Le magazine Rustica est fondé en 1928 par les éditions de Montsouris et Charles-Marie Huon de Penanster, dont le grand-père, député monarchiste des Côtes-du-Nord, a fondé en 1880 Le petit écho de la mode, journal féminin s'inscrivant dans les valeurs morales et éducatives du catholicisme social..
Jardinage, basse-cour, chasse et pêche, élevage, sports, bricolage, T.S.F., romans, seront les thématiques de Rustica, la « revue universelle de la campagne ». La BnF a complété récemment la collection du titre accessible dans Gallica avec les années 1936-1938, numérisées en couleurs.
Les lectrices du
Petit écho de la mode découvrent le 18 mars 1928 l’annonce de la parution d’un nouveau « journal de famille pour les habitants de la campagne », « très utile, mais aussi très amusant ». Un
abonnement préférentiel de 7 francs pour trois mois leur est proposé, afin de leur permettre d’abonner « leurs maris, leurs fils, leurs frères » . En effet si Rustica est un magazine destiné à « toutes les familles habitant la province, la campagne et la banlieue », il s’adresse en premier lieu aux hommes de ces familles et aux agriculteurs.
L’hebdomadaire définit sa ligne éditoriale dans son premier numéro : « rendre la vie plus agréable à la campagne, en y apportant une distraction saine et en y aidant le progrès ».
Que les heures soient plus douces et plus heureuses pour tous ceux qui restent fidèles à notre terre de France, que le travail leur soit de moins en moins pénible grâce au secours de la force électrique et de l'outillage moderne, que leur logis soit de plus en plus confortable et les plaisirs honnêtes de plus en plus à leur portée, tel est le vœu de Rustica.
Comme Le petit écho de la mode, Rustica sera à la fois utile et distrayant, tout en prônant discrètement les valeurs morales traditionnelles de la bourgeoisie catholique bretonne dont sont issus ses fondateurs.
Mieux cultiver la terre
L’alimentation rationnelle du bétail, Rustica 2 février 1936
La culture du chanvre, Rustica, 21 mars 1937
Mille renseignements utiles
Mais Rustica n’est pas un journal
professionnel. Il veut accompagner le lecteur dans toutes ses activités et lui donner « mille renseignements utiles de jardinage, de bricolage, de petit élevage, d’art vétérinaire, de chasse, de pêche », illustrés par des gravures, croquis ou photos.
La culture pratique du fraisier, Rustica, 9 février 1936
Le chevesne à la mouche, Rustica, 4 septembre 1938
Se distraire avec Rustica
Quelques sourires, Rustica, 25 septembre 1938
La femme à la campagne
Le 5 janvier 1930,
Rustica publie la
lettre d’une « abonnée » qui se plaint que la « femme dans la maison, la femme à la ferme, ne tient pas grand place dans le journal ». Elle demande qu’on lui apprenne à rendre sa maison plaisante, soigner ses malades, instruire ses enfants, et surtout, que
Rustica encourage les filles à rester à la campagne, car « la terre ne manque pas seulement de bras, elle manque de cœurs, et le plus sûr moyen de lui garder l’homme, c’est encore de faire la conquête de la femme ! »
C’est le lancement de la rubrique « La femme à la campagne », avec un article sur la
fabrication des petits suisses, ces fromages d’un prix « excessivement élevé comparativement à leur petite taille ». Cette rubrique indiquera par exemple à la mère de famille comment
préparer la dinde de Noël, du choix de la bête vivante à la cuisson en passant par le sacrifice, le nettoyage et le troussage, toutes les utilisations des
boutons et des boutonnières, ou comment
vêtir, distraire et nourrir un malade...
Ainsi Rustica tient la promesse de son premier numéro : « amuser, intéresser, instruire tout le monde, père, mère, fils et filles dans toutes les familles habitant la province, la campagne et la banlieue ».
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