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Pasteur et les vers à soie

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18 novembre 2022

Louis Pasteur (1822-1895) est mondialement connu pour ses travaux en microbiologie, sur les vaccins. Mais il a aussi exercé son art dans le domaine vétérinaire, et s’est intéressé aux maladies des vers à soie.

Vers pébrinés ou corpusculeux et vers plats. Œuvres de Pasteur. T4 / réunies par Pasteur Vallery-Radot, 1926

La pébrine des vers à soie

C’est au zoologue Jean-Louis Armand Quatrefage que l’on doit le nom de la maladie des vers à soie, la pébrine (de pébré, poivre en languedocien), maladie héréditaire qui pique le corps des vers comme avec des grains de poivre. En 1863, il fait un rapport au nom de M. Dufour, devant l’Académie des sciences : la pébrine est peu commune en Orient car les sériciculteurs cultivent des mûriers sauvages et recépés alors qu’en Occident, ce sont des mûriers greffés qui sont utilisés ; un changement du mode de culture serait la solution. Mais les années suivantes sont tout aussi catastrophiques et viennent contredire ces conclusions.

En 1865, dans tout le sud de la France, les vers à soie (chenilles du Bombyx du mûrier) continuent d’être malades et meurent en masse. La production a chuté de 26 000 tonnes de cocons à 4 000 tonnes. Malgré tous les efforts des sériciculteurs, dont l’achat de nouvelles graines saines, la dévastation ne peut être stoppée. Tout le sud de l’Europe, de l’Espagne au Caucase, est également touché.

En juin 1865, le sénateur et chimiste Jean-Baptiste Dumas fait un rapport devant le Sénat, suite à une pétition de 3574 sériciculteurs qui demande la mise en place d’une réponse scientifique proportionnée aux dangers relevés depuis plusieurs années. Dumas met en avant le fait que le mûrier n’est nullement la cause de la maladie. Pour trouver une solution, il fait appel à l’un de ses anciens élèves, Louis Pasteur, devenu un de ses collègues et amis. Avec l’appui du ministre de l’Agriculture, M. Béhic, Dumas réussit à le convaincre malgré ses réticences car il ne s’agit pas de son domaine de compétence premier.

Pasteur dans sa magnanerie

Pasteur / Pierre Lemoyne, 1897

Pasteur dans le sud de la France

En juin 1865, Louis Pasteur arrête ses travaux sur les fermentations appliqués aux maladies du vin, du vinaigre et des bières. Il s’installe, avec sa famille et deux de ses proches collaborateurs, dans une maison près d’Alais (Alès), qu’il transforme en magnanerie.

             Habitation du Pont-Gisquet, près d’Alais

 Œuvres de Pasteur. T4 / réunies par Pasteur Vallery-Radot, 1926

Pasteur et son équipe découvrent que la pébrine est due à un parasite, transmissible par hérédité et contagion. Il faut donc se procurer des œufs sains. Pour cela, Pasteur met en place un protocole simple et efficace : ne pouvant examiner chaque œuf, il fait examiner chaque papillon reproducteur ; si, après examen microscopique, le papillon ou son broyat ne présentent pas de traces du parasite, la ponte entière (entre 200 ou 300 œufs) est saine et peut être exploitée.
 

       Examen microscopique. Laboratoire de Pont-Gisquet, près d’Alais

      Études sur la maladie des vers à soie.... Vol. 2 / par M. L. Pasteur, 1870

La flacherie

Malheureusement, la pébrine n’est pas seule responsable des maladies des vers à soie, comme on pouvait le penser alors par erreur. Pasteur montre que les vers à soie sont atteints par une deuxième maladie, la flacherie, qui est due à un autre parasite touchant leur tube digestif et qui dégrade leur nutrition. Le ver s’étiole, devient mou et noircit après la mort.

Ver rendu noir par la flacherie

Œuvres de Pasteur. T4 / réunies par Pasteur Vallery-Radot, 1926   

Pasteur découvre que ce nouveau fléau provient des fortes chaleurs qui règnent à l’intérieur des magnaneries, de l’humidité qui en résulte, de la rosée ou encore des pluies qui mouillent les feuilles des mûriers (nourriture des papillons) et y déposent des poussières. Il conseille aux éleveurs de prendre des mesures drastiques d’hygiène et de propreté, tant dans les magnaneries que pour les arbres. Il leur demande aussi d’observer la vigueur des papillons au moment du tissage de leurs cocons, et de détruire ceux qui se montrent lents, en plus de ceux qui deviennent mous.

Ces cinq années d’efforts ont affecté la santé de Pasteur. En effet, il s’est enfermé avec les vers à soie dans des serres fortement chauffées à température constante. En octobre 1868, il est frappé d’hémiplégie, avec une hémorragie cérébrale. Fort heureusement, le mal régresse dès le début de 1869 (il gardera une gêne à mouvoir le bras et la jambe du côté gauche). Il peut achever son œuvre sur les vers à soie et, en 1870, paraissent ses Études sur la maladie des vers à soie        

Pasteur en 1878

   Correspondance de Pasteur, 1840-1895. 3 / réunie et annotée par Pasteur Vallery-Radot,...,1940-1951

Louis Pasteur retourne à ses autres études sur les microbes, travaux qui seront décisifs pour le monde scientifique, dans l’élaboration notamment de vaccins pour les animaux d’élevage ou les êtres humains, dont celui de la rage.

Pour aller plus loin

Cycle de billets Gallica réalisé à l’occasion du Bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur
Site du Bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur

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