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Madame de Lambert : un salon dans la Bibliothèque du roi

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6 mai 2021

Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.

Le salon de Madame de Lambert, vue d'artiste par Godard & Aubert, 1846.

Si les Lumières se sont illustrées à travers de grands noms d’hommes tels que Voltaire, Montesquieu, ou Diderot, ces derniers durent beaucoup aux femmes du XVIIIe siècle qui assurèrent leur protection – à l’instar de Madame de Pompadour – ou qui leur ouvrirent leurs salons.
 

L’un des salons parisiens les plus célèbres du début du XVIIIe siècle fut celui d’Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, devenue par son mariage Madame de Lambert, marquise de Saint-Bris.
Mariée à 19 ans, mère de deux enfants, elle devient veuve en 1686, à l’âge de 39 ans. Après plusieurs années de procès avec sa belle-famille pour protéger l’héritage de ses enfants, elle s’installe à partir de 1698 dans l’Hôtel de Nevers, qu’elle loue à son propriétaire Philippe Mancini, neveu et héritier du cardinal Mazarin.
 

En 1710, elle lance son salon littéraire, qui  devient l’antichambre de l’Académie française, comme se plaît à le narrer le marquis d’Argenson dans ses Mémoires : « On était guère reçu à l’Académie que l’on fût présenté chez elle et par elle. Il est certain qu’elle a bien fait la moitié de nos académiciens actuels ».

La décoration du salon est due à Robert de Cotte, architecte du roi à qui l’on doit l’un des premiers agrandissements de la Bibliothèque royale.
 

Madame de Lambert compte parmi ses « protégés » un certain Montesquieu, dont elle soutient la parution des Lettres persanes et dont elle favorise l’élection à l’Académie française. Fontenelle, Fénelon, Marivaux, la baronne de Staal ou encore Madame de Tencin étaient également des habitués de la maison.
 

Loin de se contenter de rassembler les esprits de son temps, la marquise de Lambert prend également la plume à ses heures, s’intéressant notamment aux questions d’éducation. Influencée par l’œuvre de Fénelon, elle rédige en 1726 Avis d'une mère à son fils, puis en 1728 Avis d'une mère à sa fille, rassemblés dans un même ouvrage, qui connut une certaine postérité. On lui doit également des traités sur l’Amitié et sur la Vieillesse, mais aussi des réflexions personnelles sur les femmes, à l'origine non destinées à la publication.
 

Madame de Lambert s’éteint le 12 juillet 1733, à 86 ans. La partie qu’elle occupait dans l’hôtel de Nevers sera dès lors récupérée par la Bibliothèque royale, devenue sa voisine en 1721, et qui manquait cruellement de place.

 

Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.

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