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La morelle noire

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Peu connue, toxique, la morelle noire est considérée comme une mauvaise herbe. Elle est pourtant consommée dans de nombreux pays du monde car peu exigeante. L’herbier de Gallica vous montre comment.

Revue horticole, 1910

La morelle noire fait partie de la redoutable famille des solanacées, connue pour les célèbres empoisonneuses que sont la belladone, le datura, la jusquiame, la mandragore ou le tabac. Son nom latin, Solanum nigrum, la rattache au genre Solanum comme la tomate, la pomme de terre ou l’aubergine. La noirceur de ses fruits se retrouve dans ses noms latin (« nigrum » : noir) et français : morelle vient de maurella, petit Maure, population représentée au Moyen Âge sous l’aspect d’hommes à la peau sombre. Les surnoms qui la désignent renvoient à sa toxicité et à l’usage occulte qu’on a pu lui prêter : raisin de loup, crève-chien, herbe aux magiciens, bonbon noir, mourette…

 

Leonhart Fuchs, De historia stirpium commentarii insignes, Bâle, 1542

Plante herbacée annuelle, la morelle noire se rencontre dans les cultures, les jardins, les décombres et sur le bord des routes. Sa tige anguleuse mesure de 20 à 40 cm et porte de petites fleurs blanches regroupées par quatre ou cinq. La floraison en juillet-août donne des fruits en août-septembre. Sa baie présente une couleur verte, puis noire à maturité. La plante répand une odeur désagréable, ce qui éloigne les animaux qui refusent d’en consommer. Les éleveurs l’évitent pour leur bétail. Néanmoins, merles et grives en sont avides.

Joseph Roques, Phytographie médicale, ornée de figures coloriées de grandeur naturelle, Tome 1, Paris, 1821

Ses fruits non mûrs et les parties vertes contiennent de la solanine, un alcaloïde également présent dans la pomme de terre. Elle était autrefois utilisée dans le traitement des maladies nerveuses, comme remède sédatif, en cataplasmes contre les dartres. Elle dilate les pupilles, comme la belladone. Ses feuilles entraient dans la composition du baume tranquille, de l’onguent populeum. Fruits mûrs et feuilles peuvent être consommés cuits, ce qui lui ôte sa toxicité. A la Réunion, les feuilles se mangent cuites comme des épinards sous le nom de brède.

En effet, les alcaloïdes de la morelle noire provoquent des désagréments, mais pas la mort. Dans le langage des fleurs, elle symbolise l’effroi. Elle a été associée aux sorcières. Cette réputation semble quelque peu usurpée par rapport à d’autres solanacées bien plus toxiques.

Emile Gadeceau, Les fleurs des moissons, des cultures, du bord des routes et des décombres (plantes envahissantes), Paris, 1914

Pour aller plus loin

Retrouvez les belles empoisonneuses dans la sélection botanique du parcours Gallica La Nature en images.

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