Les flores anciennes incluaient les Scabiosa, Knautia, Cephalaria, Succisa et Lomelosia sous le nom de scabieuse.
Johann Wilhelm Weinmann, Phytanthoza-iconographia, sive Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum. Tome 4, 1737-1745
Ces genres proches appartiennent à la famille des Caprifoliacées et la sous-famille des Dipsacoïdées (autrefois Dipsacacées) selon la plus récente classification. Les différentes espèces se caractérisent par une inflorescence en capitules, entourées à la base d’une collerette de bractées. Elles ont 4 étamines, leur fruit est un akène avec aigrette, voilà pour les points communs.
J.-C. Philibert, Dictionnaire abrégé de botanique, faisant suite aux "Exercices de botanique"... Paris, 1803
On distingue les knauties des scabieuses, en comptant les pétales ou lobes des fleurs externes du capitule, 4 pour les premières, 5 pour les secondes. Les graines portent des soies blanches pour les knauties, noires pour les scabieuses.
E.-G Camus, Les fleurs des prairies et des pâturages : 100 planches coloriées avec explications..., 1914
La succise (4 pétales) se différencie des Scabieuses et des Knauties par la forme de ses feuilles, longues et entières. Elle a des racines brusquement tronquées au niveau du collet d’où son nom (du latin succisa, coupé).
Georg Christian Oeder, Icones plantarum sponte nascentium in regnis Daniae et Norvegiae, in ducatibus Slesvici et Holsatiae et in comitatibus Oldenburgi et Delmenhorstiae. Volume 4, Copenhague, 1777
Le mot scabieuse vient du latin « scabies » dérivé de scabere qui signifie « gratter, se gratter ». La scabieuse était réputée soigner la gale, provoquée par un acarien microscopique, le Sarcopte (Sarcoptes scabiei), ainsi que l’indique Leonart Fuchs dans son ouvrage De Historia stirpium commentarii insignes [...].
Matthieu Platearius, Livre des simples médecines ou Herboriste, XVIe siècle
Le Grand Albert, livre de magie populaire, recommande un cataplasme à base de scabieuse et d’autres plantes pour soigner la maladie du charbon, infection provoquée par la bactérie Bacillus anthracis transmise par le bétail.
Pierre Richer de Belleval, Recueil de 56 planches de botanique, 1600-1650
Mais la plante a aussi des propriétés digestives, expectorantes, astringentes décrites au XVIe siècle par Pierre André Matthiole. Au début du XXe siècle, Henri Leclerc, médecin militaire, préconise l’usage de la scabieuse pour soigner les maladies pulmonaires dans son Précis de phytothérapie. On utilise les fleurs, les feuilles ou la racine en infusion, décoction, cataplasme et pommade. La racine contient de la scabiosine, un glucoside reconnu comme antibactérien, antifongique et anti-protozoaire.
Charles Flahault, Nouvelle flore coloriée de poche des Alpes et des Pyrénées. Série 2, Paris, 1908
Ses noms vernaculaires sont mors du diable, racine du diable, fleur de tonnerre, langue de vache ou tête de loup. D’après la légende, le diable furieux des nombreux bienfaits de la plante, croqua un morceau de sa racine pour lui enlever ses propriétés curatives. On dit aussi qu’il mordait la racine dès qu’on tentait de l’arracher.
Leonhart Fuchs, De Historia stirpium commentarii insignes […], 1542
Toutes ces espèces sont nectarifères et attirent les insectes pollinisateurs.
Nicolas Robert, Scabieuse à feuille de graminées, aquarelle sur vélin, XVIIe siècle, portefeuille 37, plantes, folio 32
La succise abrite un papillon orange et marron appelé Damier de la succise (Euphydryas aurinia) ou Artémis ou Mélitée de la Scabieuse. Le Damier se nourrit dans la fleur, la femelle pond ses œufs sous la feuille de la plante. Ce papillon est aujourd’hui protégé en France.
Harris Moses, L'Aurelien : ou Histoire naturelle des chenilles, chrysalides, phalenes et papillons anglois [ … ] Londres, 1794
Dans le langage des fleurs, la scabieuse symbolise la tristesse, le souvenir du disparu. On l’appelle aussi fleur des veuves, en référence à sa couleur, du bleu-mauve au violet foncé selon les espèces, et c’est ainsi qu’elle est représentée par Jean-Jacques Grandville dans son ouvrage Les fleurs animées.
Jean-Jacques Granville, Les fleurs animées. Tome 2, Paris, 1867
Au XIXe siècle, la boutique « A la Scabieuse » à Paris, était spécialisée dans la mode et les étoffes de deuil.
J. Lacourière, Journal des Demoiselles et petit courrier des Dames réunis, Paris, XIXe siècle
La scabieuse purpurea (ou atropurpurea) présente des fleurs pourpres presque noires, qui seraient les plus foncées de toutes les plantes européennes, on les plantait sur les tombes.
Johann Wilhelm Weinmann, Phytanthoza-iconographia, sive Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum. Tome 4, 1737-1745
Pour aller plus loin
- Visitez la section Botanique du parcours Gallica La Nature en images.
- Rédécouvrez les autres billets de L'Herbier de Gallica
Commentaires
Scabieuse
Billet bien documenté, merci !
Ajouter un commentaire