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Édouard Corniglion-Molinier part à l'aventure

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6 mars 2024

Destiné à reprendre l’étude notariale familiale, Édouard Corniglion-Molinier est devenu le plus jeune pilote de chasse de France, producteur de cinéma, aventurier, homme politique… Un destin hors du commun qu’il s’est forgé dès le plus jeune âge, une vie à la hauteur des héros de cinéma, remplie de prouesses et d'aventures. 

Aventurier dans l’âme, Édouard Corniglion-Molinier se lance des défis tout au long de sa vie. C’est ainsi qu’il part, avec André Malraux, à la recherche de traces archéologiques de la mythique reine de Saba. Pour réunir les finances nécessaires à leur expédition, les deux hommes prennent contact avec le journal L’Intransigeant qui, moyennant un reportage exclusif de leurs aventures, leur fournit les fonds. Alors que la France connait les remous politiques de l’affaire Stavisky, les deux aventuriers survolent l’Afrique à la recherche de la Reine de Saba. Leur expédition dure plusieurs semaines et leur permet d’envoyer dix articles qui seront publiés du 3 au 13 mai 1934.

  Point du vue, du 6 décembre 1945

Après l'aventure africaine, Édouard Corniglion se lance un nouveau défi en participant à la course Londres-Melbourne. Malheureusement, l'appareil se retourne pendant les essais au Bourget et Édouard et son co-pilote doivent abandonner la course. 

Malgré cette déconvenue, Édouard Corniglion-Molinier est invité à battre un nouveau record : relier le Royaume-Uni à l’Afrique du Sud avec son homologue anglais, Jim Molisson, le plus jeune pilote de la Royal Air Force de la Première Guerre mondiale.

 

Le Grand Echo du Nord de la France, 28 novembre 1936

C’est ainsi qu’en 1936, les voilà tous les deux embarqués dans un avion pour la grande traversée. Les journaux de l’époque sont enthousiastes à suivre leurs aventures et chaque étape de leur périple. Au départ du Croydon, les deux hommes embarquent à bord de leur avion le 30 novembre 1936.

 

Molinier étalait un calme impressionnant. Tout souriant, il paraissait s'apprêter pour un voyage d'agrément.

Paris-Soir, le 30 novembre 1936

Le Journal, 30 novembre 1936

L’expédition est un échec et ils doivent être rapatriés avant d’avoir atteint l’Afrique du Sud pour ne pas risquer de se perdre dans l’immensité du continent africain. Mais l’Histoire rappelle bientôt l'aviateur français à ses premières missions puisque la Seconde Guerre mondiale éclate. Il demande à reprendre du service, ce que développe très bien l’exposition qui lui a été consacrée au Musée de l’ordre de la Libération. Il raconte son expérience de la Résistance dans les colonnes de Libération, le 15 septembre 1944. 

Libération, le 15 septembre 1944

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Édouard Corniglion-Molinier se lance dans l’aventure de la presse écrite, non plus comme reporter mais du côté décisionnaire. Il fonde en 1945 la revue Point de Vue avec des camarades des FFL (Forces françaises libres), Raymond Aron et Lucien Rachet.

Homme d’action et d’images, il souhaite privilégier la photographie comme médium d’information.

Le premier numéro de Point de vue, le 23 mars 1945

Ce goût de l'image est partagé par son épouse, Raymonde Heudebert. Peintre et portraitiste, elle est une personnalité en vue comme le montre l'article de Vogue de janvier 1931. Ses voyages, moins sensationnels que les aventures de son mari, sont néanmoins relatés dans la presse et notamment la presse féminine. De ses expéditions sur le continent africain et notamment en Guinée, elle rapporte un goût pour l’art africain et rejoint le courant « africaniste ».

       

Raymonde Heudebert en Guinée et sous la pluie à Paris décembre 1931, Vogue, Décembre 1931

Elle bénéficie d’une exposition totalement consacrée à son œuvre en 1950 à la galerie La Licorne.

Elle, 10 juillet 1950

La popularité des deux époux dans la presse apparaît bien avant les différentes fonctions officielles qu'a pu exercer Édouard Corniglion-Molinier : sénateur de la Seine, garde des Sceaux, ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme, député des Alpes-Maritimes parmi d'autres. La recherche de sensations fortes d’Édouard Corniglion-Molinier ne s’arrête pas avec ses responsabilités politiques. Malgré son poste de ministre des Travaux Publics, des Transports et du Tourisme, il établit un nouveau record de vitesse, cette fois-ci entre Paris et Nice en 1955, à l'occasion du salon aéronautique du Bourget. 

Édouard Corniglion-Molinier (à gauche), au 21e Salon de l'Aviation au Bourget, le 10 juin 1955. Aviation Magazine, 16 juin 1955

Édouard Corniglion-Molinier [...] ne coulera jamais une vie tranquille. Il parle de ne pas mourir dans son lit. 

Décollage : le magazine de l'aviation mondiale du 6 septembre 1946

Tout au long de sa vie Édouard Corniglion-Molinier fait preuve de courage et se lance toutes sortes de défis aventuriers. Dans un article paru dans Décollage : le magazine de l'aviation mondiale du 6 septembre 1946, il affirme qu'il ne coulera jamais une vie tranquille et qu'il ne mourra pas dans son lit. Dans l'avion qui le ramène à Paris le 9 mai 1963, il est pris d'un malaise. Il meurt chez lui quelques heures plus tard. 

Elle, 20 juillet 1953

Pour aller plus loin

Caroline Tourette, Édouard Corniglion-Molinier fait son cinéma, Blog Gallica, 15/02/2024

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