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Colette journaliste

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Dans le cadre du cycle de manifestations sur les écrivains et la presse, le blog Gallica publiera deux billets sur l’œuvre journalistique de Colette pour préparer la rencontre avec Gérard Bonal et Amélie Chabrier le 5 avril prochain. Le second billet sera consacré aux comptes rendus de procès de Colette.
 
Marie-Claire n°100 fait par Colette
 
Les articles de Colette et les titres de presse dans lesquels elle publie sont intimement liés à sa biographie et à son œuvre littéraire. En 50 ans, Colette a écrit plus de 1 200 articles publiés dans une centaine de titres. Ce panorama ne sera donc pas exhaustif, d’autant plus que tous les journaux ne sont pas numérisés.
 

Les débuts

En 1895, ses premières chroniques musicales (consultables uniquement dans Gallica intramuros) dans La Cocarde, dirigé par Maurice Barrès, sont signées « Colette Gauthier-Villars ». Son mari, Henry Gauthier-Villars, plus connu sous le pseudonyme de Willy, était, entre autres, critique musical. Colette commentera ses articles dans la Revue illustrée : « L’ouvreuse jugée par Colette Willy ».
 
Colette et Willy, Marianne (16 et 30 octobre 1935)
 
Elle utilise ensuite le pseudonyme d’Eddy dans La Fronde de Marguerite Durand, comme par exemple dans cette « Lettre d’une provinciale » (8 novembre 1899). Entre janvier et juin 1903, elle collabore à Gil Blas avec une série d'une quarantaine d’articles « Claudine au concert » qu’elle signe Claudine. En 1901, Claudine à l’école était paru sous le seul nom de Willy.
 
Deux ans plus tard, c’est dans Le Mercure musical, aux côtés de Debussy et de Willy, qu’elle publie, dès le 1er numéro (15 avril 1905) et jusqu’en janvier 1906, une partie de ce qui deviendra Les Vrilles de la vigne, signant maintenant « Colette Willy ». Colette et Willy sont séparés depuis 1904.
 

La Vie parisienne, 4 janvier 1908 et Comœdia

Entre 1907 et 1909, elle écrit régulièrement des textes courts dans La Vie parisienne, scénettes de la vie de couple à travers les yeux de Toby-Chien (« Toby-Chien parle », « Toby-Chien au théâtre »), ou bien sur la mode et les femmes à travers le personnage de Valentine (« Belles-de-jour », « De quoi est-ce qu’on a l’air ?... »). Certains textes plus autobiographiques (« Nuits blanches »), souvent liés à sa nouvelle activité de comédienne (« Music-halls », « La guérison », « Une danseuse »), sont parfois proches de la prose poétique, jouant à la frontière de la fiction et de la réalité dans « Le Miroir » ou sur la solitude et le temps qui passe : « Le dernier feu », « Rêverie de Nouvel an ». Ses articles, d’une grande variété, sont souvent d’un genre inclassable.

Durant l'été 1909, elle raconte dans Akademos ses tournées. Elle reprend ce thème dans Comœdia l’année suivante avec « Types de tournées » et une série sur ses « Notes de tournées ».

Colette comédienne

L’engagement au Matin

Le 2 décembre 1910, dans la rubrique « Contes des mille et un matins » du Matin, paraît « La poison » signé d’un masque de théâtre avec l’introduction suivante :
Le conte que publie aujourd'hui le Matin est signé d'un masque. Sous ce loup énigmatique se cache, par caprice, une des femmes de lettres qui comptent parmi les meilleurs écrivains de ce temps et dont le talent si personnel, fait d'exquise sensibilité, d'observation aiguë, de fantaisie gamine, vient de s'affirmer, une fois de plus, dans un roman sentimental qui est le succès du jour.

Après cinq textes, Colette signe à côté du masque « C’est moi : Colette Willy ». Jusqu’à la déclaration de guerre, elle y tiendra une chronique hebdomadaire ou bi-hebdomadaire et sera auteur de contes, grand reporter et critique dramatique. Elle se marie en décembre 1912 avec Henry de Jouvenel, l’un des deux rédacteurs en chef du journal.

Son roman La Vagabonde ayant été perçu comme un reportage, le music-hall est très présent, les animaux aussi. Elle exprime sa vision des évènements, par exemple avec « Dans la foule… » après l’arrestation de Bonnot ou à propos d’un combat de boxe « Impressions de foule ». À partir du 30 octobre 1913, elle reprend le surtitre « Le Journal de Colette » et signe Colette.
 

 Les Hommes du jour, 21 janvier 1911 et dessin de Brod

En juin 1914 paraît son premier article sur le cinéma : « L’expédition Scott au cinématographe ». Elle ne publie presque plus dans Le Matin en 1915, plus du tout de 1916 à 1918. Elle collabore un peu à d’autres journaux sur les conditions matérielles pendant la guerre : « Les chiens sanitaires » en 1915 dans Le Flambeau ; Les Mamans en 1916 dans La Baïonnette, ainsi que « Bel-gazou et la vie chère » en 1918.

Dans Femina, où elle avait déjà écrit des articles de modes, elle raconte la naissance de sa fille en janvier 1914. Elle publie beaucoup dans Excelsior entre le 12 juin et le 21 août 1916, et à nouveau « Le journal de Colette » entre le 20 novembre 1917 et le 10 septembre 1918. Le 9 septembre 1916, La Vie parisienne annonce une série d’articles d’actualité de Colette (16 septembre 1916 - 17 août 1918).

Entre 1921 et 1925, elle publie de temps en temps dans Les Annales, mais a surtout repris sa collaboration au Matin depuis le 2 janvier 1919. Elle devient aussi directrice littéraire de la rubrique « contes des mille et un matins ». Colette quitte le journal lorsqu’elle divorce, son dernier compte rendu dramatique est daté du 12 janvier 1924, le dernier « Journal de Colette » du 16 février 1924. Maurice Martin du Gard décrit dans Les Nouvelles littéraires le travail de Colette au Matin.

Colette par Sacha Guitry et dans Marianne
 

Les années vingt et trente

Colette collabore ensuite à de nombreux titres. D’avril 1924 à mai 1925, elle écrit des articles de mode pour Demain sur le maquillage, les chapeaux, les seins, les nouveautés, la fourrure ou le music-hall. Dans Cyrano, elle écrit sous forme de lettre « à une jeune femme » en août et septembre 1924. Puis elle rédige l’éditorial de Vogue à partir du 1er décembre 1924 jusqu’à la fin de l’année suivante, en brodant sur ses thèmes favoris comme la neige.

Toujours à la même période, elle tient une chronique hebdomadaire « L’opinion d’une femme » dans Le Figaro du 29 avril 1924 jusqu’à début octobre et dans Le Journal une rubrique intitulée « Leur beau physique » du 11 janvier au 14 mai 1925.

Entre 1926 et 1933, Colette publie peu et toujours sur les mêmes thèmes : « fards, poudres, parfums » et « La femme et la neige » dans Femina. Elle reprend « Leur beau physique » dans Bravo en 1929 avec Philippe Berthelot et Mistinguett et donne quelques conseils de beauté dans la rubrique « Beauté mon beau souci » de Marianne. C’est dans ce titre qu’elle publiera en feuilleton La Chatte, illustrée de photographies de Germaine Krull (12 avril - 7 juin 1933) et Mes apprentissages, ce que Claudine n’a pas dit (16 octobre - 18 décembre 1935).

Colette, Agence Mondial

En 1933, son activité journalistique est beaucoup plus soutenue. Après la mort de Gaston de Pawlowski, elle reprend le 8 octobre 1933 la critique dramatique dans Le Journal  et ce pendant 5 ans, avec plus de 250 comptes rendus. Elle y parle de Claudel, Lorca, Jouvet, Barrault, Madeleine Renaud ou Arletty. Elle y fait aussi des reportages, en particulier celui de la traversée inaugurale du Normandie et de son séjour à New-York.
 

Les années de guerre et d’occupation

À partir d’août 1938, elle donne quelques textes à Marie-Claire, fondé l’année précédente : des chroniques, une nouvelle, et des réponses au « Courrier de Marie-Claire » entre le 27 janvier 1939 et le 11 août 1939, en compagnie de Léon-Paul Fargue ou d’André Maurois. Elle est surtout l’invitée du n°100, « fait par Colette » : « Pourquoi je les aime », « La chatte », « Je suis bien chez moi, et vous ? » et « J’aime être gourmande ».

L’année suivante, un numéro Colette vous parle contient sept articles : « Jeunes femmes d’aujourd’hui, Colette vous parle », « Je suis restée une paysanne… », « Colette vous parle d’amour » ou « L’amour filial, Sido et moi ».
 

Le Petit Parisien, 5 décembre 1940
 

En 1938 et 1939 elle donne à Paris-Soir des comptes rendus de théâtre, de procès, une rubrique « Une femme parmi les femmes » puis « Femmes parmi les autres » et de nombreux textes sur la vie en temps de guerre : « Mon premier abri », « On ne dirait pas que c’est la guerre ici… » ou « Ce secret que la guerre en chacun d’entre nous a libéré… ».

 

À partir du 8 octobre 1940, elle écrit dans Le Petit Parisien, pétainiste et collaborationniste, qui annonce sa reparution à Paris. Dans un article hebdomadaire, elle parle aux femmes du froid, des restrictions ou de théâtre. Elle s’interrompt fin novembre et Maurice Goudeket, son dernier mari, est arrêté peu de temps après. Elle reprendra sa chronique le 9 mars 1942 jusqu’au 26 juin 1942.

Pendant l'été 1942, elle écrit un peu dans Comœdia : « A propos d’un ballet » sur Francis Poulenc (qui lui répond dans le numéro suivant), « Je me souviens… » et sur Noël. À la suite de son article « Ma Bourgogne pauvre », publié dans La Gerbe d’Alphonse de Châteaubriand le 26 novembre 1942, Les Lettres françaises dénonce la manipulation de Colette par l’hebdomadaire hitlérien : « Et il est douloureux de voir le nom jusque là respecté de COLETTE servir à une telle besogne ». Après la guerre, son activité journalistique est plus réduite.

Colette et Jean Cocteau au Palais-Royal

Le 18 avril 1941, Les Nouveaux Temps insiste encore une fois sur sa capacité de travail. Elle a le goût de la forme courte, souvent besoin d’argent et éparpille dans toutes ces publications une sorte de journal fragmenté. Ses articles se rapprochent tantôt de la fiction, tantôt de l’autobiographie, dans des chroniques qui parlent de plus en plus aux lecteurs, et surtout aux femmes. Elle considérait ses articles comme une partie de son œuvre littéraire et elle les publia pour la plupart en recueil.
 

Pour aller plus loin :

Voir la bibliographie "Les écrivains et la presse"
 

Commentaires

Soumis par GIRAUDET le 04/03/2018

Voir Miscellanées, l'ouvrage de Françoise GIRAUDET, sur le site : http://livre-polaire.pagesperso-orange.fr/

On connaissait l'abondance des photographies représentant l'écrivaine ; on ignorait celle des croquis, dessins, caricatures et tableaux. L'intérêt du travail que nous proposons dans Miscellanées, consiste en une étude sur les relations entre l'image (la représentation) et les images (les supports iconographiques), ces dernières, parfois détournées, jouant le rôle de catalyseurs pour la reconnaissance voire la glorification de l'écrivaine, rarement le rejet. Il s'agit de replacer ces dessins dans le contexte biographique tout autant qu'esthétique, sans frontières étanches. Le présent ouvrage rassemble ce qui était épars pour en faire un objet esthétique, un médiateur pour retourner à l'œuvre colettienne et atteindre une vérité subtile moins évidente. Colette fut l'amie des peintres et l'on peut relire à ce sujet quelques pages de Paris de ma fenêtre où elle raconte avoir fréquenté divers ateliers. Il convenait de donner de la visibilité à ces artistes et dessinateurs.

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