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La tuberculose pulmonaire

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La tuberculose est une maladie très ancienne qui semble avoir toujours infecté le genre humain sous des manifestations diverses. Elle devient la première cause de mortalité au XIXe siècle. Nous nous intéresserons plus particulièrement dans ce billet à la tuberculose pulmonaire, d'abord connue sous le nom de phtisie.

Allons tous à la consultation / dessinateur Alice Dick Dumas. American national Red Cross, 1918

Une maladie protéiforme

La tuberculose peut s’attaquer aux  poumons (phtisie), aux os (maladie de Pott), aux articulations, aux ganglions (écrouelles), à la peau (scrofules), ces différentes formes pouvant parfois se combiner.  En 1834 apparaît le terme de tuberculose pulmonaire, en référence à la présence de tubercules (du latin tuberculus désignant une excroissance pathologique)  ; auparavant on parle de phtisie, également connue sous le nom de consomption car l’individu semble se consumer de l’intérieur.
Au XVIIIe siècle, les médecins, impuissants devant  la peste blanche, ne manquent pas d’idées  pour expulser les humeurs qui encombrent les poumons : saignées, vomitifs, purgatifs, activités provoquant des mouvements (équitation, navigation, voyages).

Une maladie sociale 

A l’aube du XXe siècle, il importe de lutter contre l’insalubrité qui règne dans les taudis où vivent les familles d’ouvriers. En effet, les îlots urbains sont des foyers où couve la grande faucheuse : l’air y est particulièrement pollué du fait de l’utilisation du charbon comme moyen de chauffage. Sous-alimentés, les ouvriers sont aussi exposés à une atmosphère chargée de poussières dans les ateliers. Les médecins pointent aussi l’alcoolisme qui incite à séjourner dans les cabarets dont l’air est imprégné par la fumée de cigarettes, ce qui affaiblit les défenses immunitaires des individus. Aux yeux des médecins, il s’agit à l’origine d’une maladie sociale, même si, du fait de la diffusion des bacilles dans l’atmosphère, les classes aisées n’y échappent pas. Dans ce dernier cas, on parle de maladie des petites bonnes.    
 

              

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Une maladie restée longtemps mystérieuse

Pendant longtemps, les symptômes de la phtisie (fièvre, transpiration, amaigrissement général, asthénie, toux, expectorations, crachats de sang, douleurs thoraciques dues à l’irritation de la plèvre) sont attribués à tort à d’autres maladies. Trois médecins vont successivement permettre de théoriser cette pathologie puis de la soigner. Tout d’abord René Laennec (1781-1826) pose les fondements théoriques de l’anatomo-pathologie, spécialité médicale qui consiste à examiner les organes, les tissus ou les cellules, pour repérer et analyser des anomalies liées à une maladie. Son ouvrage De l'auscultation médiate ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du coeur, fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration (1819) permet d’appréhender le processus physiologique de la phtisie. Les médecins auscultent à l’oreille ou au stéthoscope (inventé par Laennec) les altérations sonores de la respiration. Puis grâce aux rayons X découverts en 1895, les radiologues disposent enfin d’une vision précise des poumons. 

En 1865, le médecin militaire  Jean-Antoine Villemin (1827-1892) démontre  l’inoculabilité, autrement dit la contagiosité de la tuberculose pulmonaire,  à l’encontre du principe de sa transmission héréditaire encore en vogue dans le monde médical. Mais il faut attendre le médecin et biologiste allemand Robert Koch (1843-1910) pour isoler en 1882 le bacille éponyme (ou BK). Il ouvre ainsi la voie à la prophylaxie antituberculeuse.

 

Robert Koch dans son laboratoire à Berlin / dessin Marold,
gravure Dochy, 1890 (Musée Pasteur)

La prophylaxie antituberculeuse

Considérant qu'elles s'adressent à un public ignare, les autorités décident d'enseigner les mesures prophylactiques grâce à une campagne de prévention antituberculeuse. La transmission se faisant presqu’exclusivement par voie respiratoire, une hygiène de l’expectoration est essentielle : le crachat à terre, geste très répandu dans les classes populaires, devient  l’ennemi numéro un. Au pire, on demande aux récalcitrants d’utiliser un crachoir de poche fermé. On procède systématiquement à la désinfection des lieux fréquentés par les malades (hôtels, wagons, paquebots).  Une distinction s'établit entre la tuberculose ouverte où le patient crache et diffuse ses bacilles et la tuberculose fermée où il n’y a pas de risque de contagion car les microbes sont enfermés dans le corps.                                                                         

Avec le concept de plein air, on arrive au paradoxe que l’environnement joue un rôle essentiel dans l’apparition, la propagation mais aussi la guérison de la tuberculose. Les sanatoriums nouvellement créés vont répondre aux préoccupations hygiénistes de l’époque.

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