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Le frêne

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Il peuple nos forêts, nos taillis, nos haies, il a inspiré nombre de noms de village et de noms de familles. Le frêne fait tant partie du paysage qu’on pourrait l’oublier. Pourtant, cet arbre qui, autrefois, fournissait le bois des arcs et des navires, a encore beaucoup à nous apprendre.

« Fraxinus, frêne » dans Joseph Pitton de Tournefort, Elemens de botanique, ou Methode pour connoître les plantes, Paris, Imprimerie royale, 1694.

Du genre Fraxinus, de la famille des Oleaceae (comprenant l’olivier, le lilas et le troène), le frêne est un arbre feuillu aux multiples aspects : on compte cinq espèces endémiques en Europe, une quinzaine en Amérique du Nord. Présent dans toutes les régions tempérées et subtropicales, il a modelé le paysage européen, si bien qu’Henri-Bazile Thomas déclarait déjà, en 1840, qu’« on le trouve dans les forêts les plus anciennes ».

Son bois robuste en fait un arbre d’exploitation, qu’on laisse rarement parvenir à un âge vénérable : il est précieux pour l’art de la charronnerie (construction et réparation des véhicules à traction animale, et notamment de leurs roues), et est encore privilégié aujourd’hui pour fournir les manches des outils (pelles, pioches, etc.).

Pancrace Bessa, « Black Ash » dans François-André Michaux, Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, Paris, L. Haussmann et d' Hautel, 1813.

Dans les jardins, il s’accommode bien du rôle d’arbre d’ornement, avec l’importation d’espèces américaines plus remarquables, comme le frêne rouge de Pennsylvanie ou le frêne noir. Le frêne commun, quant à lui, a nourri la pharmacopée populaire jusqu’à la seconde Guerre Mondiale : ses feuilles infusées servent, dans les pages de Médecine des pauvres, pour lutter contre la goutte, la fièvre ou même un embonpoint excessif.

Les frênes sont actuellement menacés par des insectes et champignons parasites arrivés récemment sur les continents du fait de l’internationalisation des échanges commerciaux et du changement climatique : agrile du frêne en Amérique, chalarose en Europe.

Noël-Marie Paymal Lerebours, Eugène Cicéri, « Vallée de St-Gervais et du Bonant » dans Noël-Marie Paymal Lerebours, Excursions daguerriennes : vues et monuments les plus remarquables du globe, Paris, Rittner et Goupil, [1844]

L’omniprésence du frêne dans nos paysage se reflète dans la toponymie : tous les noms comme Fréneuse, Fresnes, Fraisse, Fraissinet, Fresnay ou encore Fresnoy dérivent de sa racine latine, Fraxinus, et désignent des endroits où les frênes étaient nombreux.

Est-ce par son omniprésence dans notre paysage ? Cet arbre est, à l’instar du chêne, symbole de solidité et de stabilité. Il a même une racine du côté de l’immortalité, puisqu’Yggdrasil, l’arbre-monde de la mythologie nordique, est bel et bien un frêne.

Alfred Comtesse, « Les Ex libris », Revue internationale de l’ex-libris, 1er janvier 1917

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