11 septembre 1937 : Le Complot de la Cagoule
Le 11 septembre 1937, deux attentats à la bombe ont lieu à Paris dans le quartier de l’Étoile contre la Confédération Générale du Patronat Français, 4 rue de Presbourg et l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie, au 45 rue Boissière.
Paris Soir (13 septembre 1937)
Un double attentat terroriste en plein Paris
Deux gardiens de la paix sont tués. Bien que la presse condamne unanimement ce double attentat (L’Homme libre), les avis divergent dès le début. Ainsi L’Écho de Paris et Le Petit Journal évoquent des attentats terroristes dont le patronat semble être la cible, Le Figaro souligne leur « manière anarchiste », Le Matin (13 septembre), impatient de trouver les coupables, désigne un anarchiste italien et dès le 14 Paris Soir fait des allusions à Ravachol, anarchiste militant, Le Journal (13 septembre) souligne la marque révolutionnaire de ces attentats, L’Action française (12 septembre) s’interroge sur les coupables : les Soviets ? L’Allemagne ? Les deux ? et réalise une revue de la presse le 13, comme L’Écho de Paris.
Echo de Paris (13/09/37) Le Parisien (13/09/37)
L’Humanité et Le Populaire, quant à eux, parlent d’attentat fasciste et dénoncent une sanglante et grossière provocation contre la classe ouvrière. Ils s’orientent vite vers l’origine étrangère des bombes et de l’organisation secrète responsable (Le Populaire du 13 septembre). L’Humanité publie des photos de ces « bombes étrangères déposées par des agents de l’étranger ». Dans Ce Soir un reportage photographique fait le lien avec plusieurs autres attentats récents.
L'Humanité 13 septembre 1937
Une prime de 100 000 francs et le témoignage d’un commerçant étranger vont-ils faire avancer l’enquête ? s’interroge l’Ouest-Eclair le 14 septembre. Le Petit Journal affirme que ce commerçant aurait révélé l’existence d’une bande organisée de terroristes alors que Le Petit Parisien (14 septembre) considère que l’enquête malgré tout piétine (15 septembre)…et reste entourée de mystère (16 septembre).
L’affaire rebondit : découverte de caches d’armes
A partir du 16 novembre 1937, suite à la découverte d’une cache d’arme suivie de nombreuses arrestations en lien avec l’organisation d’extrême droite le CSAR (Comité secret d’action révolutionnaire), surnommée « la Cagoule », Le Petit Parisien révèle un complot contre la sureté de l’État. La IIIe République a échappé de peu à un coup d’état fasciste. Un entrepôt d’armes de guerre est découvert dans une villa inhabitée de Villemomble (Le Petit Parisien du 22 novembre). Le 26 novembre l’arrestation de Eugène Deloncle, dirigeant du CSAR est annoncée, ainsi que celle d’autres membres ; le 27 celle du duc Pozzo di Borgo, collaborateur du colonel de la Rocque.
Le Petit Parisien du 21 novembre 1937
Le 16 décembre (Excelsior) un nouvel arsenal est découvert dans un garage (Le Petit Parisien). Deux hommes sont arrêtés, 150 kilos de mélinite, 650 grenades chargées, 745 uniformes du CSAR sont saisis (Excelsior, Le Petit Parisien, Paris-Soir, L’Humanité du 17 décembre). L’Humanité dénonce des agents de Hitler (19 décembre) alors que l’Action française (16 décembre) ironise sur le rôle de « flic » du ministre de l’intérieur Marx Dormoy.
Excelsior 16 décembre 1937
Les coupables enfin arrêtés
Le 11 janvier 1938 (L’Ouest-Eclair, Excelsior) Marx Dormoy annonce l’arrestation de trois des auteurs des attentats de l’Étoile. Un ingénieur clermontois, Pierre Jules Locuty, membre du CSAR (L’Echo de Paris) passe aux aveux (Le Journal) et les confirme le 12 janvier (L’Ouest-Eclair). Le Petit Parisien (11 janvier) se réjouit de la nouvelle : trois coupables sont arrêtés, les ingénieurs Locuty et Métenier, l’industriel Moreau de la Creuse et un autre coupable, le concierge Macon s’est réfugié en Espagne. Alors que Moreau de la Creuse et Méténier nient toute participation, l’ingénieur Henri Vogel est arrêté à son tour (Le Petit Parisien du 12 janvier) suite aux aveux de Locuty. Le lien avec le CSAR est établi (Ce Soir). Une manifestation hostile les accueille à la gare de Lyon (Paris-Soir).
Locuty (Excelsior 11 janvier) Vogel (Excelsior 12 janvier)
Le Populaire et l’Humanité avaient raison : il s’agissait bien d’un attentat fasciste, perpétré par des assassins. En effet le lien sera vite établi avec l’assassinat des frères Rosselli (L’Action française, Ce Soir, L’Écho de Paris, Excelsior, Le Figaro, L’Humanité , Le Petit Journal) , deux intellectuels antifascistes italiens, survenu le 9 juin 1937 (l’Écho de Paris, le Figaro, l’Humanité du 12 juin 1937) et celui de Dimitri Navachine le 23 janvier 1937 (Le Petit Parisien) tué par un certain Filliol, dit Fifi.
Marx Dormoy, responsable du démantèlement de la Cagoule, sera assassiné en représailles le 26 juillet 1941 (Le Petit Parisien).
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