Thèmes et sujets bibliques

Nombre de livrets xylographiques du XVe siècle traitent de sujets bibliques. La mise en images de la destinée humaine de la Vierge et du Christ, la représentation de la fin des temps, font partie des thèmes les plus prégnants.

Le Cantique des cantiques, littéralement « Chanson des chansons » ou « Chant des chants » est un bref livre biblique en huit chapitres, tiré de l’ancien testament. Il contient une suite de poèmes, de chants d’amour alternés entre une femme et un homme. Les théologiens interprétèrent ce texte comme une allégorie de l’amour entre le Christ et l’Église, symbolisés respectivement par l’homme et la femme. Dans les éditions xylographiques, fort éloignées du texte d’origine et entièrement tournées vers l’histoire de la Vierge Marie (du nouveau testament) et ses préfigures (de l’ancien testament), le couple représenté est souvent entouré de jeunes filles et d’anges.

Le décalogue désigne l’ensemble des lois morales et religieuses que Dieu transmit à Moïse sur le mont Sinaï. La Torah et la Bible utilisent deux expressions différentes pour s’y référer : « Dix paroles » pour l’une et « Dix commandements » pour l’autre. Il existe plusieurs variantes du décalogue selon les religions.  On peut cependant dégager trois types de recommandations principales et communes aux textes sacrés : le monothéisme (croyance en un seul Dieu), le respect du sabbat et une série d’interdictions pour préserver le bien-être d’autrui.

La Passion fait référence à l’ensemble des souffrances et supplices endurés par Jésus durant sa dernière semaine de vie terrestre à Jérusalem. Le récit de la Passion est relaté dans le Nouveau Testament, les quatre évangiles canoniques et dans certains évangiles apocryphes.  

Dans la religion chrétienne, l’Antéchrist désigne une figure maléfique, œuvre de Satan qui surgira peu avant la fin des temps marquée par le Jugement dernier et se fera passer pour le Christ. La vie et les actions futures de cet imposteur sont évoquées dans le récit de l’Apocalypse, le dernier livre du nouveau testament, que l’on attribue à l’évangéliste Jean. D’après le texte de l’Apocalypse, l’Antéchrist recouvrira différentes formes et sa vie présentera de fortes similitudes avec la vie de Jésus-Christ.

>

Au XIIIe siècle, le monde des lettrés, jusqu’alors très fermé et étroitement apparenté au monde des couvents, s’ouvre à l’aristocratie et à la bourgeoisie. L’émergence de ce nouveau public augmente la charge de travail des ateliers monastiques, responsables de la copie de textes. Pour répondre à une demande toujours croissante de textes fiables et de plus en plus diversifiés (bibles universitaires, traités juridiques et théologiques, manuels de pastorale, romans de chevalerie), des ateliers de copistes civils voient le jour. Mais cette solution s’avère insuffisante et d’autres moyens de reproduction d’un texte à l’identique sont recherchés.

Plusieurs tentatives ont lieu jusqu’à l’invention décisive de l’imprimerie par Johannes Gutenberg à Mayence. La gravure sur bois (xylographie), déjà utilisée pour multiplier les images pieuses, est l’une de ces tentatives et a donné lieu aux livrets xylographiques, imprimés pour la plupart entre 1440 et 1530. Leur procédé de fabrication consiste à tailler des blocs de bois, de manière à y faire apparaître un dessin en relief, accompagné de quelques mots ou de quelques lignes de texte également gravés. Ce bloc gravé était ensuite encré puis on y appliquait une feuille de papier que l’on pressait au verso avec une balle de crin (le frotton). La marque profonde laissée sur le papier par l’empreinte de la gravure explique que ces livrets soit imprimés sur une seule face. Cette technique issue de l’impression sur les étoffes ne nécessitait pas d’investissement matériel important et pouvait s’exercer de façon artisanale et itinérante, de ville en ville.

Mais la xylographie était impropre à la multiplication de textes de quelque longueur : à part dans quelques essais (grammaire élémentaire de Donat), la priorité demeure à l’image. Les livrets xylographiques sont donc pour la plupart des séries d’images munies d’inscriptions ou de légendes à caractère religieux ou parfois profane (l'Apocalypse, l'Antéchrist, Art de mourir, Bible des pauvres, grammaire de Donat, calendriers, danse macabre, almanachs). Il existe également une variante qui consiste en l’association de bois gravés accompagnés de la copie manuscrite des quelques lignes de texte : on parle alors de chiro-xylographie. Aucun de ces opuscules, tous aujourd’hui rarissimes, n’est jamais daté ni localisé. Les Xylographica commencèrent à être farouchement collectionnés par de riches amateurs de curiosités ou des érudits friands des circonstances qui entourèrent l’apparition de l’imprimerie en Europe occidentale précisément lorsqu’ils avaient presque tous disparus, au XVIIIe siècle.