L'acacia
C’est à l’ombre des acacias que l’on aperçoit souvent des girafes, friandes de leur feuillage toujours vert et notre imaginaire associe ces deux silhouettes longilignes. Pourtant, si l’on veut trouver le plus d’acacias, ce n’est pas en Afrique qu’il faut se rendre mais en Australie !
Le genre Acacia regroupe des plantes à fleurs, sous forme d’arbres ou arbustes. Ce genre appartient à la famille des légumineuses (Fabacées).
Dans la dénomination commune, l’acacia désigne cependant le robinier faux acacia, Robinia pseudoacacia, également de la famille des Fabacées et nommé en hommage à Jean Robin, herboriste du roi, qui introduisit le premier Robinia en Europe en 1601. L’un d’entre eux s’épanouit depuis 1635 à Paris, au Jardin royal des plantes médicinales, devenu depuis le Jardin des Plantes.
Le nom acacia vient quant à lui du terme akis, mot grec signifiant pointe ou épine. De nombreuses espèces de cette plante ligneuse sont en effet épineuses, ce qui leur offre une défense contre les herbivores qui les entourent.
Les feuilles de cette légumineuse arbustive sont généralement persistantes. Les fleurs, petites, régulières, aux étamines très nombreuses, ordinairement jaunes, parfois blanches et rarement roses, donnent à la plante son attrait décoratif. Sa floraison est généralement échelonnée. Le fruit des Acacias est une gousse renfermant des graines réniformes, petites, d’une teinte brune à noire, et qui font le délice des animaux environnants. Elles sont aussi consommées, grillées, par certains aborigènes d’Australie. Les Acacias à phyllodes supportent bien le calcaire. Les Acacias à feuilles composées bipennées, originaires d’Australie, sont silicicoles et apprécient les sols granitiques.
Acacia alata, espèce australienne. Gravure par Dartrier extraite de la Revue d'horticulture belge et étrangère, 1899
Il est présent largement sur le globe, mais particulièrement dans toutes les régions tropicales et subtropicales. Sur le millier d’espèces d’acacias à travers le monde, près d’un tiers se trouve uniquement en Australie et Tasmanie. Si l’acacia est désormais bien implanté dans les jardins du littoral méditerranéen, la plupart des acacias qui y ont été introduits en raison de leur exploitation horticole ou industrielle sont d’origine australienne.
Sa croissance rapide ainsi que sa facilité de culture lui font jouer un rôle économique important. Outre son intérêt ornemental, il fournit du bois de chauffage ou du fourrage dans certaines régions, notamment subdésertiques. Mais ses domaines d’utilisation sont plus variés encore.
Plusieurs acacias exsudent de la gomme, en raison de blessures naturelles ou artificielles. La gomme ainsi produite, et en particulier la gomme arabique, n’est pas issue de l’espèce Acacia arabica, mais de plusieurs espèces et principalement de l’Acacia senegal ! La gomme est un hydrocolloïde polysaccharide utilisé dans plusieurs domaines industriels (confiserie, pharmacie, alimentation diététique, etc.) et très recherché pour ses propriétés épaississantes (puisqu’il retient l’eau) et stabilisantes. Il est également exploité par l’homme depuis des millénaires pour ses propriétés anti-inflammatoires ou diurétiques, ainsi que pour l’impression des étoffes.
Acacia nilotica : gommes arabiques et exsudation de gommes sur les troncs
Certains acacias sont connus pour leur production de tannins (écorces, gousses), comme l’Acacia nilotica, d’autres sont utilisés par les populations de différentes ethnies en médecine traditionnelle.
Enfin, l’acacia a un rôle écologique plus large, au-delà du seul usage pour l’homme. Quelques espèces supportant bien le sel peuvent croitre sur des terrains sablonneux et salés, comme un environnement dunaire. Ces espèces sont donc particulièrement intéressantes pour la fixation des dunes mobiles et la lutte contre la désertification et la dégradation des terres.
Prisé par certaines espèces animales, comme la girafe, l’acacia a développé différentes stratégies pour s’adapter à son environnement. Il émet ainsi un signal chimique d’alerte en cas d’agression, perceptible par les acacias environnants. En réaction, la girafe marche face au vent en passant d’un arbre à l’autre, contrant ainsi la diffusion du signal olfactif. Les girafes disposent par ailleurs d’une langue préhensile et d’un palais épais pour saisir les rameaux qu’elles ingèrent, ainsi que d’un long cou pour accéder aux hautes branches. Elles ont également développé des capacités cognitives qui leur permettent de ne pas être affectées par les tanins sécrétés par les acacias, lesquels rendent leur feuillage indigeste en quelques minutes : elles changent ainsi d’arbre rapidement.
Certains acacias ont par ailleurs développé une symbiose avec des fourmis, tandis que d’autres, par leur association symbiotique avec des bactéries, enrichissent les sols en y fixant l’azote et permettent ainsi à d’autres espèces d’y proliférer. L’acacia ne cesse de nous surprendre !
Pour aller plus loin
Le mimosa des fleuristes est lui aussi un acacia, au contraire du robinier faux acacia. Retrouvez-les dans l’Herbier de Gallica : https://gallica.bnf.fr/blog/22032021/le-mimosa ; https://gallica.bnf.fr/blog/26042021/le-robinier.
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