Les traîneaux
Tirés par des chevaux, des chiens, des rennes ou mus par la force de l'homme, les traîneaux sont la plus sûre façon de se déplacer et d'emporter toutes sortes de marchandises dans les contrées enneigées.
Le traîneau ou claie est le premier des véhicules, initialement équipé de rouleaux puis de patins."Simple, glissant facilement sur tous les terrains et pouvant servir même dans les pays de montagnes" comme le rappelle Daniel Ramée en 1856 dans La Locomotion, il est surtout mis en mouvement par la force humaine. Sa première fonction est de faire se déplacer des charges lourdes. Les bâtisseurs des pyramides d'Egypte utilisent des traîneaux pour monter les matériaux nécessaires à la construction en glissant le long de rampes. Dans son Histoire de l'art dans l'Antiquité, Georges Perrot décrit le bas-relief d'un hypogée de la douzième dynastie, sur lequel "cent soixante-douze hommes, disposés deux à deux sur quatre rangs tirent avec des câbles le traîneau sur lequel on a fixé la statue." Enfin, le Génie civil consacre son numéro du 17 août 1912 aux techniques de la construction égyptienne antique et aux traîneaux utilisés pour le transport des blocs de pierre.
Le traîneau est également très répandu dans les mines, dès l'époque médiévale, pour le transport des minerais, ce qu'illustrent les gravures du Re metallica d'Agricola (1494-1555). Il permet parfois simplement de descendre dans les galeries comme le décrit en 1824 Léonce Elie de Beaumont dans Coup d'oeil sur les mines.
On descend dans certaines mines (…) au moyen de rampes. Il y a de ces rampes qui ont plus de 30° de pente et ne peuvent servir qu'à glisser sur des espèces de traîneaux, dont on diminue à son gré la vitesse, en se retenant à une corde solidement attachée en haut de la rampe.
Le traîneau est alors en bois simple et circule souvent sur des voies aménagées avec des rondins de bois pour en faciliter le mouvement. Les patins sont parfois recouverts de fer grâce au développement de la métallurgie. Avec l'invention et le perfectionnement des véhicules à roues, le traîneau n'est plus employé comme véhicule de transport de marchandises que dans les pays particulièrement enneigés. Le Genie civil décrit ainsi l'usage des jumpers, ou traîneaux destinés au transport du bois dans les forêts canadiennes. Le traîneau est aussi employé pour le déneigement ou le transport de blocs de glace.
Quatre traîneaux attelés en troïka, avec grelots et clochettes et dont les patins grinçaient et criaient sur la neige durcie, défilèrent un à un devant le perron.
Ainsi Tolstoï décrit-il dans Guerre et paix le départ joyeux de Natacha, Sonia, Nicolas, masqués et déguisés, se livrant finalement à une course de traîneaux. Le traîneau est un amusement prisé par la noblesse européenne et à la rapidité des traîneaux se disputent leurs ornements. La Cour de Versailles adopte au 17ème siècle le traîneau pour des promenades ou des courses dans les allées du parc du château ou sur le Grand Canal, courses rapportées par Le Mercure galant. Le comte d'Artois, futur Charles X, dispose de somptueux attelages et traîneaux aux formes d'animaux. De nouveaux modèles sont imaginés par Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), représentant un griffon ou un cygne. A Vienne, des courses de traîneaux sont organisées sur la place du nouveau marché aux farines à la fin du 18ème siècle.
La mode du traîneau et du patinage renaît en France sous le Second Empire. Le Monde illustré du 16 janvier 1864 décrit ainsi ces "plaisirs de l'hiver "pratiqués par la noblesse et l'Empereur au bois de Boulogne "où on a revu les élégants traîneaux, les riches fourrures et les livrées d'hier", tandis que le peuple tente d'imiter ces mêmes plaisirs au bois de Vincennes. Il est encore possible de patiner ou de goûter aux joies du traîneau dans les parcs et bois de la région parisienne dans les années 1930, comme en témoigne cet arrêté réglementant les usages hivernaux du parc de Sceaux de 1936. Les enfants s'emparent également de ce véhicule qui tend alors à se confondre avec la luge.
Le traîneau est également un moyen de transport pour relier des destinations pour lesquelles il n'existe pas de voies de communication, en raison de la topographie ou du climat. Si les protagonistes du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, doivent emprunter un traîneau moins conventionnel, un traîneau à voile pour rallier Omaha, des liaisons régulières de transport de voyageurs de traîneaux, tirés par des chevaux, sont assurées notamment en Russie. Presque allongé, emmitouflé dans de grandes fourrures, le passager peut ainsi atteindre rapidement sa destination. Le Génie civil rappelle en 1910 que ce mode de transport est toujours utilisé y compris dans les grandes villes comme Saint-Pétersbourg, Moscou, Montréal, Québec, Varsovie... Plusieurs essais sont réalisés pour améliorer le mode de traction de ces traîneaux dès le début du 20ème siècle : propulsion à turbine tentée par Henri Coandă en 1910, propulseur aérien présenté par la Science et la Vie, autre système à hélice de Legrain réalisé en 1914, ou traîneaux automobiles, voitures équipées de patins, ancêtres des motoneiges.
L'attelage des traîneaux par des chiens est employé traditionnellement dans les régions de l'Arctique, depuis le nord du Canada, l'Alaska jusqu'en Extrême-Orient russe et au Kamtchatka, permettant de se déplacer et de chasser. Les aventuriers de la ruée vers l'or à la fin du 19ème siècle l'adoptent comme décrit par le roman de Jack London (1876-1916) L'Appel de la forêt, dans lequel l'emblématique Buck, chien de traîneau redevient loup. En 1925, la presse comme le journal l'Eleveur ou la revue les Petits bonhommes, rapportent la traversée du désert glacé de l'Alaska par des attelages de huit chiens de traîneaux, pour livrer à la ville de Nome, durement touchée par une épidémie de dyphtérie, en ampoules de serum. Les tentatives de livraison par avion avaient échouées en raison de la tempête et du froid trop vif. L'utilisation des chiens de traîneaux persiste dans les explorations polaires au 19ème siècle comme au 20ème siècle.
L'attelage de chiens de traîneaux est également une pratique sportive avec courses et concours.
Les attelages de chiens comportent cependant des limites : impossibilité de tirer des charges trop lourdes, difficulté à maintenir une meute et à pourvoir à son alimentation. Les rennes se sont donc avérés des bêtes de trait plus avantageuses, l'animal pouvant trouver sous la neige sa nourriture. Les rennes sont utilisés traditionnellement par les Samis en Laponie, mais aussi au nord de la Russie, en Nouvelle-Zemble. Saint Nicolas est représenté avec un traîneau tiré par un cheval ou un âne. L'image du père Noël se forge pogressivement : désormais, il habite au pôle Nord et utilise comme moyen de transport un traîneau tiré par des rennes. Le Journal Elle précise en 1947 que les petits Suédois prévoient une carotte pour le(s) cervidé(s) la nuit de Noël.
Commentaires
traineaux
Merci beaucoup. très intéressant.
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