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Le manuel républicain de Jules Barni (1818-1878)

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1 janvier 2013

Un article du Figaro du lundi 28 Février 1876 intitulé "Les élus du 20 février – Silhouettes parlementaires", trace un portrait fielleux du député Barni.

http://blog.bnf.fr/uploads/gallica/2011/08/jbarni.jpg

 

« BARNI (Jules). Amiens. – Somme

55 ans. Député sortant radical. Marié. Cheveux longs, barbe grisonnante : un faux Théophile Gautier. Mise négligée ; semble habillé avec des vêtements qui n’ont pas été faits pour lui ou s’être trompé de pardessus au vestiaire. Physionomie apathique, démarche lourde. Orateur très médiocre, il n’a pas tenu tout ce que les frères et amis espéraient de lui. Possède quelque mille francs de rente et va passer la bonne saison à Mers, où il a un chalet. - En 1852, il quitta sa chaire de philosophie à Rouen et partit volontairement pour Genève. Triste exilé sur la terre étrangère, M. Barni revenait passer ses vacances à Amiens ; il se livrait avec volupté à la pêche à la ligne. A traduit Kant et rédigé, après le 4 Septembre, le Bulletin de la République, destiné à être lu publiquement chaque dimanche dans toutes les communes, et dans lequel il racontait, pour moraliser le peuple,les amours de Marguerite Bellanger et autres histoires ordurières. Le ménage Barni a, paraît-il, une passion profonde pour les chats : leur logement en est plein. »

Agrégé de philosophie, ancien élève de Victor Cousin dont il fut le secrétaire de 1841 à 1842, Barni est un spécialiste de Kant et de Fichte. Son travail sur Kant sera récompensé en 1852 par un prix de l’Académie française. La même année, il refuse de prêter serment à l’Empire et démissionne de l’université. Il quitte alors la France et s’installe d’abord en Belgique puis à Genève où il obtient une chaire d’histoire.

En 1870, Léon Gambetta (1838-1882), qui vient de quitter en ballon Paris assiégé par les Prussiens, l’invite à le suivreà Tours où siège le gouvernement de la défense nationale et lui propose un poste au sein du gouvernement. Jules Barni accepte de suivre Gambetta mais il refuse d’occuper un poste officiel. A Tours, il rédige pour le Bulletin de la République des articles de propagande républicaine. Ces articles serontrassemblés et publiés en 1872 sous le titre de Manuel républicain.

 

L’objectif de ce manuel est de diffuser les idées républicaines en mettant à la portée du plus grand nombre, et notamment les populations des campagnes, l’esprit des principes et des mœurs de la République. Pour Barni, la liberté, c'est-à-dire le gouvernement de soi-même, passe par l’éducation et la promotion d’une morale laïque adaptée au régime démocratique : « Les institutions républicaines, pour se fonder et durer, supposent des mœurs républicaines ». C’est dans cette même perspective de formation intellectuelle et morale des citoyens qu’il fonde une Société d’instruction républicaine qui organise des conférences sur les principes du gouvernement républicain, la morale publique, l’économie ou encore sur l’histoire de la Révolution. Ces conférences sont également publiées sous forme de brochures à bas prix accessibles au plus grand nombre. C’est dans une de ces brochures que Barni publie en 1873 une version abrégée du Manuel sous le titre : LesPrincipes et les mœurs de la République.

Eric Mougenot - direction des Collections, département Philosophie, Histoire, Sciences de l'homme.

Publié initialement le 23 août 2011.

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