La soie et la sériciculture, la soie au fil du temps 1/2
Lorsqu’on évoque la soie, nous pensons au tissu fluide et précieux. Ce tissu est l’aboutissement de l’histoire d’un fil, le fil de soie, que l’on extrait du cocon de la chenille d’un papillon, le Bombyx Mori. Son élevage est appelé sériciculture et inclut par extension les différentes transformations du fil de soie.
Une légende raconte qu’au troisième siècle avant J.C., l’impératrice chinoise Hsi-Ling-Schi vit un cocon tomber dans sa tasse de thé ; elle aurait tiré de ce cocon échaudé un très long fil naturel : la soie.
L’origine de la découverte de ce fil remonterait en fait à 4500 ans avant J.C., en Chine. Si l’histoire et les ouvrages consacrés à la soie retiennent principalement la Chine comme berceau de ce fil, comme le Pays des Sères, on trouve cependant une double origine possible dans la «notice historique sur l'origine et les progrès de l'industrie séricicole en Europe et notamment en France » de l’Abbé Caron. Ce dernier y mentionne que la contrée d’origine de la soie serait La Sérique, une région au Nord-Ouest de l’Inde, d’après le géographe grec Claude Ptolémée (100-168). Cette deuxième origine reste floue et la confusion avec la région Sera Metropolis au Nord-Ouest de la Chine est soulignée par Martin Heinrich Klaproth (1743-1817) puis par Vivien de Saint Martin (1802-1896). A l’époque grecque de Ptolémée, le terme Sérique a toutefois donné naissance aux mots «séricon» désignant le fil de soie et «ser» pour le nom de l’animal producteur du fil, aboutissant plus tard au mot «sériciculture».
Études séritechniques sur Vaucanson / par Isidore Hedde, 1876
Pendant des siècles, les Chinois gardent le monopole de la sériciculture. La fabrication de la soie est gardée secrète et reste très surveillée. La Chine fait cependant commerce des tissus de soie avec le reste du monde à travers déserts et montagnes sur un réseau de routes qui sera nommé Seidenstrasse(n) (route(s) de la soie) par le géographe allemand Ferdinand von Richthofen, en 1877.
La sériciculture s'implante en France au treizième siècle, grâce au Pape Grégoire X qui fait venir des mûriers et les premiers ouvriers italiens dans le Comtat Venaissin, possession pontificale dans le Sud-Est de la France. Mais elle reste limitée jusqu’au quinzième siècle, quand Louis XI la développe en incitant plus fortement les Italiens à venir travailler à la manufacture de Tours, centre de la soie française créé à l’époque. Au seizième siècle, François Ier organise la fabrication des tissus de soie à Lyon par les canuts, sous l‘impulsion d’Etienne Turquet et Barthélemy Naris. A l’époque, la France importe d'Italie une partie de ses besoins en fils de soie car elle n’en produit pas assez.
Les plantations de mûriers sont fortement développées par Henri II, Charles IX et Henri IV. Ce dernier encourage l'agronome Olivier de Serres, auteur du traité La cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font. La production de soie atteint un premier âge d’or sous Louis XIV, dans la seconde moitié du dix-septième siècle mais elle décline avec la révocation de l’édit de Nantes (18 octobre 1685) qui fait fuir les protestants, principaux acteurs des soieries en France. L'activité ne reprend que lentement au dix-huitième siècle.
Elle croît fortement dans le dernier quart de ce siècle grâce aux progrès techniques, notamment au premier métier automatique inventé en 1775 par Vaucanson, issu de son métier manuel. La Révolution française met à nouveau à mal cette industrie qui reprend progressivement sous le premier Empire avec le métier Jacquard muni, dès 1805, du premier système mécanique programmable avec cartes.
Métier Jacquard, Les tissus façonnés / [signé L. Huard], 1892
La production de soie atteint son apogée dans le deuxième quart du dix-neuvième siècle, avec l’appui de la recherche spécialisée. Mais à la fin de cette période, deux maladies (pébrine et flacherie) déciment les trois quarts des élevages. Pour contrer ces fléaux, Louis Pasteur trouve la solution qu’il rapporte dans les deux volumes de ses études sur la maladie des vers à soie puis dans leur complément. La production peut alors reprendre pendant quelques années, jusqu’à ce que l’ouverture du canal de Suez en 1869 et l’arrivée de la soie d’Extrême-Orient, moins chère à produire, sonnent le déclin progressif de la soie française qui se poursuivra au vingtième siècle.
Étoffes de soie du Japon / Introduction par C. Estrade.1925
Dans le monde, à partir de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, l’ère industrielle permet l’avènement d’une production de soie de plus en plus forte grâce aux grandes machines à tissage automatique. Les métiers à tisser manuels, de moins en moins nombreux, continuent cependant d’exister au 20ème siècle permettant de ne pas perdre les méthodes artisanales traditionnelles.
Pour aller plus loin
Sélection d’ouvrages autour de la soie dans le parcours textile
Commentaires
Excellent article. Merci
Excellent article.
Merci
Sous Henri IV personnage très
Sous Henri IV personnage très important pour la culture du mûrier en France :Barthélémy de Laffemas(1545-1612) il est à l'origine de la manufacture des Gobelins crée en avril1601. Cordialement
la soie
Parcours de la soie passionnant et amusante l'histoire du cocon tombé dans le thé !
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