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Le croup : une maladie foudroyante

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10 mai 2023

Au XVIIIe siècle apparaît une nouvelle maladie appelée croup. Décimant les jeunes générations et leur entourage immédiat, elle génère une véritable psychose chez les parents et devient un thème récurrent dans la littérature contemporaine.

Le croup en 1904. Gravure de Georges Chicotot. Coll. de la BIU Santé

Apparition de la maladie

Dès 1771 il est fait mention d'une  maladie appelée croup – parfois croups – dans l’ouvrage d’un médecin anglais. Il s’agit d’un mal extrêmement contagieux qui, au  milieu du XIXe siècle, connaît un pic comme en témoigne ce mémoire. Ce nom bizarre provient du verbe anglais to croup qui signifie hennir ou crier comme un cheval, sans doute par référence à un des symptômes : une toux aboyante. Les symptômes du croup sont impressionnants puisqu’on peut voir apparaître dans le larynx des fausses membranes qui sont susceptibles d’étouffer le malade en obstruant sa respiration. C’est pourquoi on multiplie les conférences et les ouvrages prodiguant des conseils aux mères sur la conduite à tenir.

Le croup guéri par le docteur Roux / dessin de Lionel Royer, 1894

Effet de panique

De fait, l’extrême contagiosité du mal crée un effet de panique et le corps médical se voit contraint de calmer la population en distinguant le vrai du faux croup  d'origine virale et plus béninDès 1826 le docteur Pierre Bretonneau (1778-1862), professeur et médecin en chef de l’hôpital de Tours introduit le terme d’angine diphtérique (diphtera, la membrane en grec) et préconise la trachéotomie en dernier recours : on pratique une ouverture de manière chirurgicale dans la trachée haute sous le larynx.

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  Sujet de prédilection pour les poètes

La littérature contemporaine est le reflet de la peur qu’inspire cette maladie. Au XIXe siècle, le croup devient un sujet de prédilection pour les poètes qui y voient le thème mélodramatique par excellence : Plaintes  de C. Courtin ou bien Sonnets de Achille MillienJoies et misères de Jules Rouquette ou le Parnasse jusqu’à leur illustre confrère Victor Hugo dans les Contemplations :

Un jour - nous avons tous de ces dates funèbres ! -
Le croup, monstre hideux, épervier des ténèbres,
Sur la blanche maison brusquement s’abattit,
Horrible, et,  se ruant sur le pauvre petit,
Le saisit à la gorge ; ô noire maladie !
De l’air par qui l’on vit sinistre perfidie !
Qui n’a vu se débattre, hélas, ces doux enfants
Qu’étreint le croup féroce en ses doigts étouffants !

Le Croup : dessin de P.A. Kauffman. Collections de la BIU Santé

Mais aussi pour les feuilletonistes

Concurremment, dans les romans populaires contemporains paraissant sous forme de feuilletons dans les journaux, les écrivains mettent en scène, sans lésiner sur les effets dramatiques, la détresse qui étreint la mère ou le père lorsqu’il se rend compte que son enfant a contracté le croup : L’Enfant du fantôme ou comme Madame Lambelle de Gustave Toudouze :

Pleine de pressentiments sinistres, elle conservait dans son esprit, dans son cœur, dans ses oreilles l’épouvantement de cette voix criant à son mari : « On croit que c’est le croup ! » Elle revoyait l’air soudainement glacé du docteur…

C’est donc un soulagement général qui accueille en 1894 un traitement préventif : la découverte par le sous-directeur de l’Institut Pasteur, le docteur Emile Roux (1853-1933) d’un sérum qui immunise désormais la population. 
 

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