Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1912-04-16
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 avril 1912 16 avril 1912
Description : 1912/04/16 (Numéro 12953). 1912/04/16 (Numéro 12953).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/06/2008
12.953.
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ÉDITION DE PARIS
Les poètes sont des individus singu-
tiers que les gens sages dédaignent, parce
qu'ils ne voient pas très bien à quoi ils
peuvent servir.
C'est ce que demande, non sans une
nuance de mépris, la filleule du roi
Louis XI au Gringoire de Thé0dore de
Banville, et l'on sait comment le gueux
parvient à éviter la potence en se faisant
aimer de cettc jeune fille, à laquelle il
arrache des larmes, en lui expliquant,
en. vers superbes, le rôle magnifique de
ces assembleurs de mots, épris de rêve
et d'idéal, sensibles à toutes les beautés,
et capables de braver les puissants et
de venger les pauvres avec quelques
strophes immortelles.
Tout de même, depuis Villon, les poè-
tes n'ont souvent été que de malheureux
incompris. Les uns sont morts, victimes
de leurs longues miseres, quand un
rayon de gloire tombait enfin sur leur
front. Les autres n'ont pas eu cette con-
solation suprême, et c'est au milieu de
l'indifférence générale qu'ils sont partis,
laissant à des amis fidèles le soin de re-
cueillir leurs œuvres éparses et d'en ap-
peler à la postérité, qui se plait à réparer
tes erreurs et les iniquités.
Parmi les premiers, parmi ceux qui,
de leur vivant, eurent la joie de voir
apparaître la célébrité, Murger figure à
la meilleure place, le pauvre Murger,
inoffensif, doux et bon, qui portait en
lui une flamme divine d'amour et de
jeunesse, et nous montra la bohème,
dans toute sa folie et son honnêteté.
Lorsque Murger. déjà connu et aimé,
tomba malade, il lui fallut, cependant,
aller à l'hôpital, et ce fut là qu'il mou-
rut, jeune encore, mais usé par les pri-
va.tions, par la détresse de ses vingt ans,
où il n'avait pour vivre que les quarante
francs mensuels obtenus de la « géné-
rosité » paternelle Depuis, on lui a
élevé une statue, honneur trop attendu,
précédé de l'affection de la foule. On
n'admire pas Murger. en effet, et c'est
mieux. Il a conquis les cœurs, avant
d'avoir gagné les esprits.
Mais. pour d'autres, les témoignages
d'estime, de sympathie ou d'enthousias-
me, ne furent pas, malheureusement,
précédés d'une sorte d'aurore de gloire,
venant rendre moins pénibles les appro-
ches d'une tombe déjà ouverte. Ils mou-
rurent ignores, avec le cruel sentiment,
(le leur isolement, semblable a ces in- j
lenteurs de génie qui disparaissent
sans avoir pu vaincre 1 hostilité ou la
méfiance de leurs contemporains, et sa-
chant qu'ils emportent avec eux un de
ces secrets qui valent pArfois a leurs pos-
sesseurs le titre de oienfaiteurs de la
Camille humaine.
A ces poètes de désespoir et de malé-
diction jE pensais ces jours derniers, en
apprenant qu'un comité d'artistes et de
(littérateurs venait de se constituer, à
!Paris, sous la présidence d'honneur de
jM. Richepin, pour élever un double mo-
jnument au poète Tristan Corbière et à
(son pere, Edouard Corbière, qui fut, en
[France, le vrai créateur du roman mari-
time, du roman documenté, exact, sorte
!de protestation contre les fantaisies pré-
•cédentes. au nombre desquelles on peut
irsentionner la Salamandre d'Eugène
Sue.
Autour de M. Richepin, des hommes
tels que MM. Le Braz, Le Goffic, Ch.
Morice, Léon Durocher, Armand Dayot,
Ajalbert, etc., se sont groupés pour cette
œuvre de justice, et, grâce à eux, le nom
du pauvre Tristan Corbière viendra jus-
qu'au grand public, qui l'ignore, qui n'a
rien lu de cet écrivain, dont les Amours
faunes, les Gens de naer, les Ronde/s, la
Sérénade des Sérénades, etc., ont été, il
y a peu de temps, réunis en un volume
en tête duquel M. Le Goffic, fidèle à la
Bretagne etaux Bretons, a placé une étude
où il nous dit ce que fut ce rêveur mala-
dif, cet enfant perdu du songe, à qui
Verlaine a consacré des pages merveil-
leuses au début de ses Poètes mdudits, et
dont la courte vie doit nous inspirer une
profonde pitié.
Cette existence pourrait tenir dans les
lignes suivantes, par lesquelles com-
mence l'étude en question « Le l°r mars
dans la trentième année de son
âge. s'éteignait à Morlaix un pauvre être
falot, rongé de phtisie, perclus de rhu-
matismes, et si long, et si maigre, et si
jaune que les marins bretons, ses amis,
l'avaient baptisé dra Ankuu (la Mort). »
Il faudrait y ajouter le passage ou M.
Le Goffic raconte comment Corbière,
ayant pris le prénom de Tristan, qui lui
convenait à merveille, baptisa son chien
de mème. Cet animal était, parait-il, le
plus crotte des barbets de toute la Bre-
tagne. D'une exemplaire fidélité, il ne
quittait jamais son maitre, et tous deux,
lorsque la famille Corbière, l'été fini,
abandonnait la vieille maison de Ros-
co.ff où elle aimait à passer les beaux
jours, se logeaient dans l'ancienne de-
meure. « Tristan Corbière prenait pos-
session du salon et y remisait son canot,
dont il faisait son lit; Tristan le chien
couchait à l'avant, dans une manne à
poissons. »
Naturellement, au pays de Corbière,
:ette manière dé vivre ne valait pas au
poète une grosse considération. A Paris,
ouil venait parfois, elle ne frappa point
le public, qui ne fit aucune attention à
l'apparition d'un petit recueil de vers,
les Amours jaunes, où l'on rencontre à
chaque page la marque de la plus
etrange originalité. L'auteur mourut
deux ans après. apprécié des cénacles,
ignoré de la foule, et ayant écrit sur
les gens et les choses de la mer quel-
ques brefs poèmes d'une sombre beauté.
Avant sa mort, il avait eu le temps de
préparer un second volume, qui ne fut
nas oublié et où s'affirmait son grand
talent, une sorte de génie bizarre et
tourmenté, qui laisse la pensée en sus-
pens, comme si elle sombrait brusque-
ment dans un océan tumultueux.
Ces œuvres, qui prendront peu à peu
la place qu'elles méritent donnent l'idée
d'un miroir. Elles réfléchissent la vie de
cet infortuné, transformé brusquement,
par la maladie, du bel enfant qu'il
était en un personnage chétif, malingre,
ridicule et laid, charge vivante. portrait
caricatural, pourvu avec cela d'une âme
ardente, dont l'ironie et le sarcasme du
vers dissimulent imparfaitement la pro-
fonde sensibilité.
Les Corbière, le père et le fils, auront
donc leur médaillon, œuvre du sculp-
teur Bourdelle. Ainsi, dans leur petite
patrie, tous deux seront honorés. Excel-
lent hommage, en ce qui touche le père
réparation, en ce qui concerne le fils, et
qu'on voudrait voir s'étendre à tous les
descendants de Villon qui. de nos jours,
1 poursuivent leur rêve, sans chercher
un renom de mauvaise qualité dans des
oeuvres faciles et vulgaires.
En somme, ces poètes, qui vivent au-
près de nous d'une manière si différente
de la nôtre, rendent matérielles et pal-
pables nos secrètes pensées, nos colères,
nos indignations. Ils expriment tout
haut les sentiments qui se cachent au
fond de nos coeurs, en .les embellissant
de la magie des mots. Les uns célèbrent
nos vingt ans, et les autres l'activité des
villes, la puissance des maçhiaes, la for- j
midable poussée des masses vers un
avenir meilleur. Il en est qui racontent
la misère des humbles, les hontes quel
nous souffrons au sein de notre société
la fureur des vaincus tt l'insolence des
vainqueurs.
Ils suivent des yeux et révèlent toutes
les manifestations de l'âme humaine, et
sont comme la voix de notre conscience.
Nous leur devons bien le remerciement
du marbre ou du bronze, qu'ils se nom-
ment Murger ou Corbière, l'un chantant
l'amour et l'autre la tristesse. Nous fai-
sons halte pour les écouter, et nous n'en
reprenons qu'avec plus de courage le
combat quotidien, un moment inter-
rompu.
JEAN FROLLO
POLITIQUE NATIONALE
Jk Le discours, que M. Poincaré a pronon-
^BT '• Mer, au conseil général de la Meuse,
formule en terrnes aussi précis qu'éloquents
un programme de gouvernement auquel tous
les républicains peuvent et doivent sous-
crire
Sur notre attitude à l'extérieur, sur notre
souci de la dignité nationale et notre amour
de'la paix européenne, sur notre fidélité à
!-n3t.rf Alliance et il imUe Entente cordiale, le
président du Conseil a trouve des mots heu-
reux ci. qui complètent à nier\eille le large
et puissant tableau qu'ii avait tracé ir Cannes.
Mais c'est surtout la politique intérieur
que NI. Poincaré a envisagée. Il s'est efforcé
dé dégager les idées maîtresses sur lesquel-
les tous les serviteurs de la démocratie peu-
vent s'accorder, celles qui dominent toute la
vie publique de ce pays. Il s'est élevé au-des-
sus des classements théoriques et des dé-
marcations arbitraires, pour énumérer !*>.̃?
mesures et les réformes qui découlent en
quelque sorte du principe même du régime.
et qui continueront l'évolution commencée
de longue date.
Le programme qu'il a exposé, avec l'art
convaincant qui caractérise sa manière ora-
toire, est tel que nul républicain ne le
saurait contester. Si au cours des quelque
mois de la session ordinaire et de la session
extraordinaire de 1912, le Parlement venait
à réaliser ce plan de travail, il aurait M en
mérité de la France. Car c'est une véritable
politique nat.ionale, soustraite aux influen-
ces de coteries et de sous-groupes, confor-
me aux désires de la masse du corps élec-
toral, que préconise et que délimite à la fois
le discours de Bar-le-Due.
en pleinjcéai
Qf EST DIVIM L'JBIIOMITt ou LE «OMJIT?
Bordeaux, lo avril.
Le capitaine du vapeur norvégien Skraas-
iad, venant de Xewport, est arrive aujour-
d'hui à' Bordeaux, ramenanl un balloti sptlé-
rique de 1,600 mètres cubes qu'il avait re-
cueilli hier, à 10 heures du malin, à envi-
ron 1ï milles au large des Sables-d'Olonne.
Ce ballon, qui battait, pavillon de l'Aéro-
Club de France et portant une flamme jaune
et bleue, u été reconnu pour être le Zodiac.
que montait NI. Jules Leioup, l'un des con-
currents qui partirent, santedi, des coteaux
de Samt-Cloud, pour disputer la coupe
Emile-Uubonnet.
L'aérostat était légèrement endommagé,
le cerceau était brisé un endroit.
Smmm mouvollms de leloup
\1 Juks f.eloup. qui montait le Zodiac,
est V seul concurrent de la Coupe Dubonnet
-dont on était encore sans nouvellés hier soir
à l'Aéro-Club de France.
M Georges Besancon, secrétaire du club,
avec qul nous pûmes nous entretenir quet-
ques instants à ce sujet, nous déclara
M..Iules Lelotiji était parti l'un des der-
niers, et il n'était pas loin de six heures
lorsqu'il quitta le: Coteaux de Sant.Cloud.
Pilote expérimenté, et prudent, il avait
grand espoir de réussir une belle perfor-
avons été, profondément impres-
sionnés cn apprenant que son ballon avait
été retrouvé en mer. Dans quelles circons-
tances Leloup quitté ? Nous en som-
mes réduits aux hypothèses
Peut-être l'aéronaute n'a-i-tl pas pu aller-
rir comme il l'aurait désiré et son ballon
,s'est-il en fil comme le fit le F'antasqw, de
M. Jourdan Peut-être encore, M. Leloup
s'est-il aperçu trop tard qu'il était au-dessus.
de l'Océan Et alors
Alors. nous voulons espérer que M. Le-
Ioul aura pu être recueilli par un des ba-
teaux de p^che qui, nombreux, opèrent dans
la région des Sables-d Olonne. Ce qui don-
nerait assez de vraisemblance à cette hypo-
thèse, c'est que le ballon a été retrouvé
encore suffisamment gonllé et que, s'il n'a-
vait été secouru, l'aéronaute fût resté sans
doute à bord. »
t
M. Poincaré rle
jour, la pensée gouvernementale
,A ses collègues du conseil général de la
Meuse. 'M.- Raymond Poincaré,' président du
Conseil, a fait hier, un admirabte exposé
de la situation politiquc. Tant au point (Te
vue extérieur qu'au point de vue intérieur,
il;a voulu s'expliquer en toute franchise, t*n
toute clarté. Il a parlé, d'abard, des difficul-
tés si graves de septembre dernier, ajou-
tant
Depuis que le ministère est constitué, les pro-
blèmes de politique étrangère n'ont pas cessé de
solliciter son attention; il les a tous examinés
avec la conscience très nette de ce que doit être,
en ces graves matières, la solidarité gouverne-
1 mentale: il a voulu, par-dessus tout, assurer,
j dans notre action diplomatique. l'unité de direc-
i tion, l'esprit de suite et la clar'té il Il tenu à ce
1 que personne en Europe ne pût se méprendre sur
nos intentions pacifiques, ni sur notre ^volonté de
I détendre les intéréts et-la dignité de la France,
ni sur notre ferme dessein de maintenir et de
cultiver notre alliance avec la Russre et notre
cordiale entente avec l'Angleterre.
Mes chers collègues, une nation qui', est sihcé-
I rement attachée à la paix et qui a, en même
temps, le respect d elleanéme, doit, avant tout,
etre forte la faiblesse offre une proie 'facile aux
ambitions provocatrices et aux entreprises belli-
queuses. Le gouvernement a donc considéré -coin-
me une obligation sacrée la conservation et te
développement de notre puissance militaire et
navale, et,dans le. budget. même que nous venons
de déposer, nous1 rr**bns' rien négligé pour doter
aussi largement que,possible, notre inarine- et
notre armée.
L'imp6t sur te revenu
Le budget sera présenté en temps vojÏjW*
La grosse discussion qui s'offre au Sénat
est celle de l'impôt du revenu.
Le Sénat, mes chers collègues, sera également
en mesure d'aborder dans peu de temps j'exa.
men du projet d'impôt sw le revenu. Le conscien-
cieux travail auquel s'est livrée la commission
sénatoriale, et que M. le ministre des Finances a
tout fait pour raciliter, aboutira, je n'en doute
pas. à un système qui introduira ptus dé justice
dans l'impôt. sans assujettir les citoyens, et par-
ticuliérement les agriculteurs et les commerçants.
à des investigations et à des formalités incompa-
tibles avec leurs habitudes et avec la liberté du
foyer domestique.
Le gouvernement prendra ses responsabilités
dans cette discussion. comme il' les prendra dans
toutes celles qui doivent s'ouvrir ou se continuer
devant les Chambres; dans celles, par exemple,
où il s'agira de défendre, tout ensemble, la li-
ber'é d'enseignement à laquelle le gouvernement
tout entier demeure attaché, la neutralité sco-
laire. qu'il n'est pas moins résolu A maintenir.
et l'enseignement taïque. qui est A ses yeux une
des institutions essentielles de la RépuMique. Le
gouvernement a, du resttî, nettement exprimé sa
pensée dans les projets de lof qu'il a déposés et
dont il demandera le vote à la majorité républi-
caine.
La réforme électorale
La réforme électorale ? En raison des
complications présentes, du défaut de clarté
des textes votés,, une intervention gouverne-
mentale s'impose.
En présence des difficultés d application que
soulèveraient certaines dispositions du texte, voté,
éri présence aussi de ta vivr opposition qu'elles
rencontrent, chez un grand nombre de républi-
cains, le gouvernement a naturellement seffor-
cer de mettre. lui-même au point une réforme qui
puisse être aisémerit comprime du suffrage uni-
versel et qui soit de nature à étm consacrée, dans
les deux Chambres, par la majorité gouverne-
mentale.
Vous savez, mes chers colJégues, que. person-
nellement, et il 111. différence de plusieurs d'entre
vous, j'ai vu, depuis longtemps, dans la représen-
tation proportionnelle. une idée de Justice et de
sincérité électorale. Je ne crois pas m'être trompé.
Je suis convaincu que, tôt ou tard, les hommes
de bonne foi reconnaîtront tous la'supériorité
morale et' politique de cette doctrine sur le ré-
gime majoritaire. Mais, au lieu d'établir un pro-
jet de représeatation proportionnelle, on est ar-
rivé à un système composite, qui, mis en oeuvre,
ne satisferait sans doute perfonno et du moment
où. si l'on veut aboul.ir. les transactions sont iné-
vitables, enci»-e est-il bon de chercher des solu-
tions claires et conformes au génie français.
\ous nous y emploierons de notre mieux.
Le président du Conseil refuse, en tous
les cas, de considérer comrne une majorité
pouvernonmentale la majorité systématique
du projet de réforme, de tous les projets de
réforme. il déplore le caractère pris par la
campagne réformiste,:
Que la loi électorale sc>il devenue une loi poli-
tique, c'est ce que personne ne saurait sérieuse-
ment nier. Ne voyons-nous pas. dans l'Est, avec
quelle fureur sont attaqués, sur leur droite. ceux
des républicains les plus modérés qui passent, à
tert ou à raison, pour défavorables la réforme f
en cours de discussion?
Or. la rnajorilé qui s'est rencontrée sur plu-
sieurs articles du projet ne pourrait offrir à au-
cun gouvernement un appui durable. Elle n'est,
certain nombre de voix républicaines, jointes à
des voix de droite et d'extrême droite et addi-
lionnées aux suffrages de tous les socialistes
unifiés
Est-ce là une majorité gouvernementale? Il
n'existe. en réalité, de majorité gouvernementale
que là où il y a communauté d'idées générales
et unité de système politique.
Les frontières politiques
Où doit être la majorité gouvernementale ?
Où en sont les éléments A gauche, rien
qu'à gauche. Libre à tous de prendre place
à gauche, mais le gouvernement républicain
ne saurait transiger sur certains points es-
sentiels. Il ne saurait admettre ni alliés
réactionnaires, ni auxiliaires d'extrême gau-
che révolutionnaire.
Vous me eoruiaiiSÉez depuis a.ssoz longtemps
pour savoir que j'ai toujours été profondé-
ment, respectueux de* croyances religieuse*
et de la liberté des cultes, et je n'ai jamais eu
la sotte prétention d'exclure personne de la
République \fais. comment former .une ma-
jorité stable et homogène avec de» hommes qui
ont sur des points essentiels dés vues divergen-
tes? Il y a des, partis qui professent sur les
relations des Eglises et de TEtnt des opinions qui
sont la dénégation de la doctrine républicaine.
Qu'on le veuille ou non. voilà une premiére fron-
tière Je n'assigne à personne de place à droite
ou à gauche. Chacun est libre de se fixer où il
veut; mais faut être d'un côte ou de l'autre
et. quant à nous. nous sommes, bien entendu,
avec ceux qui défendent la laïcité de l'Etat.
Et puis, que voulez-vous. lorsgue je me tourne
vers l'autre extrémité, j'aperçois, comme dirait
mon éminent ami. M Clemenceau, une autre bar-
ricade. L»; groupe des socialistes uniiies. si remar-
quable. par sa discipline. abonde en orateurs de
talént: mais il a ur. idéal social et national qui
n'est pas le nôtr*. Il refuse a tout gouvernement
les. moyens élémentaires de gouverneur. Dans des
questions vitales, dans celles qui touchent à ¡'or.'
dre public, aux devoirs des fonctionnaires, aux
institutions militaires. il. la conception même du
patriotisme, il met son point d'honneur à élever
lut-rriSme la barricade entre lui et les républicains
gouvernementaux Ici encore, nous entendons
rester du côté où nous sommes car jamais pius
qu'aujourd'hui le gouvernement n'a eu à remplir
avec vigilance et autorité la 6éche primordiale qui
lui incombe, celle d'appliquer les lois sans fai-
blesse et sans partialité, de maintenir l'ordre et
d'assurer aux bons citoyens la liberté du travail.
'la paix et la sécurité.
Applaudi frénétiquement, le président du
Conseil a prononcé ensuite le plus sincère,
le plus'admirable éloge de M. Henri Bris-
son*
L'ÉMOUVANT ACCIDENT DU «TITANIC»
Le plus grand paquebot du monde
heurte un icebefg devant Terre-Neuve
Mais on a pu, heureusement, sauver les 2.358
personnes qui ne trouvaient à bord
''LE TITANIC"
Londres, 15 avril.
Une émotion considérable a été causée
ce matin, à Londres, par la nouvelle télégra-
phiée de New-York que- le paquebot Tita-
nic, de la White Star Line, le plus grand na-
vire du monde, était, hier soir, entré en col-
lision avec un iceberg et, gravement avarié,
coulait peu à peu dans l'Atlantique, au large
de Terre-Neuve.
L'inquiétude provoquée par cette dépêche
était d autant plus naturelle que le Titartie,
qu.' effectuait son premier voyage avait à
bord 2,358 passagers et hommes d'équipage.
la deux heures, cet après-midi, cette
inquiétude fut loin de se calmer. Quoique
muigres, en effet, les détails reçus étaient
des plus angoissants. C'est ainsi qu'on an-
nonçait que l'accident s'était produit au
large du cap Race, à l'extrémité sud-est de
Le Titanic, qui avait eu son avant défoncé
par le choc avec la montagne de glace, régla-
mait de l'aide en toute hôte par la télégra-
phie sans fil et indiquait sa position comme
étant J6' de latitude nord par 50° H' de
Ibngftude ouest. Ce message fut reçu par fe"
paquebot Virçinian, ile l'Allan Line. et par
VOlympic, qui forcèrient leur vitesse pour se
porter au secours du navire en danger.
Une demi-heure plus tard, un autre mes-
sage du Titanic annonçait que le paquebot
sombrait de l'avant, qu'on mettait- les canots
de sauvetage à la mer et qu'on embarquait
toutes les femmes qui .e trouvaient à bord.
La situation apparaissait d'autant plus
grave qu'au moment de l'accident le l'irgi-
nian se trouvait à 170 milles de distance du
Titanic, et YOlympic à milles environ.
Le Virginian ne pouvait être au plus tôt
sur les lieux de la catastronhe avant neuf
heures et demie du matin, heure américaine,
c'est-à-dire deux heures et demie de l'après-
midi, heure d'Europe. Le seul détail qui don-
nait quelque espoir, c'est que le temps était
beau et la mer calme,
Au début de t'après-midi. on apprenait
que d'autres paquebots, le Ballic, le Maure-
tania et le Cincinnati, ainsi qué les paque-
bots allemands Prinz-Adalberl, Amerika et
PTinz-Frederich-Wilhelin. avaient intercepté,
eux aussi, les messages du Titanic et se ren-
daient également à son secours.
Quelques instants plus tard, une dépêche,
plus alarmante encore, arrivait de New-
York et annonçait que .le dernier message
du Titanic, reçu par le Virginian, était in-
déchiffrable s'et avait élé interrompu brus-
quement. OS en conclut aussitôt qué les ma-
chines du 'Titanic avaient été inondées et
que" ié navire naufragé avait dû être aban-
donné.
Enfin, deug heures dix, les nouvelles
tranquillisantes commencèrent à arriver.
Un câblogramme de Nevv-York annonçait
que le Virginian avait atteint le Titanic, au-
près duquel il se tenait et qu'il n'y avait plus
à craindre de catastrophe.
A deux 'heures quarante, an télégramme
d'Halifax déclarait que tous les passagers
Avaient quitté le Titanic ce matin, à trois
heures trente, heure américaine.
D'autre part, la compagnie \hite Star
Line, déclare de la* façon la plus nette que
toutes les craintes concernant lo sécurité des
passagers n'ont pas de raison d'être, le na-
vire ne pouvant sombrer.
Un cûblogramme, reçu à trois heures et
demie de Terre-Neuve, annonce que le Tita-
nic lutte pour atteindre, par ses propres
moyens, la côte de Terre-Neuve, vers Je cap
Le Tilanir, qui jauge -ki,3S2 tonnes. a 290
mètres de longueur. 11 avait bord pas-
sagers de première classe, :kt5 de seconde.
800 d'entrepont et hommes d équipage.
Parti de Southampton le 10, il avait fait.es-
cff(e à Cherbourg pour y prendre les passa-
gers venant de Paris. Parmi ceux-ci-se trou-
vent plusieurs multimillionnaires arnéri-
cains et leurs familles, au nombre desquels
Si Widener, le fils du milliardaire qui ache-
ta, l'an dernier, le tableau le Moulin, .(le
Renibrandt, pour francs, et M.
RoebLng.
Au nombre des passagers embarquées à
Southampton sont le colonel .1 -J. Astor-
Sa.5. président du Grand-Trunk M. îsm.iy,
président de la White SI nI' Line M. le jon-
khe'-r von Reneîilin, directeur-adjoint de
la Holland America Line; M. Tiiayw, .prési-
dent du Pensylvama Railroad la comtesse
Rothes, le publiciste Stead, MM. Gugenheim j
et Strauss, banquiers.
A CHERBOURG
Cherbourg, lô avril.
Le Titanic avait quitté Southampton mer-
credi à nudi pour Cherbourg où il arriva à
7 heures du soir. Il était commandé par le
capitaine Smith, qui passe pour maîehan- j
ceux. car un accident était déjà arrivé à
VOlympic alors qu'it le commandait.
De plus, en quittant le Tita-
nic avait fait des avaries au paquebot .\eu;-
Yrti'fc. dont il avait brisé les amarres.
A Cherbourg, pendant son escale, il em-
barqua 523» passagers de- première -classe et
4M émigran,ls, dont 3 allemands, 70 améri-
cains, 118 anglais, 39 autrichiens, 6 danois,
65 russes, 87 suédois, 21 norvégiens.
Au total, 3 Français seulement MM. Au-
bard, Pernod et Malachard étaient bord.
Dans les agences maritimes à Cherbourg,
où les paquebots de la White Star Line font
escale chaque semaine, tout le monde était
cet après midi affolé.
LE DANGER DES ICEBERGS
Quand vient le dégel de la banquise, qui
pendant les mois d'hiver a recouvert les par-
ties nord des océans, il s'en détache des
quantités de montagnes de glace qui, pous-
sées par les vents et les courants, descen-
dent vers les mers plus chaudes, où elles
finissent par se fondre et disparaître.
Dans cette saison, les navires qui circu-
lent ont? New-York et l'Angleterre ou le
continent sont exposés à rencontrer sur leur
route un grand nombre de ces icebergs, vé-
rilables îles flottantes, quj constituent pour
eux un danger presque aussi grande que des
paquebots dctuéls rendent le danger de ces
abordages encore plus considérable. L'ice-
berg eat assez difficile à voir dans les nuits
noires une vague lueur blanchâtre le dé-
cèle cependant, mais pas d'assez loin pour
qu'un navire lancé à la vilesse de 23 otr 24
noeuds puisse s'arrêter avant de le toucher.
De même le rayonnement de cette masse
de glace produit autour d'elle un refroidis-
sement sensible de la température, refroi-
dissementque les thermomètres des navires
peuvent également accuser. \tais là encore,
l'avertissement vient souvent trop lard.
En réalité, les accidents causés par les
icebergs, et semblables à celui dont le puis-
sant et majestueux Titanic vient d'être vic-
time, ont été nombreux, et il est probable
aue la. disparition de certains bâtiments,
dont on n'a jamais retrouvé trace, doit leur
être attribuée.
Voir la suitr, à la Dernière Ileure.)
DEMELA LUNE CACHERA LE SOLEIL
Le phénomène céleste de demain, qui sera
visible à Paris et dans une partie de la
Fiance, étant. l'un des plus curieux et des
plus rares que l'on puisse observer, provo-
que, dans le public, une très vive et très
compréhensible curiosité.
Le dix-huitième siècle ne vit que deux
éclipses, I'une en 1706, l'autre en au
dix-neuvième il il n'y en eut qu'une* de
visible dans le midi de la Fran.ce, en 1842
le siècle actuel ne verra que celle de demain,
17 avril, ci un autre le 1l août C'est
dire que beaucoup de ceux qui regarderont
le spectacle qu'offrira le ciel demain vers
midi n'auront pus l'occasion de voir une
seconde fois la luna masquer le soleil.
I,a rareté du fait, jointe k l'arrivée sou-
daine du crépuscule, provoque une impres-
sion qui, de nos jours, ne va plus, comme
autrefois, jusqu'à la terreur, mais que les
spectateurs apprécient à sa juste valeur,
c'est-à-dire comme un des plus intéressants
phénomènes du mécanisme céleste.
L'éclipsé de 1912 se présentera dans
d excellentes conditions, du moins quant à
à la hauteur du soleil. car la plus grande
plias. aura lieu tn Franc"! vers midi. Mais
le diamètre apparent du so!ei1 sera presque
égal à celui ,'e la lune sur la *ligne de
1 éclipse centrale, les deux astres se couvri-
LA NUIT SERA COMPLETE SUR TOUT LE TRACT DE LA LIGNE NOIRE
.̃ '̃̃
UN DRAME A CHATILLON
Ayant assommé sa femme,
hd mari danse sur elle
La fête célébrée dimanche à Châtilion,
fête dont nous avons donné, hier matin, le
compte rendu, a eu pour épilogue inattendu
un drame violent qui a fait deux victimes.
Surexcité vraisemblablement pur les nom-
breuses libations de la journée, un cabare-
tier, au cours d'une querelle avec sa femme.
a frappé cette dernière à coups de bouteille,
et, la croyant morte, l'a piétinée dans un
accès de sauvage démence.
Soène de oarnage
Vers minuit, la nuit dernière, le brigadier
Henry, chef du poste de police de Montrouge,
était prévenu par la gendarmerie qu'un
drame venait de se dérouler dans un débit
de vins, 74, route de Versailles, à Châtillon.
11 s'y rendit aussitôt et se trouva en pré-
sence d'une femme agonisante et d'un hom-
me à moitié aveuglé par une hnrriblo bics-
sure à l'oeil droit. Avec des moyens de for-
tune, il leur fit à tous les deux un premier
pansement, cependant que M. Compagnon,
commissaire de police, assisté de son secré-
taire, NI. Dollorme, arrivait en automobile.
Le magistrat, avant tout interrogatoire, put
se faire une idée précise du drame terrible qui
venait de se dérouler. Dans une pièce du caba-
ret, au milieu de débris de bouteilles et de ca-
rafes. sur le parquet la femme du
caburttier, Mme 'Oudar', âgée .de cinquante et
un ans, gisait. Sa- face tuméfiée, son t-rauo
martelé par les coups ne faisaient pluaqu'un«
bouillie rouge. La malheureuse vivait enco-
re, mais pouvait à peine balbutier quelques
incohérentes paroles. Quant à soit mari,
Louis Oudart, la tigure rouge de sang, il ten-
ta de donner une explication du drame. Il
s'était, disait-il, pris de querelle avec su
femmes celle-ci l'avait frappé à la tigure et
lui avait crevé l'œil droit; alors il s'était dé-
fendu.
M. Compagnon n'eut pas de peine à se
rendre compte de l'inanité d'une pareille ver-
sion. Il n'en écouta pas moins avec com-
plaisance le plaidoyer de l'homme. Mais le
magistrat, une fois le récit terminé, remit
les choses au point c'était lui, Oudart, vin-
dicatif et ivrogne, qui avait porté les pre-
miers coups à sa femme; qui l'avait frap-
pée avec uue brutalité inconcevable, puis-
que la malheureuse avait au crâne plus de
vingt blessures.
Oudart, devant la netteté de l'accusation,
finit par perdre pied, et entra dans la voie
des aveux.
Un forcené
Voici comment les choses s'étaient pas-
sées. La journée avait été très bonne en
raison de la fête, les cabarets du plateau de
Châtillon, parmi lesquels le débit des époux
Oudart, à l'enseigne du Réveil Matin
avaient été pris d'assaut par les visiteurs.
Oudart escomptait donc une très forte re-
cette, plus forte sans doute que celle qu'il
avait en caisse, car, une fois
compté, ce fut pour lui une rlésillusion.
Assez violent de caractère, il s'en prit
aussitôt à sa femme, lui reprochant d'ayoir
vidé le tiroir à son profit. Une discussion
violente éclata alors entre les époux. Fu-
rieux, Oudart se rua sur la malheureuse, la
frappant à coups de bouteille. Blessée, Mme
Oudart avait riposté, atteignant son mari
à l'œil droit d'un coup de carafe.
Alors, le cabaretier. affolé de colére, s'était
acharné sur sa victime, l'assommant littéra-
lement à l'aide de tout ce qui lui tombait sous
la main. Sur le parquet, la débitante s'était
abattue.
Mais le forcené ne s'en était pas tenu là.
Voyant sa femme par terre et la croyant
mortellement blessée, il avait voulu l'ache-
ver. Et alors, dans une danse invraisembla-
ble, il t'avait piétinée, lui écrasant à coups de
talon la poitrine et le ventre
M. Compagnon, avait, entre temps. t'ait
transporter Mme Ooudart à rhôpital'XeckeT.
L'état de la malheureuse apparalt comme
des plus graves.
ront donc presque exactement, de sorte que
le soleil ne restera caché qu'un instant.
Même, en d'autres poin!s, il ne le sera pas
complètement; il débordera la lune tout au-
tour et l'on aura là ce que l'on appelle une
éclipse annulaire
Les éclipses sont surtout intéressante
paroe qu'elles permettent, d'étudier l'asfre
solaire dans des conditions spéciales et qu'il
est impossibie de trouver en temps ordinaire,
soit au moyen du télescope, soit de la photo-
graphie.
En fait, pendant l'obscurité des éclip-
ses totales, on voit autour du soleil une au-
réole lumineuse appelée u couronne et il y
a utililé à photographier Cette couronne, car
de l'étude de son rayonnement dépend la
détermination de la relation que présente sa
variation de forme avec la période des ta-
ches solaires. L'éclipsé tombe au
moment d'un minimum de ces taches.
Ce que l'on verra
L'éclipsé commencera h 10 h. 49, elle sera
totale à midi onze minutes, et prendra fin
à une heure trente-trois minutes.
Si donc le temps est beau et le ciel clair,
tous ceux qui se trouveront, ;iinsi que nous
t'avons déjA indiqué, sur une ligne partant
des Sobles-d'Olonne, pour aboutir il Liège,
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ÉDITION DE PARIS
Les poètes sont des individus singu-
tiers que les gens sages dédaignent, parce
qu'ils ne voient pas très bien à quoi ils
peuvent servir.
C'est ce que demande, non sans une
nuance de mépris, la filleule du roi
Louis XI au Gringoire de Thé0dore de
Banville, et l'on sait comment le gueux
parvient à éviter la potence en se faisant
aimer de cettc jeune fille, à laquelle il
arrache des larmes, en lui expliquant,
en. vers superbes, le rôle magnifique de
ces assembleurs de mots, épris de rêve
et d'idéal, sensibles à toutes les beautés,
et capables de braver les puissants et
de venger les pauvres avec quelques
strophes immortelles.
Tout de même, depuis Villon, les poè-
tes n'ont souvent été que de malheureux
incompris. Les uns sont morts, victimes
de leurs longues miseres, quand un
rayon de gloire tombait enfin sur leur
front. Les autres n'ont pas eu cette con-
solation suprême, et c'est au milieu de
l'indifférence générale qu'ils sont partis,
laissant à des amis fidèles le soin de re-
cueillir leurs œuvres éparses et d'en ap-
peler à la postérité, qui se plait à réparer
tes erreurs et les iniquités.
Parmi les premiers, parmi ceux qui,
de leur vivant, eurent la joie de voir
apparaître la célébrité, Murger figure à
la meilleure place, le pauvre Murger,
inoffensif, doux et bon, qui portait en
lui une flamme divine d'amour et de
jeunesse, et nous montra la bohème,
dans toute sa folie et son honnêteté.
Lorsque Murger. déjà connu et aimé,
tomba malade, il lui fallut, cependant,
aller à l'hôpital, et ce fut là qu'il mou-
rut, jeune encore, mais usé par les pri-
va.tions, par la détresse de ses vingt ans,
où il n'avait pour vivre que les quarante
francs mensuels obtenus de la « géné-
rosité » paternelle Depuis, on lui a
élevé une statue, honneur trop attendu,
précédé de l'affection de la foule. On
n'admire pas Murger. en effet, et c'est
mieux. Il a conquis les cœurs, avant
d'avoir gagné les esprits.
Mais. pour d'autres, les témoignages
d'estime, de sympathie ou d'enthousias-
me, ne furent pas, malheureusement,
précédés d'une sorte d'aurore de gloire,
venant rendre moins pénibles les appro-
ches d'une tombe déjà ouverte. Ils mou-
rurent ignores, avec le cruel sentiment,
(le leur isolement, semblable a ces in- j
lenteurs de génie qui disparaissent
sans avoir pu vaincre 1 hostilité ou la
méfiance de leurs contemporains, et sa-
chant qu'ils emportent avec eux un de
ces secrets qui valent pArfois a leurs pos-
sesseurs le titre de oienfaiteurs de la
Camille humaine.
A ces poètes de désespoir et de malé-
diction jE pensais ces jours derniers, en
apprenant qu'un comité d'artistes et de
(littérateurs venait de se constituer, à
!Paris, sous la présidence d'honneur de
jM. Richepin, pour élever un double mo-
jnument au poète Tristan Corbière et à
(son pere, Edouard Corbière, qui fut, en
[France, le vrai créateur du roman mari-
time, du roman documenté, exact, sorte
!de protestation contre les fantaisies pré-
•cédentes. au nombre desquelles on peut
irsentionner la Salamandre d'Eugène
Sue.
Autour de M. Richepin, des hommes
tels que MM. Le Braz, Le Goffic, Ch.
Morice, Léon Durocher, Armand Dayot,
Ajalbert, etc., se sont groupés pour cette
œuvre de justice, et, grâce à eux, le nom
du pauvre Tristan Corbière viendra jus-
qu'au grand public, qui l'ignore, qui n'a
rien lu de cet écrivain, dont les Amours
faunes, les Gens de naer, les Ronde/s, la
Sérénade des Sérénades, etc., ont été, il
y a peu de temps, réunis en un volume
en tête duquel M. Le Goffic, fidèle à la
Bretagne etaux Bretons, a placé une étude
où il nous dit ce que fut ce rêveur mala-
dif, cet enfant perdu du songe, à qui
Verlaine a consacré des pages merveil-
leuses au début de ses Poètes mdudits, et
dont la courte vie doit nous inspirer une
profonde pitié.
Cette existence pourrait tenir dans les
lignes suivantes, par lesquelles com-
mence l'étude en question « Le l°r mars
dans la trentième année de son
âge. s'éteignait à Morlaix un pauvre être
falot, rongé de phtisie, perclus de rhu-
matismes, et si long, et si maigre, et si
jaune que les marins bretons, ses amis,
l'avaient baptisé dra Ankuu (la Mort). »
Il faudrait y ajouter le passage ou M.
Le Goffic raconte comment Corbière,
ayant pris le prénom de Tristan, qui lui
convenait à merveille, baptisa son chien
de mème. Cet animal était, parait-il, le
plus crotte des barbets de toute la Bre-
tagne. D'une exemplaire fidélité, il ne
quittait jamais son maitre, et tous deux,
lorsque la famille Corbière, l'été fini,
abandonnait la vieille maison de Ros-
co.ff où elle aimait à passer les beaux
jours, se logeaient dans l'ancienne de-
meure. « Tristan Corbière prenait pos-
session du salon et y remisait son canot,
dont il faisait son lit; Tristan le chien
couchait à l'avant, dans une manne à
poissons. »
Naturellement, au pays de Corbière,
:ette manière dé vivre ne valait pas au
poète une grosse considération. A Paris,
ouil venait parfois, elle ne frappa point
le public, qui ne fit aucune attention à
l'apparition d'un petit recueil de vers,
les Amours jaunes, où l'on rencontre à
chaque page la marque de la plus
etrange originalité. L'auteur mourut
deux ans après. apprécié des cénacles,
ignoré de la foule, et ayant écrit sur
les gens et les choses de la mer quel-
ques brefs poèmes d'une sombre beauté.
Avant sa mort, il avait eu le temps de
préparer un second volume, qui ne fut
nas oublié et où s'affirmait son grand
talent, une sorte de génie bizarre et
tourmenté, qui laisse la pensée en sus-
pens, comme si elle sombrait brusque-
ment dans un océan tumultueux.
Ces œuvres, qui prendront peu à peu
la place qu'elles méritent donnent l'idée
d'un miroir. Elles réfléchissent la vie de
cet infortuné, transformé brusquement,
par la maladie, du bel enfant qu'il
était en un personnage chétif, malingre,
ridicule et laid, charge vivante. portrait
caricatural, pourvu avec cela d'une âme
ardente, dont l'ironie et le sarcasme du
vers dissimulent imparfaitement la pro-
fonde sensibilité.
Les Corbière, le père et le fils, auront
donc leur médaillon, œuvre du sculp-
teur Bourdelle. Ainsi, dans leur petite
patrie, tous deux seront honorés. Excel-
lent hommage, en ce qui touche le père
réparation, en ce qui concerne le fils, et
qu'on voudrait voir s'étendre à tous les
descendants de Villon qui. de nos jours,
1 poursuivent leur rêve, sans chercher
un renom de mauvaise qualité dans des
oeuvres faciles et vulgaires.
En somme, ces poètes, qui vivent au-
près de nous d'une manière si différente
de la nôtre, rendent matérielles et pal-
pables nos secrètes pensées, nos colères,
nos indignations. Ils expriment tout
haut les sentiments qui se cachent au
fond de nos coeurs, en .les embellissant
de la magie des mots. Les uns célèbrent
nos vingt ans, et les autres l'activité des
villes, la puissance des maçhiaes, la for- j
midable poussée des masses vers un
avenir meilleur. Il en est qui racontent
la misère des humbles, les hontes quel
nous souffrons au sein de notre société
la fureur des vaincus tt l'insolence des
vainqueurs.
Ils suivent des yeux et révèlent toutes
les manifestations de l'âme humaine, et
sont comme la voix de notre conscience.
Nous leur devons bien le remerciement
du marbre ou du bronze, qu'ils se nom-
ment Murger ou Corbière, l'un chantant
l'amour et l'autre la tristesse. Nous fai-
sons halte pour les écouter, et nous n'en
reprenons qu'avec plus de courage le
combat quotidien, un moment inter-
rompu.
JEAN FROLLO
POLITIQUE NATIONALE
Jk Le discours, que M. Poincaré a pronon-
^BT '• Mer, au conseil général de la Meuse,
formule en terrnes aussi précis qu'éloquents
un programme de gouvernement auquel tous
les républicains peuvent et doivent sous-
crire
Sur notre attitude à l'extérieur, sur notre
souci de la dignité nationale et notre amour
de'la paix européenne, sur notre fidélité à
!-n3t.rf Alliance et il imUe Entente cordiale, le
président du Conseil a trouve des mots heu-
reux ci. qui complètent à nier\eille le large
et puissant tableau qu'ii avait tracé ir Cannes.
Mais c'est surtout la politique intérieur
que NI. Poincaré a envisagée. Il s'est efforcé
dé dégager les idées maîtresses sur lesquel-
les tous les serviteurs de la démocratie peu-
vent s'accorder, celles qui dominent toute la
vie publique de ce pays. Il s'est élevé au-des-
sus des classements théoriques et des dé-
marcations arbitraires, pour énumérer !*>.̃?
mesures et les réformes qui découlent en
quelque sorte du principe même du régime.
et qui continueront l'évolution commencée
de longue date.
Le programme qu'il a exposé, avec l'art
convaincant qui caractérise sa manière ora-
toire, est tel que nul républicain ne le
saurait contester. Si au cours des quelque
mois de la session ordinaire et de la session
extraordinaire de 1912, le Parlement venait
à réaliser ce plan de travail, il aurait M en
mérité de la France. Car c'est une véritable
politique nat.ionale, soustraite aux influen-
ces de coteries et de sous-groupes, confor-
me aux désires de la masse du corps élec-
toral, que préconise et que délimite à la fois
le discours de Bar-le-Due.
en pleinjcéai
Qf EST DIVIM L'JBIIOMITt ou LE «OMJIT?
Bordeaux, lo avril.
Le capitaine du vapeur norvégien Skraas-
iad, venant de Xewport, est arrive aujour-
d'hui à' Bordeaux, ramenanl un balloti sptlé-
rique de 1,600 mètres cubes qu'il avait re-
cueilli hier, à 10 heures du malin, à envi-
ron 1ï milles au large des Sables-d'Olonne.
Ce ballon, qui battait, pavillon de l'Aéro-
Club de France et portant une flamme jaune
et bleue, u été reconnu pour être le Zodiac.
que montait NI. Jules Leioup, l'un des con-
currents qui partirent, santedi, des coteaux
de Samt-Cloud, pour disputer la coupe
Emile-Uubonnet.
L'aérostat était légèrement endommagé,
le cerceau était brisé un endroit.
Smmm mouvollms de leloup
\1 Juks f.eloup. qui montait le Zodiac,
est V seul concurrent de la Coupe Dubonnet
-dont on était encore sans nouvellés hier soir
à l'Aéro-Club de France.
M Georges Besancon, secrétaire du club,
avec qul nous pûmes nous entretenir quet-
ques instants à ce sujet, nous déclara
M..Iules Lelotiji était parti l'un des der-
niers, et il n'était pas loin de six heures
lorsqu'il quitta le: Coteaux de Sant.Cloud.
Pilote expérimenté, et prudent, il avait
grand espoir de réussir une belle perfor-
avons été, profondément impres-
sionnés cn apprenant que son ballon avait
été retrouvé en mer. Dans quelles circons-
tances Leloup quitté ? Nous en som-
mes réduits aux hypothèses
Peut-être l'aéronaute n'a-i-tl pas pu aller-
rir comme il l'aurait désiré et son ballon
,s'est-il en fil comme le fit le F'antasqw, de
M. Jourdan Peut-être encore, M. Leloup
s'est-il aperçu trop tard qu'il était au-dessus.
de l'Océan Et alors
Alors. nous voulons espérer que M. Le-
Ioul aura pu être recueilli par un des ba-
teaux de p^che qui, nombreux, opèrent dans
la région des Sables-d Olonne. Ce qui don-
nerait assez de vraisemblance à cette hypo-
thèse, c'est que le ballon a été retrouvé
encore suffisamment gonllé et que, s'il n'a-
vait été secouru, l'aéronaute fût resté sans
doute à bord. »
t
M. Poincaré rle
jour, la pensée gouvernementale
,A ses collègues du conseil général de la
Meuse. 'M.- Raymond Poincaré,' président du
Conseil, a fait hier, un admirabte exposé
de la situation politiquc. Tant au point (Te
vue extérieur qu'au point de vue intérieur,
il;a voulu s'expliquer en toute franchise, t*n
toute clarté. Il a parlé, d'abard, des difficul-
tés si graves de septembre dernier, ajou-
tant
Depuis que le ministère est constitué, les pro-
blèmes de politique étrangère n'ont pas cessé de
solliciter son attention; il les a tous examinés
avec la conscience très nette de ce que doit être,
en ces graves matières, la solidarité gouverne-
1 mentale: il a voulu, par-dessus tout, assurer,
j dans notre action diplomatique. l'unité de direc-
i tion, l'esprit de suite et la clar'té il Il tenu à ce
1 que personne en Europe ne pût se méprendre sur
nos intentions pacifiques, ni sur notre ^volonté de
I détendre les intéréts et-la dignité de la France,
ni sur notre ferme dessein de maintenir et de
cultiver notre alliance avec la Russre et notre
cordiale entente avec l'Angleterre.
Mes chers collègues, une nation qui', est sihcé-
I rement attachée à la paix et qui a, en même
temps, le respect d elleanéme, doit, avant tout,
etre forte la faiblesse offre une proie 'facile aux
ambitions provocatrices et aux entreprises belli-
queuses. Le gouvernement a donc considéré -coin-
me une obligation sacrée la conservation et te
développement de notre puissance militaire et
navale, et,dans le. budget. même que nous venons
de déposer, nous1 rr**bns' rien négligé pour doter
aussi largement que,possible, notre inarine- et
notre armée.
L'imp6t sur te revenu
Le budget sera présenté en temps vojÏjW*
La grosse discussion qui s'offre au Sénat
est celle de l'impôt du revenu.
Le Sénat, mes chers collègues, sera également
en mesure d'aborder dans peu de temps j'exa.
men du projet d'impôt sw le revenu. Le conscien-
cieux travail auquel s'est livrée la commission
sénatoriale, et que M. le ministre des Finances a
tout fait pour raciliter, aboutira, je n'en doute
pas. à un système qui introduira ptus dé justice
dans l'impôt. sans assujettir les citoyens, et par-
ticuliérement les agriculteurs et les commerçants.
à des investigations et à des formalités incompa-
tibles avec leurs habitudes et avec la liberté du
foyer domestique.
Le gouvernement prendra ses responsabilités
dans cette discussion. comme il' les prendra dans
toutes celles qui doivent s'ouvrir ou se continuer
devant les Chambres; dans celles, par exemple,
où il s'agira de défendre, tout ensemble, la li-
ber'é d'enseignement à laquelle le gouvernement
tout entier demeure attaché, la neutralité sco-
laire. qu'il n'est pas moins résolu A maintenir.
et l'enseignement taïque. qui est A ses yeux une
des institutions essentielles de la RépuMique. Le
gouvernement a, du resttî, nettement exprimé sa
pensée dans les projets de lof qu'il a déposés et
dont il demandera le vote à la majorité républi-
caine.
La réforme électorale
La réforme électorale ? En raison des
complications présentes, du défaut de clarté
des textes votés,, une intervention gouverne-
mentale s'impose.
En présence des difficultés d application que
soulèveraient certaines dispositions du texte, voté,
éri présence aussi de ta vivr opposition qu'elles
rencontrent, chez un grand nombre de républi-
cains, le gouvernement a naturellement seffor-
cer de mettre. lui-même au point une réforme qui
puisse être aisémerit comprime du suffrage uni-
versel et qui soit de nature à étm consacrée, dans
les deux Chambres, par la majorité gouverne-
mentale.
Vous savez, mes chers colJégues, que. person-
nellement, et il 111. différence de plusieurs d'entre
vous, j'ai vu, depuis longtemps, dans la représen-
tation proportionnelle. une idée de Justice et de
sincérité électorale. Je ne crois pas m'être trompé.
Je suis convaincu que, tôt ou tard, les hommes
de bonne foi reconnaîtront tous la'supériorité
morale et' politique de cette doctrine sur le ré-
gime majoritaire. Mais, au lieu d'établir un pro-
jet de représeatation proportionnelle, on est ar-
rivé à un système composite, qui, mis en oeuvre,
ne satisferait sans doute perfonno et du moment
où. si l'on veut aboul.ir. les transactions sont iné-
vitables, enci»-e est-il bon de chercher des solu-
tions claires et conformes au génie français.
\ous nous y emploierons de notre mieux.
Le président du Conseil refuse, en tous
les cas, de considérer comrne une majorité
pouvernonmentale la majorité systématique
du projet de réforme, de tous les projets de
réforme. il déplore le caractère pris par la
campagne réformiste,:
Que la loi électorale sc>il devenue une loi poli-
tique, c'est ce que personne ne saurait sérieuse-
ment nier. Ne voyons-nous pas. dans l'Est, avec
quelle fureur sont attaqués, sur leur droite. ceux
des républicains les plus modérés qui passent, à
tert ou à raison, pour défavorables la réforme f
en cours de discussion?
Or. la rnajorilé qui s'est rencontrée sur plu-
sieurs articles du projet ne pourrait offrir à au-
cun gouvernement un appui durable. Elle n'est,
certain nombre de voix républicaines, jointes à
des voix de droite et d'extrême droite et addi-
lionnées aux suffrages de tous les socialistes
unifiés
Est-ce là une majorité gouvernementale? Il
n'existe. en réalité, de majorité gouvernementale
que là où il y a communauté d'idées générales
et unité de système politique.
Les frontières politiques
Où doit être la majorité gouvernementale ?
Où en sont les éléments A gauche, rien
qu'à gauche. Libre à tous de prendre place
à gauche, mais le gouvernement républicain
ne saurait transiger sur certains points es-
sentiels. Il ne saurait admettre ni alliés
réactionnaires, ni auxiliaires d'extrême gau-
che révolutionnaire.
Vous me eoruiaiiSÉez depuis a.ssoz longtemps
pour savoir que j'ai toujours été profondé-
ment, respectueux de* croyances religieuse*
et de la liberté des cultes, et je n'ai jamais eu
la sotte prétention d'exclure personne de la
République \fais. comment former .une ma-
jorité stable et homogène avec de» hommes qui
ont sur des points essentiels dés vues divergen-
tes? Il y a des, partis qui professent sur les
relations des Eglises et de TEtnt des opinions qui
sont la dénégation de la doctrine républicaine.
Qu'on le veuille ou non. voilà une premiére fron-
tière Je n'assigne à personne de place à droite
ou à gauche. Chacun est libre de se fixer où il
veut; mais faut être d'un côte ou de l'autre
et. quant à nous. nous sommes, bien entendu,
avec ceux qui défendent la laïcité de l'Etat.
Et puis, que voulez-vous. lorsgue je me tourne
vers l'autre extrémité, j'aperçois, comme dirait
mon éminent ami. M Clemenceau, une autre bar-
ricade. L»; groupe des socialistes uniiies. si remar-
quable. par sa discipline. abonde en orateurs de
talént: mais il a ur. idéal social et national qui
n'est pas le nôtr*. Il refuse a tout gouvernement
les. moyens élémentaires de gouverneur. Dans des
questions vitales, dans celles qui touchent à ¡'or.'
dre public, aux devoirs des fonctionnaires, aux
institutions militaires. il. la conception même du
patriotisme, il met son point d'honneur à élever
lut-rriSme la barricade entre lui et les républicains
gouvernementaux Ici encore, nous entendons
rester du côté où nous sommes car jamais pius
qu'aujourd'hui le gouvernement n'a eu à remplir
avec vigilance et autorité la 6éche primordiale qui
lui incombe, celle d'appliquer les lois sans fai-
blesse et sans partialité, de maintenir l'ordre et
d'assurer aux bons citoyens la liberté du travail.
'la paix et la sécurité.
Applaudi frénétiquement, le président du
Conseil a prononcé ensuite le plus sincère,
le plus'admirable éloge de M. Henri Bris-
son*
L'ÉMOUVANT ACCIDENT DU «TITANIC»
Le plus grand paquebot du monde
heurte un icebefg devant Terre-Neuve
Mais on a pu, heureusement, sauver les 2.358
personnes qui ne trouvaient à bord
''LE TITANIC"
Londres, 15 avril.
Une émotion considérable a été causée
ce matin, à Londres, par la nouvelle télégra-
phiée de New-York que- le paquebot Tita-
nic, de la White Star Line, le plus grand na-
vire du monde, était, hier soir, entré en col-
lision avec un iceberg et, gravement avarié,
coulait peu à peu dans l'Atlantique, au large
de Terre-Neuve.
L'inquiétude provoquée par cette dépêche
était d autant plus naturelle que le Titartie,
qu.' effectuait son premier voyage avait à
bord 2,358 passagers et hommes d'équipage.
la deux heures, cet après-midi, cette
inquiétude fut loin de se calmer. Quoique
muigres, en effet, les détails reçus étaient
des plus angoissants. C'est ainsi qu'on an-
nonçait que l'accident s'était produit au
large du cap Race, à l'extrémité sud-est de
Le Titanic, qui avait eu son avant défoncé
par le choc avec la montagne de glace, régla-
mait de l'aide en toute hôte par la télégra-
phie sans fil et indiquait sa position comme
étant J6' de latitude nord par 50° H' de
Ibngftude ouest. Ce message fut reçu par fe"
paquebot Virçinian, ile l'Allan Line. et par
VOlympic, qui forcèrient leur vitesse pour se
porter au secours du navire en danger.
Une demi-heure plus tard, un autre mes-
sage du Titanic annonçait que le paquebot
sombrait de l'avant, qu'on mettait- les canots
de sauvetage à la mer et qu'on embarquait
toutes les femmes qui .e trouvaient à bord.
La situation apparaissait d'autant plus
grave qu'au moment de l'accident le l'irgi-
nian se trouvait à 170 milles de distance du
Titanic, et YOlympic à milles environ.
Le Virginian ne pouvait être au plus tôt
sur les lieux de la catastronhe avant neuf
heures et demie du matin, heure américaine,
c'est-à-dire deux heures et demie de l'après-
midi, heure d'Europe. Le seul détail qui don-
nait quelque espoir, c'est que le temps était
beau et la mer calme,
Au début de t'après-midi. on apprenait
que d'autres paquebots, le Ballic, le Maure-
tania et le Cincinnati, ainsi qué les paque-
bots allemands Prinz-Adalberl, Amerika et
PTinz-Frederich-Wilhelin. avaient intercepté,
eux aussi, les messages du Titanic et se ren-
daient également à son secours.
Quelques instants plus tard, une dépêche,
plus alarmante encore, arrivait de New-
York et annonçait que .le dernier message
du Titanic, reçu par le Virginian, était in-
déchiffrable s'et avait élé interrompu brus-
quement. OS en conclut aussitôt qué les ma-
chines du 'Titanic avaient été inondées et
que" ié navire naufragé avait dû être aban-
donné.
Enfin, deug heures dix, les nouvelles
tranquillisantes commencèrent à arriver.
Un câblogramme de Nevv-York annonçait
que le Virginian avait atteint le Titanic, au-
près duquel il se tenait et qu'il n'y avait plus
à craindre de catastrophe.
A deux 'heures quarante, an télégramme
d'Halifax déclarait que tous les passagers
Avaient quitté le Titanic ce matin, à trois
heures trente, heure américaine.
D'autre part, la compagnie \hite Star
Line, déclare de la* façon la plus nette que
toutes les craintes concernant lo sécurité des
passagers n'ont pas de raison d'être, le na-
vire ne pouvant sombrer.
Un cûblogramme, reçu à trois heures et
demie de Terre-Neuve, annonce que le Tita-
nic lutte pour atteindre, par ses propres
moyens, la côte de Terre-Neuve, vers Je cap
Le Tilanir, qui jauge -ki,3S2 tonnes. a 290
mètres de longueur. 11 avait bord pas-
sagers de première classe, :kt5 de seconde.
800 d'entrepont et hommes d équipage.
Parti de Southampton le 10, il avait fait.es-
cff(e à Cherbourg pour y prendre les passa-
gers venant de Paris. Parmi ceux-ci-se trou-
vent plusieurs multimillionnaires arnéri-
cains et leurs familles, au nombre desquels
Si Widener, le fils du milliardaire qui ache-
ta, l'an dernier, le tableau le Moulin, .(le
Renibrandt, pour francs, et M.
RoebLng.
Au nombre des passagers embarquées à
Southampton sont le colonel .1 -J. Astor-
Sa.5. président du Grand-Trunk M. îsm.iy,
président de la White SI nI' Line M. le jon-
khe'-r von Reneîilin, directeur-adjoint de
la Holland America Line; M. Tiiayw, .prési-
dent du Pensylvama Railroad la comtesse
Rothes, le publiciste Stead, MM. Gugenheim j
et Strauss, banquiers.
A CHERBOURG
Cherbourg, lô avril.
Le Titanic avait quitté Southampton mer-
credi à nudi pour Cherbourg où il arriva à
7 heures du soir. Il était commandé par le
capitaine Smith, qui passe pour maîehan- j
ceux. car un accident était déjà arrivé à
VOlympic alors qu'it le commandait.
De plus, en quittant le Tita-
nic avait fait des avaries au paquebot .\eu;-
Yrti'fc. dont il avait brisé les amarres.
A Cherbourg, pendant son escale, il em-
barqua 523» passagers de- première -classe et
4M émigran,ls, dont 3 allemands, 70 améri-
cains, 118 anglais, 39 autrichiens, 6 danois,
65 russes, 87 suédois, 21 norvégiens.
Au total, 3 Français seulement MM. Au-
bard, Pernod et Malachard étaient bord.
Dans les agences maritimes à Cherbourg,
où les paquebots de la White Star Line font
escale chaque semaine, tout le monde était
cet après midi affolé.
LE DANGER DES ICEBERGS
Quand vient le dégel de la banquise, qui
pendant les mois d'hiver a recouvert les par-
ties nord des océans, il s'en détache des
quantités de montagnes de glace qui, pous-
sées par les vents et les courants, descen-
dent vers les mers plus chaudes, où elles
finissent par se fondre et disparaître.
Dans cette saison, les navires qui circu-
lent ont? New-York et l'Angleterre ou le
continent sont exposés à rencontrer sur leur
route un grand nombre de ces icebergs, vé-
rilables îles flottantes, quj constituent pour
eux un danger presque aussi grande que des
paquebots dctuéls rendent le danger de ces
abordages encore plus considérable. L'ice-
berg eat assez difficile à voir dans les nuits
noires une vague lueur blanchâtre le dé-
cèle cependant, mais pas d'assez loin pour
qu'un navire lancé à la vilesse de 23 otr 24
noeuds puisse s'arrêter avant de le toucher.
De même le rayonnement de cette masse
de glace produit autour d'elle un refroidis-
sement sensible de la température, refroi-
dissementque les thermomètres des navires
peuvent également accuser. \tais là encore,
l'avertissement vient souvent trop lard.
En réalité, les accidents causés par les
icebergs, et semblables à celui dont le puis-
sant et majestueux Titanic vient d'être vic-
time, ont été nombreux, et il est probable
aue la. disparition de certains bâtiments,
dont on n'a jamais retrouvé trace, doit leur
être attribuée.
Voir la suitr, à la Dernière Ileure.)
DEMELA LUNE CACHERA LE SOLEIL
Le phénomène céleste de demain, qui sera
visible à Paris et dans une partie de la
Fiance, étant. l'un des plus curieux et des
plus rares que l'on puisse observer, provo-
que, dans le public, une très vive et très
compréhensible curiosité.
Le dix-huitième siècle ne vit que deux
éclipses, I'une en 1706, l'autre en au
dix-neuvième il il n'y en eut qu'une* de
visible dans le midi de la Fran.ce, en 1842
le siècle actuel ne verra que celle de demain,
17 avril, ci un autre le 1l août C'est
dire que beaucoup de ceux qui regarderont
le spectacle qu'offrira le ciel demain vers
midi n'auront pus l'occasion de voir une
seconde fois la luna masquer le soleil.
I,a rareté du fait, jointe k l'arrivée sou-
daine du crépuscule, provoque une impres-
sion qui, de nos jours, ne va plus, comme
autrefois, jusqu'à la terreur, mais que les
spectateurs apprécient à sa juste valeur,
c'est-à-dire comme un des plus intéressants
phénomènes du mécanisme céleste.
L'éclipsé de 1912 se présentera dans
d excellentes conditions, du moins quant à
à la hauteur du soleil. car la plus grande
plias. aura lieu tn Franc"! vers midi. Mais
le diamètre apparent du so!ei1 sera presque
égal à celui ,'e la lune sur la *ligne de
1 éclipse centrale, les deux astres se couvri-
LA NUIT SERA COMPLETE SUR TOUT LE TRACT DE LA LIGNE NOIRE
.̃ '̃̃
UN DRAME A CHATILLON
Ayant assommé sa femme,
hd mari danse sur elle
La fête célébrée dimanche à Châtilion,
fête dont nous avons donné, hier matin, le
compte rendu, a eu pour épilogue inattendu
un drame violent qui a fait deux victimes.
Surexcité vraisemblablement pur les nom-
breuses libations de la journée, un cabare-
tier, au cours d'une querelle avec sa femme.
a frappé cette dernière à coups de bouteille,
et, la croyant morte, l'a piétinée dans un
accès de sauvage démence.
Soène de oarnage
Vers minuit, la nuit dernière, le brigadier
Henry, chef du poste de police de Montrouge,
était prévenu par la gendarmerie qu'un
drame venait de se dérouler dans un débit
de vins, 74, route de Versailles, à Châtillon.
11 s'y rendit aussitôt et se trouva en pré-
sence d'une femme agonisante et d'un hom-
me à moitié aveuglé par une hnrriblo bics-
sure à l'oeil droit. Avec des moyens de for-
tune, il leur fit à tous les deux un premier
pansement, cependant que M. Compagnon,
commissaire de police, assisté de son secré-
taire, NI. Dollorme, arrivait en automobile.
Le magistrat, avant tout interrogatoire, put
se faire une idée précise du drame terrible qui
venait de se dérouler. Dans une pièce du caba-
ret, au milieu de débris de bouteilles et de ca-
rafes. sur le parquet la femme du
caburttier, Mme 'Oudar', âgée .de cinquante et
un ans, gisait. Sa- face tuméfiée, son t-rauo
martelé par les coups ne faisaient pluaqu'un«
bouillie rouge. La malheureuse vivait enco-
re, mais pouvait à peine balbutier quelques
incohérentes paroles. Quant à soit mari,
Louis Oudart, la tigure rouge de sang, il ten-
ta de donner une explication du drame. Il
s'était, disait-il, pris de querelle avec su
femmes celle-ci l'avait frappé à la tigure et
lui avait crevé l'œil droit; alors il s'était dé-
fendu.
M. Compagnon n'eut pas de peine à se
rendre compte de l'inanité d'une pareille ver-
sion. Il n'en écouta pas moins avec com-
plaisance le plaidoyer de l'homme. Mais le
magistrat, une fois le récit terminé, remit
les choses au point c'était lui, Oudart, vin-
dicatif et ivrogne, qui avait porté les pre-
miers coups à sa femme; qui l'avait frap-
pée avec uue brutalité inconcevable, puis-
que la malheureuse avait au crâne plus de
vingt blessures.
Oudart, devant la netteté de l'accusation,
finit par perdre pied, et entra dans la voie
des aveux.
Un forcené
Voici comment les choses s'étaient pas-
sées. La journée avait été très bonne en
raison de la fête, les cabarets du plateau de
Châtillon, parmi lesquels le débit des époux
Oudart, à l'enseigne du Réveil Matin
avaient été pris d'assaut par les visiteurs.
Oudart escomptait donc une très forte re-
cette, plus forte sans doute que celle qu'il
avait en caisse, car, une fois
compté, ce fut pour lui une rlésillusion.
Assez violent de caractère, il s'en prit
aussitôt à sa femme, lui reprochant d'ayoir
vidé le tiroir à son profit. Une discussion
violente éclata alors entre les époux. Fu-
rieux, Oudart se rua sur la malheureuse, la
frappant à coups de bouteille. Blessée, Mme
Oudart avait riposté, atteignant son mari
à l'œil droit d'un coup de carafe.
Alors, le cabaretier. affolé de colére, s'était
acharné sur sa victime, l'assommant littéra-
lement à l'aide de tout ce qui lui tombait sous
la main. Sur le parquet, la débitante s'était
abattue.
Mais le forcené ne s'en était pas tenu là.
Voyant sa femme par terre et la croyant
mortellement blessée, il avait voulu l'ache-
ver. Et alors, dans une danse invraisembla-
ble, il t'avait piétinée, lui écrasant à coups de
talon la poitrine et le ventre
M. Compagnon, avait, entre temps. t'ait
transporter Mme Ooudart à rhôpital'XeckeT.
L'état de la malheureuse apparalt comme
des plus graves.
ront donc presque exactement, de sorte que
le soleil ne restera caché qu'un instant.
Même, en d'autres poin!s, il ne le sera pas
complètement; il débordera la lune tout au-
tour et l'on aura là ce que l'on appelle une
éclipse annulaire
Les éclipses sont surtout intéressante
paroe qu'elles permettent, d'étudier l'asfre
solaire dans des conditions spéciales et qu'il
est impossibie de trouver en temps ordinaire,
soit au moyen du télescope, soit de la photo-
graphie.
En fait, pendant l'obscurité des éclip-
ses totales, on voit autour du soleil une au-
réole lumineuse appelée u couronne et il y
a utililé à photographier Cette couronne, car
de l'étude de son rayonnement dépend la
détermination de la relation que présente sa
variation de forme avec la période des ta-
ches solaires. L'éclipsé tombe au
moment d'un minimum de ces taches.
Ce que l'on verra
L'éclipsé commencera h 10 h. 49, elle sera
totale à midi onze minutes, et prendra fin
à une heure trente-trois minutes.
Si donc le temps est beau et le ciel clair,
tous ceux qui se trouveront, ;iinsi que nous
t'avons déjA indiqué, sur une ligne partant
des Sobles-d'Olonne, pour aboutir il Liège,
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