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Le tour de Normandie avec Louis Deglatigny

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27 septembre 2024

L’été touche à sa fin, mais il est possible de le prolonger en voyageant à travers toute la Normandie, guidé par les estampes du collectionneur Louis Deglatigny, mécène et archéologue...

Adolphe-Jean Duboc, Rouen, sur les Petites Eaux, aquarelle, Est. T. Degl. 18.

Louis Deglatigny naît à Rouen en 1854 dans une famille bourgeoise de négociants. Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans une usine de cardes, il fait l’acquisition en 1888 de la maison d'importation de bois Le Mire fils, puis devient membre de la Chambre de commerce de Rouen. En 1904, il décide de se retirer des affaires afin de se consacrer pleinement à ses passions : l'étude de la préhistoire, l'archéologie et les beaux-arts. Il devient membre de différentes sociétés savantes, finance des chantiers de fouilles et acquiert tableaux, gravures et monnaies anciennes. A sa mort en 1936, la majeure partie de sa vaste collection est vendue aux enchères. Cependant, sa veuve tient à donner à la bibliothèque ses dessins et estampes topographiques sur la Normandie. Numérisées et accessibles sur Rotomagus, ces œuvres, près de 500, sont un véritable guide pour visiter la région.

Saurez-vous géolocaliser ce qui ne l’est pas encore ?         

Commençons le voyage par la "pointe" de la Normandie, vaillamment gardée par le fort de La Hougue, battu par les vents. Tout en parcourant le Cotentin, observons les vieilles maisons et villages pittoresques jusqu’à arriver à Coutances, réputée pour sa célèbre cathédrale de style gothique normand.

Artiste inconnu, Coutances. La Cathédrale : Intérieur, 1800-1920 (Est. T. Degl. 424).

En poussant plus loin, on ne peut qu’admirer l’incontournable Mont Saint-Michel, mythique source d’inspiration pour les artistes, tel Jean-Jacques Champin, peintre et lithographe reconnu, qui affectionnait les monuments et paysages historiques.

Quittons la côte ouest pour nous enfoncer dans les terres, vers l’Est. Là, le puissant château de Falaise, berceau de la dynastie ducale où Guillaume le Conquérant vit le jour, nous domine, comme s’il nous octroyait – ou nous interdisait – le droit de passer.

Jules Louis Philippe Coignet, Falaise. 31 août 1838, 1838 (Est. T. Degl. 178).

En remontant vers Pont-Audemer, que la Risle perce de ses multiples bras, nous rejoignons la côte par Harfleur, pour ensuite atteindre la cité portuaire du Havre, autrefois gardée par la tour François 1er, dont la plume d’Eustache Bérat souligne la masse imposante. De là, on peut observer les bateaux qui arrivent ou partent vers d’autres horizons.

Charles Théodore Frère, Le bateau à roues "La Ville du Hâvre" quittant l’estuaire en 1832, 1832 (Est. T. Degl. 230).

Remontons maintenant la Seine vers Paris. Le circuit est possible par voie ferroviaire, nous passerons alors à travers la vallée de l’Austreberthe et sur le superbe viaduc en brique rouge de Barentin.

Ou bien, longeons le fleuve par d’autres moyens de locomotion. Nous cheminerons dans ce cas sous le château de Tancarville, dont les ruines dominent les flots, assurant toujours son rôle de gardien de l’estuaire.

C. Merlin, Tancarville, 1800-1920 (Est. T. Degl. 343).

L’amateur de littérature s’arrêtera à Villequier, la jolie petite ville où mourut tragiquement Léopoldine, fille de Victor Hugo. En passant par Caudebec-en-Caux, cité appréciée du peintre prussien Johannn Wilhelm Schirmer, puis en continuant dans le méandre séquanien, nous tombons sur l’abbaye de Saint-Wandrille, qui marque le début de la route des abbayes. C’est l’occasion de bifurquer alors vers la majestueuse et romantique abbaye de Jumièges.

Eustache Bérat, Jumièges, 1792-1884 (Est. T. Degl. 133).

Sur la route de Duclair, nous passons à proximité de la Chaise de Gargantua, rocher dont le nom témoigne de l’influence des grands récits littéraires pour la toponymie. En nous rapprochant de Rouen, nous pouvons admirer l’abbaye Saint-Georges-de-Boscherville, magnifique exemple de l’architecture romane normande.

Jean-Jacques Champin, Abbaÿe de St Georges de Boscherville. Route de Rouen à Duclair, 1796-1860 (Est. T. Degl. 153).

L’arrivée à Rouen passe inévitablement par la rencontre avec Gustave Flaubert, à Croisset, où l’écrivain vécut de 1844 jusqu’à sa mort, en 1880. L’entrée dans la capitale normande peut se faire par le Mont Riboudet, où Deglatigny dirigea sa maison d’importation de bois. En s’écartant de la Seine pour flâner dans les rues de Rouen, nous tombons sur l’emblématique Gros-Horloge, qui nous mène tout droit vers la cathédrale où nous pouvons nous reposer à proximité de la cour d’Albane, qui recèle de trésors archéologiques de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Sortons ensuite de Rouen en passant par la charmante rue Eau-de-Robec.

C. Merlin, Rouen, statues de vieilles pierres au pied de la Tour st Romain, dans la cour d’Albane, 1800-1920 (Est. T. Degl. 338).

En continuant le long de la Seine, la ville du Pont-de-l’Arche nous invite à imaginer, à la place du pont moderne, l’ancien pont qui a fait sa réputation, plusieurs fois détruit ou effondré. Nous poussons ensuite vers les Andelys pour déambuler parmi les vieilles maisons normandes et monter vers le célèbre château Gaillard de Richard Cœur-de-Lion, qui nous rappelle le rôle de frontière que jouait le Vexin au Moyen-Âge. Allons ensuite quelques kilomètres plus loin pour admirer le majestueux château renaissance de Gaillon, qui eut plusieurs vies.

Jean-Jacques Champin, Ancien château de Gaillon (maison de détention), 1796-1860 (Est. T. Degl. 158).

Dirigeons-nous alors vers la frontière de la Normandie, en direction de la paisible ville de Vernon, gardée par le château des Tourelles, au pied du vieux pont aujourd’hui en ruines. Enfin, écartons-nous de la Seine pour terminer notre voyage en admirant la tour de l'Horloge d’Evreux, fortification qui protégea longtemps la ville du haut de ses 44 mètres.

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