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L’art de l’acclimatation : le patrimoine de la Villa Thuret entre dans Gallica

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Gallica accueille aujourd’hui, grâce au partenariat de coopération numérique noué entre l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et la BnF, une partie du fonds constitué sur le site d'Antibes à partir de 1857 par Gustave-Aldophe Thuret pour nourrir ses recherches scientifiques en botanique et en algologie. Comprenant initialement 356 volumes, ce fonds rejoint la Villa Thuret en 1878 et s'enrichira en quelques années de plus de 2 000 titres, dont 116 précieux et 1707 périodiques.

Recueil d'oeuvres de Léo Errera. Botanique générale II

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6373404t/f110.image

 

Passionné de musique, de peinture et de voyages, licencié en droit, Gustave Thuret est initié à la botanique, en 1837, par un ami musicien, Alexandre de Villers. Soucieux d’améliorer ses connaissances, il rencontre alors Joseph Decaisne, éminent spécialiste des algues qui dirige la chaire de culture du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris à partir de 1850 et préside l’Académie des Sciences dès 1865. Conduisant ses recherches sur la côte normande avec l’aide du docteur Edouard Bornet dont il fait son collaborateur à partir de 1852, Thuret devient un spécialiste incontesté de la reproduction des algues. Il réalise de remarquables observations au microscope qui permettent de restituer, grâce au dessinateur Riocreux, les détails le plus délicats des plantes étudiées.

Dictionnaire d'horticulture illustré.... Partie 2
 

Durant l’hiver 1856, à l’âge de 39 ans, Gustave Thuret visite le littoral méditerranéen à la recherche d’une localité où il pourrait se fixer si son état de santé venait à se dégrader. Séduit par la beauté du Cap d’Antibes, son choix se porte sur une propriété rurale de cinq hectares. Dès son arrivée au Cap, où il s’installe avec Bornet à la fin de l’année 1857 dans la petite maison existante, Thuret lance les travaux du jardin, bouleversant les cultures existantes. Comme le veut le goût de l’époque, c’est un jardin anglais, aux allées en courbes régulières et aux pentes douces recrées à la place des terrasses existantes, qui est tracé. George Sand fut impressionnée par la beauté et la richesse végétale foisonnante du lieu. Parallèlement aux travaux du jardin, Gustave Thuret entreprend de construire une villa dont les plans sont établis par l’architecte parisien Lorottel. Dans le jardin, l’esprit de collection est bien présent : le nombre, la variété et l’originalité sont systématiquement recherchés par G. Thuret et E. Bornet qui peinent cependant à rassembler les végétaux car la région est, au milieu du siècle, dépourvue de pépinières sérieuses même si, du côté niçois, des amateurs éclairés se sont déjà lancés avec succès dans l’acclimatation. C’est donc sous forme de graines obtenues grâce à Joseph Decaisne et le Jardin des Plantes de Paris ou par échange avec d’autres collectionneurs que le jardin Thuret est peuplé. Au total, 3 000 espèces sont progressivement introduites. Gustave Thuret est un véritable précurseur de l’acclimatation de végétaux exotiques sur les rives de l’extrême sud est méditerranéen. Le collectionneur travaille avec méthode : il introduit, observe, note et nous laisse un ensemble d’informations précieuses sur l’arrivée et le comportement de plantes devenues banales comme les eucalyptus, les palmiers ou les mimosas.

Les orchidées rustiques
 

Le 10 mai 1875, alors qu’il traverse le jardin public de Nice en compagnie d’E. Bornet, Gustave Thuret est victime d’un malaise et décède dans les bras de son ami. Deux ans plus tard, la villa Thuret devient un établissement de l’Etat sous le titre de Laboratoire d’Enseignement Supérieur. Le savant Charles Naudin en prend la direction. Georges Poirault lui succède en 1899. En 1925, le jardin Thuret est parvenu à maturité. A l’été 1927, la villa Thuret est transférée du Ministère de l’Instruction publique au Ministère de l’agriculture pour y devenir le Centre de recherches agronomiques de Provence. En 1946 est créé l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Aujourd’hui, l’Inra poursuit les travaux d’acclimatation qui sont confiés à l’unité expérimentale Villa Thuret.

Article rédigé par Catherine Ducatillion, botaniste, responsable du jardin botanique de la Villa Thuret.

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