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Entre diabolisation et vénération : l'histoire des chats vue par Gallica !

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En cette journée internationale du chat, Gallica met à l’honneur ce petit félin tantôt considéré comme une véritable divinité, tantôt diabolisé et condamné au bûcher. Parmi les animaux domestiques préférés des Français, le chat nourrit abondamment notre imaginaire comme le montrent les nombreux documents disponibles sur Gallica.

 [L'été, chat sur une balustrade] : [estampe] / Steinlen, Théophile Alexandre, 1909

 

N’avez-vous jamais eu le sentiment de « vivre chez votre chat » ? Cette réputation d’indépendance, voire d’indifférence envers ses maîtres (ou ses locataires), n’est pas gratuite : elle a partie liée avec l’histoire des relations entre l’homme et le chat.  

 

 

« Le portrait du chat indépendant, opportuniste mais indifférent est une projection humaine. C’est parce que les hommes l’ont voulu ainsi qu’il vivait avec nous et en même temps à distance » (Interview d’Éric Baratay par Catherine Calvet, Libération)

De la fascination à la haine

D’après le spécialiste des relations entre hommes et animaux Eric Baratay, l’histoire de la domestication du chat est encore incertaine et difficile à retracer.  Si les premiers restes de chats apprivoisés remonteraient à l’ère néolithique, durant laquelle hommes et chats se rendent des services mutuels, la véritable domestication de l’animal surviendrait avec le développement de la culture du blé en Égypte, qu’il importait de protéger des rongeurs, autour de 4000 avant Jésus-Christ. D’abord adjuvant sanitaire, le chat devient l’attribut puis la représentation des divinités égyptiennes et notamment de la déesse Bastet, protectrice du foyer et emblème de la fécondité représentée avec une tête de chat.

 


Bibliothèque Mazarine, ms. 0013, f. 267v

 

 


Armant : bas relief du temple / Dessin de Jomard Edme-François (1798-1809)

 

Alors que les Grecs lui trouvent un caractère exotique, les Romains le voient comme une menace pour les oiseaux qui sont leurs animaux préférés.

 


Petit oiseau dans une cage et un chat qui le regarde : [photographie de presse] / Acmé Newspicture, 1932

 


Chat et merle : [photographie de presse] / Agence Meurisse, 1936

 

La réputation du chat commence alors à se ternir, puis se dégrade brutalement au Moyen-Âge avec le développement du christianisme : le chat associé aux cultes antiques symbolise l’hérésie religieuse.

 


Horae ad usum Rothomagensem, 1401-1500, f.18v

 

Longtemps abhorré et associé à la sorcellerie – en particulier les chats noirs –ils deviennent un signe extérieur d’abondance et de richesse au XVIe siècle avec l’importation de chats de race angora puis siamoise dont la couleur se distingue des chats associés à l’imaginaire médiéval. Les poètes et écrivains participent de cette réintroduction du chat dans le foyer et de sa dédiabolisation.

 


Le Chat d'Angora : [dessin] / De Seve, 1755.

 

Chats siamois dans une exposition en Angleterre (CNews) : [photographie de presse] / [Agence Rol], 1926

 

Epitaphium catelli, Joachim Du Bellay, 1715

 

Dès lors, les représentations de chats se multiplient en peinture et en littérature. Sous la plume de Gautier, Rostand ou encore d’Edgar Poe, le chat noir est réhabilité et donne son nom au célèbre cabaret montmartrois crée par Rodolphe Salis, ainsi qu’à la revue du même nom.
 

 

 
 

Histoires de chats / texte de Alex Coutet ; ill. de Ribet, 1931

 

Au XXe siècle, le chat devient l’animal de prédilection des écrivains et partage la vie des Poilus dans les tranchées, comme l’explique Éric Baratay dans son ouvrage Bêtes des tranchées, vécus oubliés (CNRS Éditions, 2013).
 
 
Excelsior, 1er mai 1916

 

Le Miroir, 27 août 1816

 

Désormais star incontournable d'internet et de la pop culture, le chat séduit pour son côté joueur et interactif qui le rapproche du chien.

 

 « Depuis une dizaine d'années, […] on veut au contraire avoir un chat comme on avait un chien, c'est-à-dire qu'on va demander au chat d'être aussi présent, aussi lié à nous que pouvait l'être un chien de compagnie. » (Éric Baratay dans l’émission « Les têtes chercheuses » sur France Culture)

  • Nejma Omari

    Enseignante et doctorante à l'Université Montpellier 3, Nejma Omari travaille sur les rapports entre presse et littérature au XIXe et XXe siècle.

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