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Petite histoire des allumettes

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3 avril 2018

On connaît tous cet objet familier, mais l’allumette n’a pas toujours eu cette forme de petit bâtonnet de bois à l’extrémité rouge et inflammable. Pour en arriver à cette « allumette de sécurité », comme on l’appelait alors, il a fallu passer par beaucoup de dangers…

"Le pont d’allumettes" (La science amusante de Tom Tit, 1921).

Si l’invention de l’allumette moderne date du XIXe siècle, le terme d’allumette se retrouve bien avant cela : dans l’Encyclopédie, elle est définie comme un « petit fétu de bois sec & blanc, de roseau, de chenevotte, de sapin, soufré par les deux bouts, servant à allumer la chandelle, & vendu par les grainetiers & les fruitieres ». Confectionnée dans les campagnes, et notamment par des allumettiers, elle n'est alors qu’un simple petit bout de bois qui s’enflamme lorsqu’on le met en contact avec un corps enflammé.

Il est difficile d’attribuer l’invention de l’allumette moderne à un seul homme, tant les inventions et les brevets se sont multipliés au début du XIXe siècle. À cette époque, on utilise surtout du phosphore, par exemple sous la forme d’un tube de verre scellé contenant du papier imbibé de phosphore : lorsqu’on ouvre le tube, le phosphore réagit au contact de l’air et le papier s’enflamme !

En 1805, c’est Joseph-Louis Chancel qui met au point une allumette dont l’extrémité est recouverte d’un mélange de chlorate de potassium, soufre, sucre et caoutchouc qui s’enflamme lorsqu’on le plonge dans un flacon d’amiante rempli d’acide sulfurique. C’est l’allumette oxygénée ou briquet oxygéné. Mais c’est un procédé complexe, coûteux, et surtout très dangereux ! Il est néanmoins commercialisé quelques temps, en France et en Allemagne notamment.

La première allumette s’enflammant par friction est attribuée à l’anglais John Walker. En 1827, il met au point un mélange chimique à base de sulfure d’antimoine et de chlorate de potassium qui s’enflamme lorsqu’il est frotté sur une surface rugueuse, type papier de verre.

Cette idée donne naissance aux boîtes d’allumettes avec frottoirs qui commencent à être commercialisées dans les années 1830. Mais leur odeur est très désagréable, et le risque d’explosion est important. En 1831, le Français Charles Sauria ajoute du phosphore blanc afin d'atténuer l'odeur, et revendique la paternité des allumettes. Cependant, l’exposition au phosphore blanc s’avère nocive, surtout pour les ouvriers travaillant à la fabrication de ces allumettes. De plus, le risque d’incendie spontané ou d’explosion est toujours réel : par exemple, lors du transport, le simple cahot d’une voiture peut faire exploser des paquets d’allumettes.

On voit alors naître d’autres types d’allumettes dont l’allumette-bougie, entourée de cire. Mais l’invention qui supplante les autres est « l’allumette de sécurité » du Suédois Johan Edvard Lundstrom qui reçoit pour cela un prix à l’Exposition universelle de Paris de 1855. Le danger est rendu moindre par le fait que la flamme est produite par l’interaction des éléments chimiques de l’allumette avec ceux d’un grattoir spécial. De plus, le produit utilisé est du phosphore rouge, beaucoup moins inflammable et toxique que le phosphore blanc utilisé jusqu’alors.


Décor de boîte d’allumettes, Alfred Choubrac

Produit commercial, l’allumette fait l’objet de publicité. Comme les produits du tabac dont la commercialisation est liée, les boîtes d’allumettes s’ornent d’images en couleurs. Certaines bénéficient du travail d’affichistes célèbres, comme Alfred Choubrac. Les enveloppes sont généralement imprimées en planches découpables.
Devenues objets du quotidien, les allumettes sont alors si familières que leur utilisation sort du cadre pratique. Que ce soit dans des expériences de science amusante à la fin du XIXe siècle (tel le problème des Trois allumettes, L’allumette pliée, ou encore Le pont d’allumettes) ou pour réaliser des modèles miniatures voire des œuvres d’art, elles enflamment l’imagination !

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