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Louise Weiss, à la poursuite d’un monde nouveau

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4 mars 2019

Journaliste, pacifiste, féministe, fervente européenne, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer Louise Weiss. Une seule ambition se dégage néanmoins de toutes ses actions, celle de faire naître un monde nouveau, un monde en paix dans lequel les femmes ont accès à la parole publique.

Louise Weiss. Carte postale / photo de H. Manuel 
 

Jeunesse et années de formation

Née en 1893 à Arras dans une famille bourgeoise, républicaine et laïque, Louise Weiss grandit à Paris. En poursuivant des études de lettres contre l’avis de son père et en obtenant l’agrégation en 1914, à une époque où les femmes ne sont pas nombreuses à être reçues, Louise Weiss, alors seulement âgée de 21 ans, démontre déjà sa détermination et son féminisme. La sensibilité pro-européenne dont elle fait très tôt preuve s’explique en partie par les origines alsaciennes de sa famille. Quant aux horreurs de 14-18, elles achèveront de convaincre celle qui s’y est engagée comme infirmière de guerre de l’importance de la paix et de la nécessité pour la garantir d’une union des pays européens.

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Louise Weiss et sa soeur Eugénie, en costume d'Alsaciennes, 1900
 
 

Le journalisme

Son agrégation en poche, Louise Weiss délaisse très vite l’enseignement au profit du journalisme. Sous le pseudonyme masculin de Louis Lefranc (« Louis pour Louise, Lefranc pour leur sincérité » in Mémoires d’une européenne, elle collabore dès 1915 au journal Le Radical. Dans ses articles, elle défend la création d’une structure supra gouvernementale capable selon elle de rendre plus efficace les décisions des alliés.

Le 12 janvier 1918, elle fonde l’Europe nouvelle : revue hebdomadaire des questions extérieures, économiques et littéraires. La revue est novatrice à plus d’un titre. Innovante, elle l’est d’abord parce qu’elle est dirigée par une femme. 

 

Elle détonne ensuite par l’espace qu’elle réserve à  la presse étrangère. L’audace s’y affiche enfin par la place accordée aux questions économiques et financières ainsi qu’à la culture à travers laquelle Louise Weiss souhaite valoriser le « génie français » (de grands noms de la littérature apparaîtront dans la revue : Maurice Genevoix, Georges DuhamelGuillaume Apollinaire, ou encore Drieu la Rochelle.  

 

Engagement pacifiste

La forme se veut neuve. Pour le fond, l’Europe nouvelle sert avant tout de tribune aux idées pacifistes et pro-européennes de sa fondatrice. Il s’agit, à travers la revue, de soutenir la politique de rapprochement avec l’Allemagne menée par Aristide Briand et d’influencer les élites en célébrant « l’esprit de Genève » :

L'Europe nouvelle, c'est l'expression qui convient vraiment à notre continent renouvelé par la guerre, et surtout par les méthodes inaugurées dans la paix - pour la paix. L'Europe nouvelle est devenue peu à peu le journal de l'Europe organisée. Chaque fois qu'un nouveau citoyen naît à Genève, nous somme assurés qu'il devient en effet un lecteur et un ami de L'Europe nouvelle.

La rédaction s’enthousiasme pour la toute jeune Société des Nations qui incarne alors les espoirs de paix internationale. Si des désaccords avec les principaux financiers de la revue éloignent Louise Weiss pour un temps, elle en profite pour voyager en Europe. En Tchécoslovaquie, elle assiste aux côtés d’Edvard Beneš à la naissance de la jeune nation. Puis elle se rend à Moscou d’où elle écrit une chronique pour le Petit parisien intitulée « Cinq semaines à Moscou ». 
 

Après l'Europe nouvelle

Elle rentre à Paris pour reprendre la direction de l’Europe nouvelle mais quitte définitivement la revue en 1934 alors que l’accession d’Hitler au pouvoir sonne le glas de toute réconciliation avec l’Allemagne. La revue continuera néanmoins de paraître jusqu’en 1940.

Débute alors un nouveau combat ? pas vraiment. En réalité la lutte pour les droits des femmes s’inscrit dans la continuité de ses précédentes batailles. Louise Weiss est en effet  convaincue que la présence de femmes dans les instances de pouvoir peut préserver la paix. 

 

En créant l’association « la Femme nouvelle » elle se lance dans la « propagande féministe ». 

Là encore, elle saura être inventive. Grâce à son expérience de journaliste elle sait l’importance des coups d’éclat. Elle se présente illégalement (non seulement les femmes ne peuvent pas voter mais elles ne ne sont pas non plus éligibles) aux élections municipales de 1935 à Paris, et se fait même arrêter par la police. Elle multiplie les manifestations mais la Seconde guerre mondiale mettra un terme à sa «carrière» politique.

 

 

L'une des premières députées européennes

Des années plus tard cependant, lors des premières élections européennes de 1979, Louise Weiss sera enfin élue. Elle deviendra ainsi, à 86 ans, l’une des premières députées européennes.

Depuis sa mort en 1983, les hommages se succèdent. Des bâtiments (le Parlement européen, le centre de documentation de l’ENA, de nombreuses écoles), des rues, un prix du journalisme européen, etc… ont été baptisés en son honneur. Une juste réconnaisance pour celle qui aura œuvré sa vie durant à la promotion de l’unité européenne, à la défense des droits des femmes et à la construction de la paix.

Pour aller plus loin, découvrez une sélection de documents sur le thème du féminisme dans le "Gallica vous conseille" qui lui est consacré.

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