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Tour de France 2022 de Gallica - Étape 13 : du Bourg-d’Oisans à Saint-Etienne, Manufrance

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15 juillet 2022

Le Tour passe par Saint-Etienne, l’occasion pour Gallica de se pencher sur la Manufacture des armes et des cycles, entreprise stéphanoise, célèbre pour son catalogue de vente par correspondance mais aussi pour sa marque de cycles, l’Hirondelle.

Les Bicyclettes Hirondelle, affiche publicitaire, 1899

A l’origine de la saga Manufrance se trouve une petite affaire de vente d’armes pour les chasseurs, que rachètent en 1885 Etienne Mimard et Pierre Blachon. Rapidement un atelier de fabrication est monté et l’entreprise formée prend le nom de Manufacture des armes de Saint-Etienne. Elle propose des fusils de chasse, dont «  l’Ideal » (1887), un fusil hammerless (sans chien apparent), qui rencontre un grand succès lors de l’Exposition universelle de 1889.

L'Ideal dans le "Tarif-Abum" de 1897

L’entreprise s'intéresse ensuite aux cycles. Une partie des cycles proposés à la vente est achetée en Angleterre ou en France auprès des constructeurs comme Clément et Darracq. En 1887, une première bicyclette baptisée « la Superbe » est fabriquée dans l’atelier de la Manufacture. Plusieurs modèles sont par la suite fabriqués sous la marque de l’entreprise, « L’Hirondelle » : des bicycles, des tandems, des tricycles, des triporteurs, des modèles pour enfants ou des modèles de courses, selon l'évolution des modes et de l'essor du cyclisme. 6000 à 12 000 cycles sont produits par an entre 1900 et 1914. Une gamme variée d'accessoires est également disponible : des sacoches ou des vêtements de pluie pour vélocipédistes. Les pièces des cycles - particulièrement les pédaliers - sont standardisées et interchangeables d'un modèle à l'autre. La Manufacture, devenue Manufacture française d'armes et de cycles de Saint-Etienne, s'équipe d'ateliers de test de contrôle qualité ; elle propose également un service de réparation et prodigue, par l'intermédiaire de son catalogue de vente, de très nombreux conseils d'entretien et d'utilisation des cycles.

« Tarif-Album » de 1890 de 1894de 1897 et de 1924

Les cycles sont fabriqués dans de vastes ateliers : une organisation scientifique du travail se met en place dès 1904 touchant à la fois la fabrication mais aussi les fonctions administratives. La Manufacture met en scène ses espaces de production dans ses catalogues : fabrication des cadres de bicyclettes ou bureaux « à l'américaine » avec plus de 1000 employés et 300 dactylographes dans un espace ouvert. La gestion du personnel - 5000 ouvriers en 1900 - est paternaliste et moraliste : si l'entreprise propose un système de crèche pour les enfants des employés, des réfectoires ou des salles de repos, elle n'en n'exerce pas moins une censure à l'embauche contre les candidats aux potentielles activités militantes. En 1937, une importante grève dure 100 jours.

Tarif- Album, 1924

A la fin du 19e siècle, la Manufacture est une entreprise florissante qui a besoin de nouveaux espaces. L'architecte Léon Lamaizière réalise, en 1894, de nouveaux bâtiments d'usine le long du cours Fauriel. Un véritable « palais industriel » est édifié sur près de 12 000 m2, qui  comprend le hall de vente avec verrières, les nombreux ateliers de production et les bureaux. L'usine est en partie électrifiée.

La Manufacture en 1890, les nouveaux bâtiments (1925)

Dès son origine, la Manufacture propose un catalogue de vente, le « Tarif-Album », consacré  aux seuls articles de chasse. A partir de 1889, le « Tarif-Album », dont le tirage passe de  20 000 à 300 000 exemplaires, est diffusé sur tout le territoire et même à l'étranger. Le catalogue s'enrichit de nouvelles références : des cycles, des articles de pêche, des machines à écrire sous la marque Typo, des machines à coudre sous la marque Omnia, des accessoires de sport ou du matériel agricole... Le « Tarif-Album » de 1925 compte 600 pages et comporte plus de 10 grandes rubriques différentes, comme illustré ci-dessous. Le lien à la chasse reste clairement marqué dans les illustrations choisies pour marquer le changement de rubriques. Si le « Tarif-Album » est payant, il reste envoyé gratuitement aux chasseurs. La Manufacture s'est aussi lancée, en 1885, dans l'édition d'une revue spécialisée, le Chasseur français. Les deux publications, le journal et le catalogue, font régulièrement de la publicité croisée, l'un vers l'autre.

Tarif-Album de 1925

L'achat des articles proposés par la Manufacture peut se faire sur place à Saint-Etienne ou dans des Maisons de vente, implantées à Paris, Marseille, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Nantes, Lille ou Nancy.  Mais la majorité des commandes provient de la vente à distance. La Manufacture indique en recevoir 6000 par jour, envoyées par courrier. Pour faciliter l'envoi postal, des étiquettes à coller, avec adresse pré-remplie, sont proposées dans le catalogue. La livraison est à retirer à la gare ou au bureau de poste.

Etiquettes-adresses, 1925

 Circuit du colis, 1925

En 1911, la Manufacture des armes et des cycles de Saint-Etienne adopte un nouveau nom commercial, Manufrance.
Etienne Mimard céde par testament, en 1944, 50% des parts de l'entreprise à la municipalité de Saint-Etienne. Manufrance poursuit son essor jusque dans les années 1970 où elle est fortement touchée par la crise, avant de renaître à la fin des années 1980.

Pour en savoir plus :

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Sur le blog de Gallica : Histoire de la machine à écrire
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Pour en savoir plus :

Bernard Bacher, Jean-François Brun, Éric Perrin, La manufacture d'armes de Saint-Étienne : la révolution des machines, 1850-1870 Saint-Étienne ; Ville de Saint-Étienne : Musée d'art et d'industrie. 2007

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