L'objet
A la fin du XVe siècle, l’invention du jeu de volant en France semble concomitante avec celle des raquettes utilisées par le jeu de paume dont il devient alors une variante. Cependant, jusqu’au XVIIe siècle, on utilise aussi le battoir pour renvoyer le volant.
Le jeu du volant. Source : Recueil de mode [estampes] 1750
Au XVIe siècle, dans la liste interminable des jeux auxquels Gargantua s’exerçait, Rabelais cite ceux du coquantin et de la griesche : ces noms étaient donnés au volant en fonction de l’oiseau auquel avaient été soustraites les plumes servant à le garnir, en l’occurrence le coq, ou la perdrix grise appelée griesche (ou grièche) . Dans le Lyonnais, on utilisait les plumes noires et blanches des pies et il prend alors le nom de picandeau. Il était aussi connu sous le nom de pilvotiau pour désigner le fait qu’il tourne sur lui-même.
Le jeu du coquantin : d'après une gravure hollandaise du XVIIe siècle.
Au départ, l’objet est extrêmement sommaire, composé d’un bouchon de liège percé de petits trous dans lesquels on insère deux longues plumes. Le volant se compose aussi parfois d'une demi-balle remplie de son. Il est donc confectionné à la maison. Puis progressivement sous Louis XIV, il se sophistique et en 1888 il est décrit comme surmonté d’une couronne de plumes colorées et uniformes.
Lorsque nous jouons au volant, nous goustons des plaisirs sans nombre..: estampe; 17..
A partir de là, il devient un objet d'artisanat spécialisé en bimbeloterie, c’est-à-dire l’activité consistant en la fabrication ou la commercialisation de petits objets décoratifs ou utilitaires, souvent de faible valeur. Les fabriquants de volants appartiennent à la catégorie des bimbelotiers.
L’objet était ensuite vendu par des merciers : profession subdivisée en vingt classes tant leur fonds de commerce était éclectique. On pouvait s'en procurer chez les papetiers, mais aussi auprès des petits merciers /colporteurs.
La gouvernante : [estampe] peint par Chardin,gravé par Lépicié,1739.
Le jeu du volant
Le jeu en lui-même usait rapidement cet accessoire et il fallait en prévoir un renouvellement important au cours d'une seule partie. Ce budget pas si anodin à la longue explique que le jeu se pratiquait exclusivement dans les milieux aisés.
Le Bon genre n°11 : le Volant, 1827.
Du fait de ses figures très aériennes et moins violentes que le jeu de la paume, il devient progressivement une activité plutôt réservée aux jeunes filles. Dans l'estampe ci-dessus, coiffées à la mode du Directoire, à la Titus ou à la Grecque, ces jeunes filles portent des vêtements élégants mais inappropriés : la traîne qu'elles doivent remonter sur leur bras entrave leur course.
Faussement simple, le jeu requiert en réalité beaucoup d’adresse :
Il faut bien recevoir le volant, ne jamais le laisser tomber, ou le relever adroitement. Il faut que le corps et la main ne changent pas pour ainsi dire de place ; que le volant soit tenu à peu de hauteur horizontalement, les raquettes à peu près droites, et le mouvement du bras très-doux.
On peut de cette manière faire des parties de deux à trois cents coups, et en compter jusqu'à mille.
Même si un dictionnaire de jeux spécifie que c’est une activité de plein air, les plus audacieux et rompus à l’exercice s’y essayaient à l’intérieur des salons parisiens vers 1824 :
Depuis quelques semaines, on a repris le jeu du volant dans les salons, on y joue des heures entières, le soir aux bougies. Mais il faut des étages élevés et les petits ménages, qui veulent imiter les grands, jouent de côté, ce qui rend le jeu plus difficile et moins amusant.
Peu à peu, la mode du jeu du volant disparaît même s’il renait en Angleterre sous le nom de Badminton.
Pour aller plus loin :
Blllet de blog Gallica Le Badminton en images
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