La violette odorante
La violette odorante est facilement reconnaissable grâce à ses petites fleurs d’un violet intense et à son parfum. Fleur préférée de Napoléon Ier, elle servit de signe de ralliement à ses partisans qui dissimulaient le profil de l’empereur dans d’innocentes gravures de bouquets de violettes.
La violette odorante (Viola odorata) appartient à la famille des Violacées comme la pensée sauvage (Viola tricolor) et la violette des bois (Viola reichenbachiana). Elle porte également les noms de violette de mars, violette des haies, violette de carême, jacée de printemps, violier de mars, etc.
Philippe Eberhardt, Les plantes médicinales et leurs propriétés, Paris, 1927
Petite plante vivace, la violette odorante est une des seules violettes à être parfumée. Recouverte de duvet, elle possède de longs stolons qui lui permettent de constituer de vraies colonies. Ses feuilles sont disposées en rosette et présentent un bord légèrement denté. Ses fleurs ont cinq pétales : deux en haut et trois en bas. Elles sont d’un violet foncé soutenu, mais peuvent aussi être blanches, et elles fleurissent de mars à juin. Elles donnent une capsule poilue divisée en trois parties contenant les graines.
Edmond Gustave Camus, Les fleurs des prairies et des pâturages, Paris, 1914
Originaire d’Eurasie, la violette odorante s’est répandue en Amérique et en Australie. Elle aime les bois, les haies, les sous-bois, les talus, et pousse au frais à mi-ombre, sur des sols calcaires ou neutres.
Elle a été chargée de symboles. Pour les Grecs, c’est une fleur de la virginité, tandis que les Romains en font une plante de l’amour, associée à Vénus. La légende en fait le résultat des larmes versées par Adam chassé du jardin d’Eden. Au Moyen Âge, elle est considérée comme une plante aphrodisiaque, magique. Le langage des fleurs l’associe à la modestie. La violette odorante était la fleur préférée de Napoléon, ce qui fit d’elle un symbole politique au 19ème siècle. L’empereur en offrait chaque année un bouquet à l’impératrice lors de la date anniversaire de leur mariage. Les bonapartistes en firent leur emblème et leur signe de ralliement. Des estampes apparemment anodines et qui représentent un bouquet de violettes dissimulent en fait la silhouette de l’empereur au milieu des fleurs et des feuilles.
La violette odorante a eu divers usages médicinaux : contre les toux grasse et sèche, la conjonctivite, l’eczéma ou l’épilepsie. La racine est purgative. Les jeunes feuilles peuvent être consommées crues en salades ; plus vieilles, elles épaississent les soupes grâce à leur mucilage. Dans la région de Toulouse, la violette de Parme, variété de violette odorante, donne une confiserie réputée : les fleurs sont enduites de sucre puis mises à cristalliser avant de pouvoir être dégustées. La violette entre aussi dans la composition de liqueurs, de sirops, de bonbons. En parfumerie, ce sont les feuilles qui sont distillées. La violette a été déclinée en diverses variétés horticoles et sert de couvre-sol. Elle y répand le parfum qui lui a donné son nom.
Charles Bétout, [La ronde des saisons : trente-sept Maquettes de costumes], 1905
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