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La Montansier, une vie de théâtres (1) - Les débuts

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8 juillet 2021

Parmi les femmes célèbres dans l’histoire du spectacle, la Montansier (1730-1820) tient une place à part, par son tempérament créatif et sa personnalité hors normes. Son histoire se confond avec celle du théâtre pendant près de soixante années et son parcours, bien qu’exceptionnel, est emblématique de celui des femmes tout à la fois artistes et entrepreneuses de théâtre au XVIIIe siècle. Gallica vous propose de suivre son aventure à travers une série d'articles à retrouver chaque jeudi du mois de juillet.

Le foyer du Théâtre Montansier

La galanterie : un moyen d’ascension sociale
Issues de familles de milieux d’artisans modestes, plus rarement de la ruralité, assez fréquemment « enfants de la balle » descendant de lignées d’artistes, les femmes de théâtre du XVIIIe siècle[1] ont généralement en commun d’avoir emprunté des chemins de vie troubles avant de se réaliser comme chefs d’entreprise et femmes de pouvoir. Le plus souvent entretenues par de riches amants, courtisanes de haut vol, prostituées, parfois mariées à des chefs de troupe ou des directeurs de théâtre, la plupart des grandes figures des entrepreneuses du spectacle ont conquis leur pouvoir de haute lutte dans un contexte difficile et dominé par les hommes.
En ce XVIIIe siècle où la prise de conscience des inégalités qui profitent aux classes dominantes semble se généraliser, en ce siècle dit « des Lumières » qui prône l’émancipation des carcans religieux et des injustices sociales, la femme pourrait être en effet la grande laissée pour compte. Certes, dans les milieux aristocratiques, certaines « tiennent salon », s’entourent des penseurs qui comptent et favorisent ainsi l’essor et la propagation des nouvelles idées. Quelques-unes écrivent, sont artistes peintres, enseignent ou s’illustrent dans des travaux scientifiques. Mais celles-là ont en commun d’être issues de milieux sinon aisés, du moins toujours éduqués.
Pour les femmes du peuple en revanche, le passage obligé pour exister dans la sphère sociale est le mariage, qui conduit à une vie familiale consacrée aux enfants et à leur éducation, à l’ombre de l’époux.
Les femmes réellement indépendantes sont relativement rares : enfants et jeunes adultes, elles sont sous la coupe du père ou du frère ; adultes, sous celle du mari, restant de fait d'éternelles « mineures ». Parfois, la prostitution plus ou moins régulière est le seul moyen pour pouvoir rester autonomes ou tout simplement pour survivre. Dans ce contexte oppressant et rempli de préjugés à l’encontre de la gent féminine, le milieu du spectacle semble faire exception. Il offre en effet aux femmes une ouverture qui leur permet de se réaliser en tant qu’individus sur le plan professionnel et financier.
 

 

C’est en cela que Marguerite Brunet, dite « la Montansier », est emblématique de ces femmes aux mœurs légères qui parviennent à s’extraire de la vie étriquée que leur naissance leur avait prédestinée. Elles sont comédiennes, chanteuses, danseuses, funambules, équilibristes, écuyères... A côté de leur métier, la plupart ont de riches amants réguliers qui les entretiennent et souvent, elles se prostituent aussi occasionnellement. Et si l’enterrement religieux leur est toujours refusé, le monde du spectacle leur offre tout de même la possibilité d’avoir un statut social. Les plus talentueuses parviennent même à subjuguer l’aristocratie comme la bourgeoisie qui, loin de les rejeter, les adulent et les convoitent. Celles qui peuvent allier l’intelligence et l’audace deviennent, à l’instar de Marguerite Brunet, directrices et fondatrices de théâtres, mais aussi cheffes de troupe de comédiens, metteuses en scène ou dramaturges. Et dans tous les cas, femmes de pouvoir.

 

De « la Hermosa » de Bayonne à Mademoiselle Montansier du Palais-Royal

Marguerite est la dernière enfant d’un couple vieillissant. Lorsqu'elle naît, Jacques a 70 ans et Marie, née Capdevielle, déjà la quarantaine. D’origine normande, le père est maître épinglier et son activité est assez prospère. Toutefois, à sa mort en 1735, la famille se retrouve dans le dénuement.
La dernière-née est confiée aux Ursulines, qui donnent aux pauvres les rudiments de l’écriture, du calcul et des exercices pieux mais, guère douée pour les études et la spiritualité, la jeune Marguerite s’oriente vers le métier d’ouvrière dans un atelier. Sa joliesse lui vaut le surnom de « la Hermosa[2] ». Son seul souci semble vouloir séduire et, inquiètes, sa mère et sa marraine décident de l’envoyer à Paris auprès de Hyacinthe Montansier née Brunet, sa tante qui « a réussi » dans la capitale comme modiste. Nous sommes en 1744 et la jeune fille a 14 ans.
Hyacinthe tenait en effet boutique mais, une fois veuve, elle s’était aussi orientée vers le plus vieux métier du monde, auquel elle initiera avec succès sa nièce qui rejoint ainsi les quelques 20 000 prostituées parisiennes « permanentes ». A ce chiffre sont à ajouter toutes les « occasionnelles », de la boutiquière à la chanteuse d’opéra, qui améliorent ainsi leurs revenus (qui demeurent toujours très bas et nettement inférieurs à ceux des hommes).
 

 

Cette période de la vie de la jeune Marguerite est connue grâce aux rapports de police de l’inspecteur Jean-Baptiste Meusnier entre 1713 et 1757. Celui-ci appartient au « Bureau de la discipline des mœurs », créé en 1747, et est connu pour avoir traqué notamment les ecclésiastiques débauchés et dressé nombre de procès-verbaux à l’encontre des prostituées qu’il n’apprécie guère et n’a de cesse de poursuivre. Meusnier relate que, par l’entremise de Hyacinthe, en 1749, Marguerite, désormais installée au Palais Royal, rencontre un Monsieur Hurson, conseiller au Parlement qui devient son amant régulier et qui, très épris, propose à la jeune femme de l’accompagner à la Martinique où il est nommé Intendant. Elle le suit, par goût de l’aventure et parce qu'« on part aux îles pour faire de l’argent ».

La vie du couple est chaotique et les amants finissent par se quitter. Marguerite s’installe alors à Saint-Domingue où elle ouvre une boutique de marchande de mode et un cabaret qui lui permet de gagner de l’argent, grâce notamment à l’embauche de jeunes métisses[3]. En 1753, elle est incarcérée pour « activités illégales » et est contrainte de rentrer en France.
Elle s’embarque pour la métropole en 1754, non sans l’arrière-pensée de poursuivre une carrière de femme galante de haut vol. Déployant déjà ses talents de metteuse en scène et afin de frapper les imaginations et de faire parler d’elle, elle obtient par ses relations de joindre à son escorte deux jeunes laquais noirs (dont la présence était interdite sur le sol de la métropole). Ils portent d’élégantes livrées et transportent une cage avec un perroquet. L’équipage, qui ne passe pas inaperçu, arrive à Paris et s’installe rue du Louvre, non loin du Palais Royal, où la jeune femme avait commencé sa carrière quelques années auparavant.
C’est probablement à cette époque qu’elle décide de prendre le nom de famille de sa tante et devient : « La Montansier ». Elle a vingt-cinq ans ; le climat des îles a altéré sa beauté, mais elle est souriante et son intelligence est vive. Renouant avec d’anciennes relations, elle parvient à attirer quelques riches clients.
De son aventure antillaise, elle a aussi rapporté l’addiction au jeu qui ne la quittera jamais et dans ses rapports, l’inspecteur Meusnier relate : « On doute qu’elle thésaurise, l’éclat qui l’environne est très superficiel. »[4] Les créanciers sont nombreux ; les amants aussi.

Les débuts d’une entrepreneuse de théâtre
La vie insouciante et « au jour le jour » que mène Marguerite dure une dizaine d’années. En 1763, elle fait en effet la rencontre qui va changer le cours de son existence, celle du jeune marquis de Saint-Contest. Monsieur de Sartines, lieutenant général de police entre 1759 et 1774, écrit dans son Journal des inspecteurs : « (…) elle s’est chargée d’enseigner les premiers éléments de la galanterie à Monsieur de Saint-Contest, jeune homme de 18 ans fils de Monsieur de Saint-Contest, ministre des affaire étrangères ».
Comment le théâtre entre-t-il dans la vie de Marguerite ? Est-ce grâce à la fréquentation assidue des spectacles avec son jeune protecteur ? Est-ce par la prise de conscience de son âge qui, à trente-six ans, ne lui laisse guère l’espoir de pouvoir poursuivre une vie de galanterie encore très longue ? Toujours est-il que c’est à cette époque que Marguerite, grâce à l’aide de Saint-Contest, commence sa carrière de comédienne.
Elle sera courte. De ses débuts à Dunkerque, à son engagement durant une saison au théâtre de Nantes, force est de constater qu’une présence certaine sur scène et une bonne capacité à mémoriser les textes ne suffisent pas pour faire d’elle une bonne actrice. Marguerite en est consciente. Il est cependant un aspect positif de ses aventures sur les planches : la courtisane a découvert les coulisses du spectacle et tout l’intéresse, l’éclairage, les costumes, le décor. Elle fait quelques suggestions pertinentes sur la mise en scène et porte de l’intérêt à l’organisation de la troupe des comédiens. L’idée germe en elle de devenir directrice de théâtre et ses débuts dans cette nouvelle activité vont être marqués par son audace, son intelligence et, déjà, ses dons de femme d’affaires.

Est à l’époque « Intendant et contrôleur de l’argenterie, menus plaisirs et affaires de la chambre du roi », Papillon de La Ferté. Il a le pouvoir d’accorder les privilèges pour la direction des théâtres. Il n’apprécie pas celle qu’il appelle « l’aventurière » mais, tanné par Saint-Contest, il finit par accorder le privilège pour le théâtre d’Amiens. De son côté, Marguerite achète le titre de directeur d’une petite troupe qui se produit à Caen et elle avait aussi auparavant jeté son dévolu sur une modeste salle fréquentée par un public populaire, rue Satory, dans le centre de Versailles. Non sans intrigues et une fois de plus grâce à l’intervention de son riche amant, elle parvient à en obtenir la direction. Il ne lui reste plus qu’à se trouver une troupe, ce qui n’est pas simple lorsqu’on n’est pas du milieu saltimbanque. Mais, une fois de plus, elle fait preuve d’audace.
Elle connaît bien le quartier du Palais Royal. Celui-ci, depuis la mort du Régent en 1723, avait à nouveau laissé à Versailles le rôle central de l’activité politique. Seul son jardin était entretenu et ouvert au public. Le tout-Paris s’y retrouvait et les femmes galantes y exerçaient leur commerce. Un café attirait de nombreux clients : le café Touchard, et devant celui-ci se tenait aux alentours de Pâques « le rendez-vous des comédiens de province ». L’année théâtrale courait en effet du lendemain du deuxième dimanche de Pâques, à la veille du dimanche des Rameaux. Les comédiens en fin de contrat se retrouvaient donc pendant la période pascale sous les marronniers du jardin. Ils se promenaient, paradaient, se montraient afin de sortir du lot et d'être engagés par les directeurs de théâtre ou les chefs de troupe.
 

Marguerite se fie à son intuition se laissant parfois attendrir par des comédiens au parcours cabossé et à l’allure misérable. Elle parvient ainsi à rassembler un petit groupe d’histrions, parmi lesquels beaucoup avaient été laissés de côté par les directeurs chevronnés. Sa troupe est disparate, les talents inégaux. Elle existe néanmoins, et la nouvelle directrice dicte ses règles qui sont alors novatrices dans l’univers théâtral : réunions de travail, décisions collectives au sujet notamment du choix du répertoire et obligation pour les acteurs de lire toute la pièce jouée et non seulement de connaître les répliques de leur rôle. La directrice est aussi metteuse en scène, et fait preuve « d’assez d’autorité pour se faire obéir avec bonhomie »[4]. Des représentations sont données dans les trois théâtres qu’elle dirige : Caen, Amiens et Satory. Et le succès est au rendez-vous.
 

 

Femme de pouvoir

Les fonctions de directrice de théâtre que remplit la Montansier ne diffèrent guère de celles des autres femmes qui se sont lancées dans ce genre d’aventure. Elles vont de ville en ville jouant de leurs charmes afin de persuader les autorités locales d’engager leur troupe. La place du théâtre et des spectacles de façon générale est en effet de plus en plus importante. Grâce à l’action du Régent, puis de Louis XV, tous deux amateurs de théâtre, la province avait commencé à prêter une attention grandissante à ces lieux de distraction. Les Villes se mettent à encourager l’installation de salles et de lieux dédiés pouvant accueillir des représentations.
Dans ce contexte, les troupes sont nombreuses et la concurrence est âpre. Les directeurs, intendants et autres régisseurs n’ont de cesse de se déplacer et de démarcher les éventuels employeurs, car les dépenses auxquelles ils doivent faire face sont conséquentes. Aux cachets des comédiens, relativement modestes à l’exception de quelques grands noms jouissant d’une renommée nationale, s’ajoutent les dépenses liées au travail des obscurs et indispensables ouvriers des coulisses : machinistes, décorateurs, copistes, ouvreuses. A ces charges dédiées aux personnels s’ajoutent celles demandées par les instances locales, au titre du privilège ainsi que la célèbre « part du pauvre »[5].  
Grâce à l’assise financière de Saint-Contest, la Montansier peut assurer les représentations en plusieurs villes : entre 1765 et 1768, ce sont les privilèges de plusieurs théâtres de province qu’elle obtient, parmi lesquels Alençon, Angers, Amiens, Le Havre, Le Mans, Lorient, Orléans, Rennes, Saumur, Tours… Son nom commence à circuler mais, innovant par rapport à ses congénères, elle délègue sur place ses fonctions à un régisseur, préférant rester à Paris, centre de la vie théâtrale et lieu de toutes les intrigues. Elle demande des rapports mensuels concernant les dépenses et les recettes à son délégué local, réglant à distance et d’une main de maître tous les problèmes.
La fonction de directeur de théâtre se confond à l’époque avec celle d’entrepreneur et fréquemment avec celle de chef de troupe. Déléguer assure à Marguerite la possibilité de régner sur un grand nombre de théâtres, dont elle n’aurait pas pu avoir le contrôle en gardant seule la direction. Elle procède tout de même à des déplacements assez fréquents ; pour se rendre dans ses salles provinciales et pour « rentabiliser » le temps passé dans ses voyages, elle se fait installer dans sa voiture une table d’où elle rédige contrats et courriers.

Son empire théâtral s’accroît et sa réputation de femme dure en affaires aussi. Mais loin de se contenter de régner sur de nombreuses salles de province et d’être devenue richissime, elle poursuit un projet ambitieux : celui de conquérir Versailles. C’est en 1768 que son projet commence à se concrétiser[6]. Elle obtient en effet le titre de « Directrice des spectacles à la suite de la cour ». La fonction implique la direction de la « salle de comédie publique » sise à Versailles, ainsi que le privilège exclusif de donner des représentations dans toutes les résidences royales, dès lors que la cour est présente en leurs murs.  
Une fois de plus, le succès est au rendez-vous, car ses choix artistiques en matière de répertoire s’avèrent être excellents[7]. Elle sait devancer les goûts du public, tant dans le domaine de la tragédie que de l’opéra-comique, de l’opéra et de la musique instrumentale. A ce goût artistique intuitif, elle conjugue la pertinence du choix des artistes de sa troupe qui, souvent talentueux, savent aussi charmer, ainsi qu’une gestion financière attentive.
 

Rendez-vous jeudi prochain sur le blog Gallica pour découvrir la suite de cet article
 
[1] Parmi les grandes entrepreneuses de théâtre connues du XVIIIe et du début du XIXe, citons : Catherine Vondrebeck (1678-1736), fondatrice de l’Opéra-comique ; Justine Favart (1727-1772), actrice, musicienne et dramaturge ; Madame Destouches-Lobreau (✝1783), directrice du théâtre de Lyon ; Madame Nicolet (1743-1817) et sa fille Alexandrine Bourguignon (1774-1825), directrices du Théâtre de la Gaîté ; Mademoiselle Raucourt (1756-1815), actrice, fondatrice du théâtre Louvois et dramaturge ; Madame Saqui (1786-1866), danseuse de corde, directrice de tournées et fondatrice du Théâtre de Madame Saqui.
[2] « La Belle » en espagnol comme en béarnais.
[3] Selon la biographie de Patricia Bouchenot-Déchin, elle se serait aussi lancée dans le commerce de jeunes esclaves.
[4] La Montansier, biographie par Dicta Dimitriadis, 1995.
[5] Taxe versée à l’Eglise pour les soins des miséreux en croissance exponentielle en ce XVIIIe siècle, accueillis et soignés dans les hospices et hôpitaux gérés par les religieux.
[6] La biographe Patricia Déchin-Bouchenot émet l’hypothèse d’une accaparation possible de la Montansier dès 1763, par l’entremise d’« hommes de paille ».
[7] Marguerite fait « entrer » à Versailles le répertoire léger et populaire déjà très en vogue dans les théâtres des foires et du naissant boulevard du théâtre.

 

Références bibliographiques :

Bouchenot-Déchin, Patricia (1963-....)  : La Montansier : de Versailles au Palais-Royal : une femme d'affaires. Paris : Perrin, 1993
Lecomte, Louis-Henry (1844-1914) : La Montansier : ses aventures, ses entreprises (1730-1820). Paris : F. Juven, 1905
Dimitriadis, Dicta, La Montansier : biographie, Mercure de France, 1995, 792.028 092 MON Dim
Goncourt, Edmond de (1822-1896) et Goncourt, Jules de (1830-1870) : Histoire de la société française pendant le Directoire, 2e édition : Paris : E.Dentu, 1855
Goncourt, Edmond de (1822-1896) et Goncourt, Jules de (1830-1870) : La Femme au dix-huitième siècle : Paris, F. Didot frères, fils et Cie, 1862
Benabou, Erica-Marie (1935-1985) : La Prostitution et la police des mœurs au XVIIIe siècle, présentation par Pierre Goubert : Paris : Perrin, 1987
Fuchs, Max (1876-1949) : La Vie théâtrale en province au XVIIIe siècle : personnel et répertoire, Éd. du CNRS, 1986, 792.028 09 FUC vie
Le théâtre Montansier : [exposition, Versailles, Archives communales, 16 septembre-2 décembre 2017], sous la direction de Pierre-Hippolyte Pénet, 4-W-10464

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