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Le sureau noir

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Symbole magique associé à protection et à la renaissance dans les cultes celtes, le sureau noir s’apprécie en sirop dans la prévention des états grippaux.

Maria Sibylla, Merian, Sureau à fleur blanche fleuri. Histoire des insectes de l'Europe, dessinée d'après nature et expliquée par Marie-Sibille Merian. 1730 BnF, département Arsenal, GR FOL-44 (2)

Récemment classé dans la famille des Adoxacées, il n’est pas rare de retrouver encore le sureau noir (Sambucus nigra) parmi son ancienne famille des Caprifoliacées représentée par les chèvrefeuilles. Les Adoxaceae sont principalement formées par deux genres d’arbustes : Sambucus et Viburnum, ainsi qu’un genre herbacé : Adoxa qui est à l’origine du nom. Le genre Sambucus recense cinq autres espèces, comme le yèble souvent confondu avec le sureau noir et dont les fruits sont toxiques. Dénommé sambuc, prince des ruines, arbre aux fées, ou encore hautbois ou arbre de Juda, son nom latin lui vient du grec sambuké (sambuque en français) et désigne une sorte de flûte fabriquée à partir de tige de sureau évidée.

Leonhart Fuchs, De Historia stirpium commentarii insignes, maximis impensis et vigiliis elaborati, adjectis earundem vivis plusquam quingentis imaginibus nunquam antea, ad naturae imitationem artificiosius effictis et expressis, Leonharto Fuchsio. 1542
BnF, département Arsenal, FOL-S-557

Arbuste à feuilles caduques qui mesure généralement quatre ou cinq mètres, le sureau noir peut atteindre jusqu’à dix mètres de haut et vivre jusqu’à cent ans. Ses feuilles composées de cinq à sept folioles sont malodorantes lorsqu’on les froisse tandis que ses fleurs disposées en corymbe ont un parfum suave et attirent de nombreux pollinisateurs. Les branches de Sambucus nigra sont caractérisées par une moelle blanche très spongieuse appelée médulline  utilisée en horlogerie et dans les laboratoires. Les fruits sont de petites baies noires et rondes qui se consomment notamment en confiture, en sirop, en tarte, et colorent les cheveux en noir. Ils sont très prisés des oiseaux qui participent à la dispersion des graines et à l’expansion de l’espèce par endozoochorie. Le sureau est également l’hôte d’un champignon gélatineux appelé oreille de judas.

Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales : 400 planches coloriées... et un texte explicatif des propriétés des plantes, de leurs usages et applications.... Tome 2. 1891
BnF, département Sciences et techniques, 8-S-7451 (2)

Bien connu de la médecine grecque, le sureau est loué par Hippocrate pour les propriétés diurétiques et purgatives de la seconde écorce de ses tiges. Dioscoride attribue aux feuilles des vertus diurétiques, dépuratives et anti inflammatoires pour soigner les ulcères, la goutte, les brûlures et les morsures de chien. Il conseille la décoction de la racine dans le vin sur les morsures de serpents.

Ḥunayn ibn Isḥāq Abū Zayd al-ʿIbādī, Parties du traité des plantes de Dioscoride. 1101-1200.
BnF, département des Manuscrits, Arabe 2850

Plus connu pour son utilisation empirique contre les rhumes, le sirop de baies de sureau noir est antioxydant (encore plus puissant que le myrtillier), considéré comme un antiviral qui soutient et renforce le système immunitaire. Ses fleurs sont sudorifiques, fébrifuges et émollientes, favorisant l’élimination des excès bronchiques et permettant d’adoucir les muqueuses irritées par la toux. L’application de l’infusion de la fleur agit efficacement contre les infections de la peau. Fermentées dans le vin, les fleurs séchées donnent un goût de muscat et permettent à quelques marchands de vin la fabrication d’un faux vin de Frontignan. Elles servent également à parfumer le vinaigre. Le suc de fruits concentré, appelé rob de sureau, est souvent utilisé contre la fièvre mais aussi pour combattre les rhumatismes. Au quotidien, les feuilles sont insectifuges et le bois des rameaux permet la fabrication des mirlitons, des stéthoscopes ou encore des bobines pour les tisserands et bien d’autres petits objets.

 Charles-Louis Gatin, Les arbres, arbustes et arbrisseaux forestiers. 1932
BnF, département Sciences et techniques, 8-S-14587 (1)

Entouré d’un certain mysticisme, le sureau noir, appelé arbre aux fées, est considéré chez les Celtes comme un arbre magique dont le bois creux abrite de nombreux esprits. Les druides confectionnaient des flûtes magiques à partir de ses rameaux, leur permettant de communiquer avec les défunts. La période de la floraison symbolisait la réincarnation des âmes, élevant l’arbre au rang de sacré.

 Aḥmad ibn Yaḥyá bn Faḍl Allâh al-ʿUmarī, Ibn Fal Allāh al-ʿUmarī, Masālik al-abār fī mamālik al-amār. 1301-1400.
BnF, département des Manuscrits, Arabe 2771

On attribue des pouvoirs magiques au sureau noir dans plusieurs superstitions germaniques. La mythologie danoise illustre cette croyance dans le conte d’Andersen intitulé La fée du sureau, où l’arbuste fait figure de génie protégeant la demeure.

Hans Tegner, Les contes d'Andersen.
Bibliothèques de Marseille, 2016-177945

En personnifiant le sureau noir dans son Peter Pan, James Andrew Barry alimente l’empreinte magique autour de l’arbuste et vient rappeler que ce prince des ruines se plaît aux abords des villes et des friches, et se cultive aussi dans les jardins pour ses vertus protectrices au secours des hommes : « Une branche de sureau clopinait sur l’allée et causait avec de jeunes coings » James Matthew Barrie, Piter Pan dans les jardins de Kensington. 1907

 James Matthew Barrie et Arthur Rackham, Piter Pan dans les jardins de Kensington. 1907
BnF/Ville de Paris / Fonds Heure joyeuse, 2013-376494

Pour aller plus loin

B. Bertrand, Sous la protection du sureau, Sengouagnet : Éd. de Terran, 2000
Jardin botantique Henri Gaussen (Université Toulouse III), « Boîte à outils magiques. Le sureau noir », 2020
H.-C. Andersen, « Les contes d'Andersen » (disponible dans Gallica)

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