Le pélargonium
Robustes et florifères, voici l’une des plantes les plus familières de nos balcons et jardins dont la dénomination porte souvent à confusion. Le pélargonium, originaire d’Afrique du Sud, n’est autre que celui que l’on nomme communément géranium.
Ce que l'on désigne aujourd'hui comme « géranium » dans nos jardins et sur nos balcons est en réalité un pélargonium. D'un point de vue botanique, le pélargonium et le géranium appartiennent à la même famille des Géraniacées, mais sont deux genres bien distincts. Cette confusion remonte au 18e siècle avec le célèbre Carl von Linné, fondateur d'un système de classification des plantes révolutionnaire à l'époque. Il y rassembla les deux genres sous une même dénomination : "géranium". C’est le botaniste Charles Louis L’Héritier de Brutelle, avec l’aide du peintre Pierre-Joseph Redouté, qui démontre la distinction des deux plantes en 1789 avec son ouvrage Geraniologia.
Bauer, Illustrationes florae Novae Hollandiae. Londres, 1813 / BHL
Originaire d’Afrique du Sud, l’introduction du pélargonium en Europe remonte au 17e siècle avec les navires néerlandais. Les militaires ou médecins le découvrent en explorant la flore du Cap et le ramènent pour les serres européennes sous le nom de Geranium africanum. Ce pélargonium en question est nommé aujourd'hui Pelargonium triste en référence à la couleur de ses fleurs jaune clair jugée peu éclatante. Ces fleurs ont toutefois la particularité d'exhaler une odeur uniquement la nuit.
Flore des serres et des jardins de l'Europe. Gand, 1862
Pelargonium inquinans et Pelargonium zonale sont les "parents" sauvages qui ont permis aux horticulteurs de créer des milliers d'hybrides cultivés. Désignés sous le nom de Pelargonium x hortorum, nous les retrouvons aujourd’hui dans nos jardins. Les feuilles arborent parfois une « zone » avec un motif foncé en forme de fer à cheval pour le Pelargonium zonale. Quant à Pelargonium peltatum, il a donné naissance à tous les « géraniums-lierre » des balcons (Pelargonium x hederaefolium). Les premières améliorations et hybridations sont expérimentées en Angleterre vers 1820, mais c’est en France, à partir des années 1835 que les horticulteurs développent véritablement les qualités de cette plante : floraison abondante, diversité de couleurs et diversité dans la forme des fleurs et des feuilles.
Thibaut, Culture des "Pelargonium". Paris, 1867 / Gallica - BnF
En 1842, Charles Lemaire (directeur de plusieurs grandes revues horticoles) et Alexandre Chauvière (membre de la Société nationale d’Horticulture de France) rédigent un traité de culture sur les pélargoniums qu'ils destinent aux professionnels, mais également aux novices. La mode du pélargonium est lancée ! Les « variétés à l'Anglaise » furent très en vogue en Europe. Les fleurs larges, souvent bicolores avec des couleurs franches, recherchent la perfection d'une fleur circulaire. Elle évoque immédiatement celle d’une pensée. Au 19e siècle, les grands horticulteurs français font la renommée du pays : les Lemoine de Nancy, Odier et Miellez, Sisley de Montplaisir, Boucharlat de Lyon furent de grands obtenteurs français de pélargoniums.
L’illustration horticole. Gand,1854 / BHL
Parmi les 250 espèces du genre Pelargonium, il en existe un certain nombre présentant la particularité d'être odorants. Il ne faut pas rechercher leur parfum au cœur de la fleur, mais sur les feuilles qui libèrent une odeur de menthe, citron, pomme ou rose lorsqu’elles sont froissées. La hausse des prix des essences olfactives encouragea les parfumeurs à expérimenter une culture de géraniums rosat en Île-de-France pour remplacer l'essence de rose de Damas devenue rare et chère. Les hybrides de Pelargonium capitatum et Pelargonium graveolens sont ainsi cultivés pour la parfumerie et en particulier dans l’île de la Réunion où ils sont connus sous le nom de "géranium Bourbon". L'Algérie fut par ailleurs le cœur de la production de cette essence au 20e siècle. Les gourmets et grands chefs de la restauration utilisent les fragrances des pélargoniums odorants également en cuisine.
Anonyme, « Coupe de géraniums cultivés ». Algérie, 19.. / Gallica - BnF
Pour aller plus loin :
Retrouvez les fiches plantes sur les pélargoniums sur le site de la Société nationale d’Horticulture de France (SNHF) et explorez sa collection de gravures sur la bibliothèque numérique Hortalia.
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