refroidissant. Elle doit son parfum à la présence d’anéthol (comme pour l’anis vert) mais elle s’en distingue en raison de la forte proportion de fenchone. En parfumerie, on apprécie sa fraîcheur comparée à d’autres épices qualifiées de chaudes, et ses notes sont plutôt destinées à des parfums masculins, mais il convient d’en user avec beaucoup de parcimonie tant sa flagrance est puissante et risque de l'emporter sur toutes les autres.
Il existe une badiane américaine mais si son parfum est suave, son usage est plutôt horticole et est appréciée pour ses propriétés ornementales.

Que ce soit en tisane, en gâteau ou comme remède, la badiane n'a de cesse de nous offrir ses nombreux trésors. Marie-Antoinette fit même, selon la légende, planter un badianier au Petit-Trianon car elle aimait le port noble de cet arbre. L'anis étoilé brille sans doute au firmament des panacées.

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