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Le Tunnel sous la Manche : un projet vieux de trois siècles

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5 juillet 2013

Tunnels immergés, tunnels  forés, bateau sous-marin, pont mobile, digue…  l’idée d’une liaison fixe reliant la France à l’Angleterre est ancienne. Ce bras de mer de trente-trois kilomètres de large, cette « mer d’argent qui défend [l’Angleterre] comme un rempart, ou comme les douves protectrices d’un château, contre l’envie des contrées moins heureuses »[i],  n’a pas cessé de susciter  l’imagination des ingénieurs français et anglais. De Nicolas Desmarets qui, dès 1751, suggéra la construction d’un tunnel, à Aimé Thomé de Gamond  considéré comme le père du tunnel foré, sans oublier l’anglais William Austin qui proposa de construire un tunnel composé de trois galeries comportant notamment deux voies de chemin de fer, ou le projet de pont du français Vérard de Sainte-Anne, la liste est longue.

Divers projets sur la descente en Angleterre

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8413295f

 

Les premiers projets

Depuis 1751, ce ne sont pas moins de 138 projets qui ont été présentés.  A deux reprises, en 1881 et en 1975, des travaux ont été commencés, puis abandonnés par les britanniques par peur d’une invasion ou par refus de s’engager financièrement. Dès 1751, lors d’un concours organisé par  l’Académie d’Amiens pour  l’amélioration des moyens de communication entre la France et l’Angleterre, un géologue français, Nicolas Desmarets, suggère la construction d’un tunnel. En 1802, Albert Mathieu-Favier, ingénieur des mines, présente à Bonaparte un projet de tunnel sous-marin foré,  composé de deux galeries superposées. En 1856, l’anglais William Austin propose un tunnel constitué de trois galeries comportant deux voies ferrées avec un revêtement de voussoirs préfabriqués. Cette idée sera reprise dans l’actuel tunnel. Mais le principe d’un long tunnel sous-marin foré nécessite une très bonne connaissance des couches géologiques. Pour contourner cet obstacle, de nombreux projets de tubes  immergés, posés sur le fond ou flottant entre deux eaux,  ont vu le jour.

Vers un tunnel foré

 

Le véritable initiateur du tunnel foré fut l’ingénieur Aimé Thomé de Gamond. En 1856, il présente un projet de tube de neuf mètres de diamètre comprenant une double voie de chemin de fer dont la ventilation est assurée par treize îlots artificiels avec puits. Reposant sur  des études géologiques approfondies, ce projet  reçut un accueil favorable de Napoléon III et de la reine Victoria. Mais il faudra attendre 1881 pour qu’une première galerie soit creusée à 29 mètres de profondeur sous la mer.  En 1883, les Anglais interrompront les travaux pour des raisons de sécurité.

Dans les années 1960, le projet de tunnel  reprend vie. Le Groupe d’études du tunnel sous la Manche (GETM), une société franco-britannnique, présente un projet de tunnel ferroviaire conçu pour faire passer des trains et des véhicules embarqués. Les travaux commencés en 1973 seront arrêtés en 1975 par les autorités britanniques pour des raisons financières. Ils reprendront en 1987, et cette fois le projet ira à son terme. Le choix technique portera sur trois galeries parallèles : deux galeries ferroviaires permettant le passage de trains et de navettes transportant des voitures, camions et autocars et une galerie de service. Les galeries seront reliées entre elles tous les 250 mètres par des tubes (appelés rameaux) servant à équilibrer la pression lors du passage des trains. Quant au  tracé du tunnel, il est loin d’être rectiligne ; il n’est ni en ligne droite ni horizontal car il suit la couche de craie bleue, une roche solide et imperméable.

Le 10 décembre 1993, après six années de travaux,  le tunnel sous la Manche était achevé.  La première jonction  entre les équipes françaises et britanniques eut lieu le 1er décembre 1990. Près de 10 000 personnes ont œuvré sur le chantier. Et depuis la mise en service, le 1er juin 1994, plus de 300 millions de voyageurs ont emprunté le tunnel.

A l’occasion des vingt ans de l’achèvement des travaux, le département sciences et techniques  présente, en salle C, une sélection de documents et de ressources consultables dans les salles de lecture ou sur Internet.

Dominique Wibault

Département Sciences et techniques

 


[i] W. Shakespeare,  Richard II, Acte II, scène I.

Commentaires

Soumis par Maxime Ferret le 29/07/2018

C'est pour cela que j'aime <a href="bnf.fr>gallica</a>, superbe lecture !

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