L’aviation civile au sortir de la Grande Guerre
A l’occasion de la commémoration de la Grande guerre, le blog de Gallica et le Musée Air France vous proposent une nouvelle série sur la naissance de l’aviation civile. Dans ce second volet, observons l'émergence des compagnies aériennes et des lignes.
Au début de la guerre, en août 1914, le nombre de pilotes était de 321 ; à l’armistice en novembre 1918 le pays en compte plus de 6000. A la fin des hostilités, 20 nouveaux pilotes sortaient chaque jour des écoles et le lundi 11 novembre 1918, 2888 pilotes sont encore en formation.
6e exposition de la locomotion aérienne : 19 décembre 1919 – 4 janvier 1920
Un siècle après la fin de la première guerre mondiale, il semble naturel et logique que le potentiel aéronautique mis en place durant les années de guerre ait d’emblée contribué au développement commercial et pacifique de l’aviation. Or, à l’issue du salon de la locomotion aérienne de 1919 qui s’est tenu à Paris au Grand Palais et ses abords (19 décembre 1919 – 4 janvier 1920), les doutes sur l’avenir de l’aéronautique étaient prégnants et se lisaient par exemple dans les colonnes de L’aéronautique n° 8 de janvier 1920 :
Au salon de 1919 sont exposés les avions "de la victoire", mais aussi les premiers avions commerciaux (Farman 60 "Goliath", Caudron C. 23…). Cependant la décroissance de l’industrie aéronautique après la guerre est réelle : 100 000 personnes en 1919 à moins de 4 000 en 1921. En conséquence, à partir de 1919, le salon n’a lieu que tous les deux ans.
Revues et journaux d’aviation et d’aéronautique apparus en 1919 et 1921.
Au début des années 1910, l’aéronautique était déjà potentiellement prometteuse de progrès comme le montre le salon de 1913 (même si l’aviation civile n’était plus en verve à ce moment-là), et se développe beaucoup au cours de la guerre. Cependant il est intéressant de noter que le tassement "normal" de l’industrie aéronautique après l’armistice dont nous faisons état ci-dessus n’a pas affecté la dynamique amorcée avant le conflit mondial, malgré les doutes qui se lisent dans la presse spécialisée. Pour preuve de cet engouement, le nombre de revues et journaux d’aviation et d’aéronautiques de références qui émergent en 1919 et les années suivantes, tels que L’Air, L’Aéronautique, L’Année Aéronautique ou Les Ailes.
L’aviation commerciale après la grande guerre.
En 1918, le personnel démobilisé est face à trois issues possibles. Une grande majorité retourne à ses occupations antérieures, mais certains se laissent tenter par l’aviation commerciale naissante, attractive car le matériel qu’elle utilise est le même que celui des escadrilles, et d’autres participent à la création d’aéroclubs en tant que moniteurs ou mécaniciens.
Ainsi, quelques semaines seulement après l’armistice, les premiers essais français d’Aéro-transports sont réalisés par Lucien Bossoutrot, chef pilote de Farman, l’un des pionniers de l’aviation commerciale qui effectue le samedi 8 février 1919 le premier vol commercial international expérimental de Paris à Londres, aux commandes d’un bimoteur Farman F.60 Goliath (première ligne commerciale internationale régulière au monde). Et le mercredi 12 février 1919 il réalise un voyage de Paris à Bruxelles sur le même appareil, avec à bord 15 passagers, dont le couple Farman.
Au moment où se manifestaient les inquiétudes sur l’avenir de l’industrie aéronautique dont nous faisons état en début de billet, la France compte plus d’une dizaine de compagnies aériennes présentées dans la première livraison de L’Année Aéronautique 1919-1920.
Pour aller plus loin…
- Premier épisode : 1918 … Les avions de la paix recouvrée
- "L'Aviation de Demain" – L’Aérophile, n° 23-24, 1er-15 décembre 1918, p.363 à p.367.
- A propos de "L'Aviation de Demain" – L’Aérophile, n° 1-2, 1er-15 janvier 1919, p.9.
- Note sur l'Aviation Commerciale – L'Aérophile, n° 3-4, 1er-15 février 1919, p.38 à p.41.
- Il nous faut un ministre de l'Air – L'Aérophile, n° 9-10, 1er-15 mai 1919, p.140.
- Avertissement – L'Aéronautique, n° 1, juin 1919, NP (2 pages).
- La Transition de l'aviation de Guerre à l'aviation de Paix – L'Aéronautique, n° 1, juin 1919, p.5 à p.8.
- Historique de l'emploi de l'aviation, pendant la guerre 1914-1918 – L'Aéronautique, n° 1, juin 1919, p.9 à p.13.
- Les nouveaux avions à voyageurs – L'Aérophile, n° 13-14, 1er-15 juillet 1919, NP (p.193).
- L’Organisation des Lignes aériennes – L'Aérophile, n° 19-20, 1er au 15 octobre 1919, p.308.
- L'évolution de l'Aviation de 1914 à 1920 – L'Aérophile, n° 23-24, 1er-15 décembre 1919, p.354 à p.358.
- La fabrication aéronautique et son évolution – L'Aérophile, n° 23-24, 1er-15 décembre 1919, p.359 à p.360.
- Exploitation commerciale de l'aviation – L'Aérophile, n° 23-24, 1er-15 décembre 1919, p.365 à p.367.
- Que faire pour sauver l'aviation ? – Vie au grand Air, n° 850, 20 février 1920, p.30 à p.34.
- Aimer l'aviation est un devoir – Vie au grand Air, n° 852, mars-avril 1920, p.2 et p.3.
- Les records de notre aviation – Vie au grand Air, n°855, 20 juillet 1920, p.23 et p.24
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Vital Ferry
(1925-…) Pilote des corps techniques de l’État. Il rejoint la Direction de l’Aviation Civile en 1946 où il fut successivement Ingénieur en chef, puis en charge des hélicoptères, et enfin expert à la Direction Internationale pour les problèmes d’environnement.
Il est l’auteur d’une vingtaine de livres dont : Aviation populaire, ou aviation prolétaire, 2007 ; Croix de Lorraine et croix du Sud, 1940-1942, 2005 ; Ciel impériaux africains, 1911-1940, 2005 ; Des formations aéronautiques : de l’instruction à la formation aéronautique 1911-1960, 2008 ; …
À la retraite il publie des rubriques aéronautiques.
Il est aujourd’hui l’un des meilleurs spécialistes de l’aviation civile.
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