Si le palais du cardinal Mazarin a bien changé depuis le milieu du XVIIe siècle, la Bibliothèque nationale de France conserve en ses murs du site Richelieu quelques souvenirs du prélat. C’est en premier lieu dans la galerie Mazarin, conçue par le cardinal pour abriter ses collections d’œuvres d’art, que l’on trouve les symboles du principal ministre du jeune Louis XIV. Son emblême orne toujours les murs, restitué lors de la restauration de la galerie par Henri Labrouste.
On trouve également
les attributs du cardinal Mazarin dans les plafonds peints de deux anciennes pièces de son palais, réinstallés dans les salles de l’hôtel Tubeuf réaménagé par Michel Roux-Spitz au milieu du XX
e siècle.
Si les emblêmes de Mazarin demeurent dans les murs, la
Révolution a en revanche effacé les symboles de la couronne de France. Dans la cour d’honneur, les fleurs de lys qui ornaient le fronton du pavillon central édifié par Robert de Cotte au XVIII
e siècle
ont laissé la place au XIXe siècle à l’allégorie de
la Science servie par des génies par Charles Degeorge.
Le XIX
e siècle se démarque particulièrement par le choix des allégories comme décor, telles que les cariatides que
Labrouste utilise au pied de l’escalier du grand hall, ou au fond de la
salle de lecture des imprimés, à l’entrée du magasin central. L’architecte insère également des portraits d’auteurs classiques et modernes
en médaillons sur tout le pourtour de la salle, insistant sur sa dimension de "temple du savoir".
Le successeur de Labrouste, Jean-Louis Pascal, fait quant à lui placer à l'angle des nouveaux bâtiments côté rue Vivienne une horloge encastrée dans un bas-relief figurant
L'Etude à sa table de travail entre la veille et le sommeil, réalisée par
Louis Ernest Barrias en 1903. Il la fait surmonter d'une
lucarne ornée d’une chouette, et, au-dessous, un coq chantant aux ailes déployés, incarnant la jeune république. Ces deux animaux figurant le jour et la nuit encadrent symboliquement le temps qui passe.
Du côté du jardin, le
nouveau bâtiment abritant le musée des monnaies, médailles et antiques est orné de médaillons comportant les portraits de grands personnages liés à l’histoire de la bibliothèque, tels que
François Ier,
Richelieu, ou
Louis XV, tandis que la
salle Ovale reçoit les noms des grandes villes de l’histoire humaine – Babylone, Ninive, Jérusalem, Washington – et les symboles des grandes disciplines – médecine, arts, ingénierie, etc. -, complétés par des couronnes ornementales en mosaïques. En outre, sous le nouveau porche d'entrée du 58 rue de Richelieu, Pascal
fait placer quatre statues représentant
l'Imprimerie par Labatut, la
Gravure par Hugues, la
Calligraphie par Coutan et la
Numismatique par Becquet.
Les décors figuratifs ou symboliques se font moins nombreux au XX
e siècle :
Michel Roux-Spitz n’ajoutent que quelques bas-reliefs modernes sur les paliers de l’hôtel Tubeuf. Cependant, quoique discrète, l’allégorie de la
République est bien présente au-dessus de l’inscription de la Bibliothèque nationale qui coiffe la porte du 58 rue de Richelieu. Elle est aujourd’hui surmontée du
drapeau tricolore et du drapeau
européen, symboles de l’Etat dont la BnF a pour mission de conserver une part du patrimoine.
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