La collecte des sources de Rameau

>

Dès 1767-1768, Decroix s’était procuré à Lille des copies ou des arrangements de pièces de Rameau : les Symphonies tirées des opéras de Rameau, les VI Concerts, les cantates inédites Les amants trahis, Orphée et Thétis. Dans le même temps, il fit l'acquisition d'un lot exceptionnel de copies manuscrites d'opéras de Rameau, provenant de Nicolas-Antoine Bergiron de Briou (1690-1768), fondateur et bibliothécaire de l'Académie des beaux-arts de Lyon, compositeur et copiste de musique. On ne sait pas précisément dans quel but ces dix volumes avaient été copiés. Deux d'entre eux semblent correspondre à des représentations lyonnaises : Hippolyte et Aricie (1743) et Les Indes galantes (1741).

Durant les années 1770, Decroix poursuit l'enrichissement systématique de sa collection avec des copies qu'il commande très certainement à Pierre-Montan Berton, chef d’orchestre puis directeur de l’Académie royale de Musique : Castor et Pollux (1754), Les Fêtes d’Hébé (1739, ici, version de 1764), Le Temple de la Gloire (1745) et Zoroastre (1756). Decroix tente aussi de rassembler tous les extraits inédits des œuvres, notamment ceux provenant de l’Opéra. On retrouve en effet dans sa collection différentes sources, partitions et matériels, qui ont servi pour des représentations à l’opéra, y compris postérieures à la mort de Rameau, et dont les copistes ont bien été identifiés : Brice Lallemand, Pierre Brice, Durand, Marvereau et leurs assistants.

A une époque indéterminée, Decroix récupère à Lille une douzaine de matériels qui ont servi pour les concerts organisés par Albert-Auguste Raparlier. Celui-ci, maître de musique à Lille, avait fondé en 1758 une société de Concerts par abonnement, puis il dirigea le théâtre de la ville de 1771 à 1776. Ces sources fournissent des versions abrégées ou arrangées des œuvres lyriques mais elles peuvent être précieuses et présenter des versions ou des fragments non conservés par ailleurs.