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Des médailles pour le chœur de Notre-Dame

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24 mai 2024

Lors de la naissance en 1638 du futur Louis XIV, Louis XIII et Anne d'Autriche formulent plusieurs vœux en remerciement à la Vierge, notamment la construction d’un nouveau maître-autel dans le chœur de Notre-Dame. Plusieurs médailles commémorent le projet et son évolution.

Jean Dollin, Médaille du du projet de nouveau choeur pour Notre-Dame de Paris, 1714

Le 5 septembre 1638 naît au château de Saint-Germain-en-Laye Louis-Dieudonné, premier fils d’Anne d’Autriche et de Louis XIII, le futur Louis XIV. Cet événement, attendu avec grande impatience par le roi et la reine, donne enfin, après vingt-trois années de mariage infertile, un héritier au trône de France. Dès l’annonce de la grossesse de la reine, les deux souverains formulent plusieurs vœux, en remerciement à la Vierge. Anne d’Autriche promet de faire reconstruire l’abbaye du Val-de-Grâce, un projet qu’elle ne parvient pas à faire aboutir dans l’immédiat, mais qu’elle met en œuvre dès le décès de Richelieu et de Louis XIII : elle fait exécuter alors l’exceptionnelle médaille du Val-de-Grâce par Jean Varin en 1645, à l’occasion de la cérémonie de fondation. Louis XIII quant à lui décide de dédier le royaume de France à la Vierge Marie, faisant du 15 août un jour férié, mais aussi de remanier le chœur de Notre-Dame de Paris, en le dotant notamment d’un nouveau maître-autel.

Dans une Déclaration du 10 février 1638, le roi annonce ainsi que « pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge, qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix ; nous serons représenté aux pieds, et du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre ». Les arrière-pensées politiques ne sont pas absentes de ce geste, depuis longtemps médité par Louis XIII : alors qu’il s’est allié à des princes protestants contre des rois catholiques dans le contexte de la guerre de Trente Ans (1618-1648) qui déchire l’Europe, il s’agit aussi de se réaffirmer, sur le plan tant national qu’international, comme un grand monarque catholique. En réalité, le décès précoce de Louis XIII en 1643 ne lui permet pas de mener à terme cette deuxième résolution. Le chantier de reconstruction n’est pas lancé, seule la toile qui devait orner le maître-autel est commandée à Philippe de Champaigne, qui l’exécute en 1638 (aujourd’hui au musée des beaux-arts de Caen).

Louis XIV décide à la fin du XVIIe s. de reprendre le projet inabouti de son père, en commandant à Robert de Cotte de diriger les opérations. L’ancien maître-autel est démonté dès 1698. En 1699, la cérémonie de la pose de la première pierre du nouveau maître-autel s’accompagne du placement de plusieurs médailles dans les fondations. Ces médailles sont de deux types, tirés en or et en argent. Le premier type  est une médaille de restitution commémorant le double vœu de Louis XIII. L’iconographie correspond largement à celle du tableau de Philippe de Champaigne : le roi, à genoux, tend sa couronne à la Vierge. Si, sur le tableau, ce geste prend la forme d’une vision, pour la médaille, au contraire, Louis XIII est représenté dans une église, face à une Pietà sculptée posée sur un autel. Le second type commémore le projet de reconstruction de 1699 : au centre d’un chœur remanié avec des arches de style classique devait être érigé un baldaquin supporté par des colonnes torsadées, sur le modèle de celui du Bernin exécuté pour Saint-Pierre-de-Rome. L’hommage du roi à la Vierge apparaît sur un bas relief du maître-autel.
 

         

Cependant, le projet subit de nombreuses transformations et n’est mené à bien que de 1708 à 1725. Les piliers gothiques du chœur sont conservés mais un nouveau maître-autel est effectivement érigé. Il est surmonté d’une Pietà par Nicolas Coustou et orné d’un bas relief en bronze doré, représentant une Mise au tombeau, œuvre de François Girardon. De part et d’autre de l’autel sont disposées des statues agenouillées de Louis XIII (Guillaume Coustou) et de Louis XIV (Antoine Coysevox). Cette évolution du programme entraîne la décision, en 1709, de retirer les médailles de fondation (qui sont déposées au Trésor de Notre-Dame) plus tard substituées par des exemplaires d’un type nouveau, qui illustre le projet finalement exécuté.
Lors de la Révolution, les médailles du Trésor de Notre-Dame sont saisies en août 1792, puis fondues à la Monnaie de Paris en octobre. Ce sont ainsi les exemplaires déposés au Cabinet des médailles, aujourd'hui encore conservés dans les collections du département des Monnaies, médailles et antiques, qui permettent de suivre l’intégralité du chantier du chœur de Notre-Dame, de la naissance du projet à ses différents états.

 

 

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