Le naufrage du Titanic dans la presse (1912)
Le 12 septembre 2001, toutes les unes des grands quotidiens américains étaient illustrées par les tours en flamme du World Trade Center, exemple criant de l’uniformisation des médias et du rôle joué par les grandes agences de photojournalisme…
Qu’en était-il au début du siècle pour une autre tragédie : le naufrage du « Titanic », survenu lors de son voyage inaugural le 12 avril 1912,au large de Terre Neuve.
Dès le 16 avril, les journaux placent l’information en première page. Plusieurs d’entre eux signalent sobrement Naufrage du « Titanic ».
"Le naufrage du « Titanic »" (Le Figaro)
L’Humanité indique que « deux mille passagers ont failli périr » tandis que La Presse affiche en gros titre « angoissante nouvelle » précisant que 3000 personnes étaient à bord. Le Petit Parisien s’émeut quant à lui du « naufrage du plus grand paquebot du monde ».
"Le « Titanic » contre un iceberg : deux mille passagers ont failli périr"
"Transatlantique en péril : 3000 personnes à bord ; les secours" (La Presse)
"L’émouvant accident du « Titanic » : le naufrage du plus grand paquebot du monde heurte un iceberg devant terre-neuve" dans Le Petit Parisien du 16 avril 1912
La presse régionale se fait également l’écho de l’événement. Ainsi, L’Ouest-Eclair annonce que « le Titanic est coulé ».
Le lendemain, le Temps informe ses lecteurs de l’événement mais affiche un ton tout en réserve en reprenant le titre du Figaro de la veille : « naufrage du Titanic ».
'Le naufrage du « Titanic »" dans Le Temps du 17 avril 1912
Le Figaro en revanche parle déjà de catastrophe, terme également repris par le Journal des Débats et le Gaulois pour évoquer l’accident.
"La catastrophe du « Titanic »" (Le Figaro)
"La catastrophe du « Titanic »" (Journal des Débats)
"La catastrophe du « Titanic »" (Le Gaulois)
Les autres journaux s’étendent davantage. La Croix et L’Humanité annoncent tous les deux le nombre probable des victimes : 1500 personnes.
"Le naufrage du « Titanic » : on parle de 1500 morts" (La Croix)
"Le « Titanic » a sombré engloutissant près de 1500 personnes" (L’Humanité)
Le nombre des victimes est parfois plus fantaisiste. La Presse annonce en effet près de 2 000 morts alors que L’Ouest-Eclair indique que le naufrage a fait 1800 victimes.
"Dernières dépêches sur la catastrophe – près de 2 000 morts ; les survivants" (La presse)
"Le naufrage du « Titanic » a fait 1800 victimes" (L’Ouest-Eclair)
Au-delà de l’incertitude sur les chiffres, tous s’accordent à dire, à l’instar du Petit Parisien qu’il s’agit du plus grand sinistre maritime connu jusqu’alors. Le Petit Journal va jusqu’à parler de « formidable catastrophe ».
"Le plus grand sinistre maritime : le « Titanic » en sombrant a entraîné 1400 victimes" dans le Petit Parisien du 17 avril 1912
"Le naufrage du « Titanic » est une formidable catastrophe – 1400 personnes ont péri" (Petit Journal)
Le lendemain, Le Petit Parisien avoue qu’ « on ignore toujours le chiffre exact des rescapés ».
"La catastrophe de Terre Neuve : on ignore toujours le chiffre exact des rescapés du « Titanic »" dans le Petit Parisien du 18 avril 1912.
Plusieurs journaux s’attaquent aux tentatives d’explication du naufrage. Dans son édition du 18 avril, La Croix accompagne son article de deux dessins explicatifs qui retiennent l’attention.
"Après l’engloutissement du « Titanic »"
Le même jour, L’Humanité s’interroge sobrement : « Pourquoi tant de victimes ».
Dans son édition du 19 avril, Le Matin livre une partie de la réponse : le « Titanic » n’avait pas assez de canots.
"Le « Titanic » n’avait pas assez de canots"
Outre le traitement sensationnaliste du naufrage du « plus grand transatlantique du monde », « du géant des mers », Le Matin se caractérise par le nombre de unes où il est fait état de la catastrophe. Le 24 avril, on parle encore du « Titanic » à travers un étonnant fait divers : deux bébés français rescapés restent non identifiés (Ils seront finalement reconnus par leur mère, Mme Navratil).
"A qui sont les deux bébés français sauvés du « Titanic »"
Très vite à la une des quotidiens, les nouvelles du « Titanic » cèdent la place aux obsèques d’Henri Brisson, présidentde la chambre des députéset au soulèvement deFès qui conduit au décès de ressortissants français.
Benjamin Prémel, Direction des Collections, Département Droit, Economie, Politique
Publié initialement le 15 septembre 2009.
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