La bruyère
Associée à l’image de la lande, la bruyère paraît bien modeste avec ses petites fleurs colorées. Elle cache pourtant un genre bien plus touffu, à retrouver dans l’herbier de Gallica.
Bruyère est un terme générique regroupant de nombreuses espèces. Il vient du gaulois bruco. La bruyère appartient au genre Erica, terme tiré du verbe grec signifiant briser. En effet, ses rameaux sont cassants, et elle était supposée briser les calculs rénaux. On dénombre plus de 800 espèces différentes, dont 90% proviennent d’Afrique du Sud, région riche de nombreuses espèces endémiques.
Le genre Erica fait partie de la famille des Ericacées comme l’arbousier, le rhododendron, l’airelle, ou la myrtille. La callune ou fausse bruyère est aussi une éricacée mais elle forme à elle seule le genre Calluna, terme venant du grec « kalluno », balayer, car elle servait à fabriquer des balais.
La bruyère se plaît sur les sols siliceux : landes, côtes, friches… Elle forme des massifs d’arbrisseaux mais certaines espèces atteignent la dimension d’arbustes. Le grand tétras ou coq de bruyère vit dans des régions montagneuses ou dans la taïga où la végétation basse est composée de bruyères.
La plante, en se décomposant, donne une terre très légère utilisée pour les plantations : la terre de bruyère, utilisée depuis le 18ème siècle pour les plantes de terre de bruyère. Les horticulteurs se sont intéressés à la bruyère quand des botanistes comme Thunberg ont rapporté de nouvelles espèces d’Afrique du Sud. Ils ont créé des centaines de variétés qui colorent jardins de rocaille et jardins anglais. Plante mellifère, la bruyère donne du miel de bruyère, très épais, laissé aux abeilles pour passer l’hiver.
Quelques espèces ont trouvé des usages pratiques : la bruyère cendrée était utilisée pour traiter les pathologies urinaires. La bruyère à balais (Erica scoparia) servait à fabriquer des balais et des claies brise-vent (brande). Croissant en zone tempérée, elle peut atteindre 3 mètres de haut et sa souche produit des rejets après incendie.
La bruyère en arbre (Erica arborea) peut mesurer jusqu’ à 10 mètres de haut en Corse, et 20 mètres aux Canaries. Elle pousse dans le pourtour méditerranéen et donne un rhizome de 1 kg fournissant un excellent bois de chauffage mais surtout le matériau pour confectionner tabatières, boîtes et fourneaux de pipe, la fameuse pipe de bruyère.
Poussant dans des terres désolées, la bruyère a fini par désigner la solitude dans le langage des fleurs. Elle inspira également Apollinaire. Jean de La Bruyère lui doit son nom. Ses Caractères sont inspirés des Caractères de Théophraste, par ailleurs grand botaniste. La bruyère cache bien son jeu !
Pour aller plus loin
Si vous voulez mieux distinguer les différentes espèces de bruyères, plongez-vous dans la partie botanique du parcours Gallica La Nature en images
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