L’Oréal bulletin, un journal d’entreprise pour les coiffeurs
À l'occasion de l'exposition Paris 1924, la publicité dans la ville présentée à la bibliothèque Forney du mardi 28 mai au samedi 28 septembre 2024, nous republions deux billets consacrés à la promotion des produits L'Oréal au début du XXe siècle. Ce premier billet concerne le magazine L'Oréal bulletin, magazine d'entreprise destiné aux professionnels.
L'Oréal bulletin. Revue technique mensuelle dédiée aux clients de l'Oréal, septembre 1923
Créé par la société L’Oréal en 1923 pour aider à la diffusion de ses teintures pour cheveux, L’Oréal bulletin est un des premiers magazines d’entreprise lancé en France. Le 14 novembre 1907, le jeune chimiste Eugène Schueller dépose une demande de brevet pour une teinture pour cheveux et poils. Il fonde en 1909 la Société française de teintures inoffensives pour cheveux, qui deviendra la société L’Oréal.
L'alliance avec les coiffeurs
Sous-titré « Revue technique mensuelle dédiée aux clients de L’Oréal », L’Oréal bulletin ne s’adresse pas aux clients des coiffeurs mais aux coiffeurs eux-mêmes, à qui la maison L’Oréal expédie gratuitement son journal. L’idée d’Eugène Schueller est de fonder la publicité de son entreprise sur une alliance avec les professionnels qui utilisent et diffusent ses produits.
L’Oréal bulletin leur donne des conseils techniques sur l’utilisation des produits, mais aussi sur les moyens de convaincre la clientèle d’essayer ces produits.
Campagnes publicitaires
Un des leitmotivs de L’Oréal bulletin est la rencontre des intérêts de L’Oréal et de ceux des coiffeurs. Chaque numéro s’ouvre sur la reproduction d’une publicité parue dans les journaux, comme ici pour une page entière parue dans L’Illustration, ou là pour des encarts publiés dans les « meilleurs journaux de France » ; les légendes qui commentent ces reproductions : « L’Oréal fait de la publicité pour vous aider à vendre davantage », ou « nos petits clichés de rappels vous aident à vendre ». Des conseils pour mettre au point un « étalage d’Oréal » se concluent par : « Mettez donc de l’Oréal en vitrine : cela "paie" ».
L’Oréal bulletin se défend d’être un organe de publicité auprès des coiffeurs. Il se présente comme « un petit organe technique écrit pour nos clients afin qu’ils retirent de la teinture toutes les ressources possibles ». Le journal reconnaît cependant qu’il peut lui arriver de citer quelquefois les qualités de l’Oréal, « non point par esprit de réclame, mais parce que cela est notre conviction ».
L’Oréal avertit les coiffeurs avant de lancer des campagnes publicitaires en direction du grand public, afin qu'ils puissent en tirer le meilleur parti. En octobre 1923, L’Oréal bulletin présente quelques « types de clichés qui doivent paraître prochainement dans plus de deux cents journaux et revues de plus de vingt-trois pays étrangers », avec ce commentaire : « sa publicité n’est pas seulement la publicité de L’Oréal, elle est aussi la publicité de chaque coiffeur ». Le numéro de janvier 1924 annonce une grande campagne publicitaire d’un million de francs : « jamais marque de teinture n’aura consacré un budget aussi considérable – un million – au profit des coiffeurs ». L’Oréal bulletin rend également compte du succès de ces campagnes, comme dans le numéro d’avril 1924 qui annonce « de belles affaires en perspective pour les coiffeurs qui vendent ou appliquent l’Oréal » ; « dès maintenant, la plupart de nos clients, grâce à notre campagne, enregistrent des chiffres en hausse de 12 à 37% ».
Évolutions
À sa création, L’Oréal bulletin est diffusé à 30 000 exemplaires. En janvier 1924 le journal est édité en italien, espagnol, allemand et tchécoslovaque ; des éditions en anglais et en portugais sont prévues. En janvier 1925, « 40 000 applicateurs l’Oréal, sur les cinq continents, le reçoivent régulièrement ». Désormais le bulletin sera envoyé uniquement sur demande.
1925 est l’année du rajeunissement de la couverture : la naïade qui plongeait sa longue chevelure dans une vasque symbolisant une fontaine de jouvence laisse la place à deux têtes de femmes enserrées dans un médaillon, aux cheveux plus courts : l’une aux cheveux blancs, affligée, l’autre aux cheveux foncés, sûre d’elle. Le graphisme est plus moderne et vigoureux, dans un style qui évoque le progrès industriel.
Voir aussi
Blog Gallica
L’Oréal humoristique, de la publicité amusante au journal humoristique
Sélections Gallica
Sélection Presse et entreprise, dans Presse et revues
Sélection Presse professionnelle, dans Presse et revues
Pour aller plus loin
Exposition Paris 1924, la publicité dans la ville, Bibliothèque Forney, du 28 mai au 28 septembre 2024
Commentaires
Pour plus de précisions
Dommage que vous n'évoquiez pas plus globalement l'intérêt d'Eugène Schueller pour la presse et le paysage éditoriale dans lequel s'inscrit cette publication. Eugène Schueller est également à l'origine de revues grand public, gérées par sa maison d'édition, la Société d'éditions moderne, notamment La Coiffure de Paris, crééé en 1909, dont le supplément La coiffure et les modes, deviendra Votre Beauté.
Merci de ce complément.
Merci de ce complément. En effet Eugène Schueller était aussi un patron de presse. Vous pouvez d'ailleurs consulter La Coiffure de Paris sur Gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34348465w/date).
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