Les Petites-Maisons
Au Moyen-Age, il n'existe pas de séparation étanche entre individus sensés et insensés. A partir de la Renaissance, on cesse enfin d'attribuer une origine démoniaque aux manifestations de la folie et au XVIe siècle, on commence à enfermer les fous dans des maisons communales ou des institutions religieuses comme celle des Petites-Maisons.
A Paris, l’Assistance publique (actuellement connue sous le sigle AP-HP Assistance publique – hôpitaux de Paris) est née de la fusion de trois institutions charitables :
- la plus ancienne, l’Hôtel-Dieu et ses annexes accueillant les malades et les femmes en couches.
- l’Hôpital général fondé par édit royal en 1636 dans un dessein de grand renfermement des pauvres. Il est composé d’une maison-mère l’Hôpital de la Pitié et de nombreux hospices accueillant les vieillards sans ressources et les infirmes.
- le Grand bureau des pauvres fondé en 1554 qui comme son nom l’indique a pour mission de secourir les indigents.
La Révolution française abolit ces trois institutions et les réunit sous l’entité de : Administration des hôpitaux et hospices civils de Paris.
En 1497, l’Hôpital des Petites-maisons est reconstruit en lieu et place d’une maladrerie dépendant de l’Abbaye de Saint-Germain des Prés. Mais les lépreux s’en échappant pour aller mendier dans les rues, le Parlement décide de sa fermeture en 1544 et ouvre un établissement hors les murs afin d’éviter toute contagion.
Quelques années plus tard, grâce à des généreux donateurs, le Grand bureau des pauvres fait construire en 1564, rue de Sèvres à Paris, l’Hôpital des Petites-Maisons. Il ouvre cet établissement aux indigents, infirmes, teigneux, épileptiques, vieillards sans ressources, quelques vénériens et les insensés - dont le séjour est payant. Les deux organismes sont étroitements liés.
Le nom de Petites-Maisons vient de ce que l'établissement est composé de petites maisons basses : on enferme chaque fou dans une pièce grillagée avec des barreaux en fer. Il y a 48 loges destinées à cet usage. Seuls les aliénés disposant d’un certificat médical attestant de leur incurabilité y sont admis. Mais au préalable, avant de les enfermer, on les envoie en cure à l’Hôtel-Dieu (saignées, purges, hydrothérapie). AntoineTenon dans son Mémoire sur les hôpitaux tient des statistiques sur les fous et folles furieux : on en compte 44 aux Petites-Maisons en 1788. La vocation de l'Hôpital à accueillir les fous va entrer dans le langage usuel avec l'expression familière "digne des Petites-Maisons".
En 1801, l'établissement change de nom et devient l’Hospice des Ménages, en référence aux couples de vieillards qu'il abrite. En 1802, il est transformé définitivement en maison de retraite et on décide de transfèrer les aliénés vers les hospices de Bicêtre (pour les hommes) et la Salpêtrière (pour les femmes).
Ajouter un commentaire