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Le fusain

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8 avril 2024

Il désigne une technique de dessin appréciée des artistes pour les repentirs qu’elle permet, mais le terme « fusain » relève avant tout de la botanique : il renvoie à près de cent quatre-vingt espèces d’arbres, arbustes ou plantes appartenant au genre Euonymus.

Nicolas Robert, Evonymus vulgaris granis rubentib, Bp, XVIIe siècle. Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, portefeuille 59, folio 42.

Les fusains appartiennent à la famille des Célastracées. Le terme vient du latin fusus, en référence à la dureté de leur bois qui permet d’en réaliser des fuseaux.

En France, il n’est pas rare d’observer le fusain du JaponEuonymus japonicus – dans des massifs ou des haies : les variétés privilégiées des jardiniers sont celles dont la teinte jaune borde les feuilles vertes et touffues. Cette couleur dorée réchauffe par ailleurs jusqu’aux ciels gris d’hiver car le feuillage est dit persistant, c’est-à-dire qu’il est présent tout au long de l’année.

Paul Hariot, Atlas de poche des arbustes et arbrisseaux les plus faciles à cultiver, Paris, 1904

Si beaucoup d’autres fusains sont originaires d’Asie, certains arbrisseaux portent le nom d’une autre zone géographique : l’endroit où ils furent décrits pour la première fois ou encore le continent sur lequel ils sont davantage présents. C’est par exemple le cas du fusain d’AmériqueEuonymus americana – ou du fusain d’EuropeEuonymus europaeus.

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Abeille de Fontainne, Evonymus europaeus L., fin du XVIIIe siècle.
Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, portefeuille 59, folio 43.

Concernant ce dernier, les éléments les plus appréciés de cette espèce européenne ne sont ni ses feuilles, ni ses fleurs, mais ses fruits. Ces capsules roses ou rouges abritent des graines orangées et ornent cet arbuste en automne. C’est leur forme spécifique qui a donné le nom de « bonnet d’évêque » ou de « bonnet de prêtre » à ce fusain ; leur couleur tire pourtant davantage sur le pourpre des tenues de cardinaux.

Il est préférable d’éviter de consommer ces baies, même si elles sont inoffensives pour les oiseaux. Elles contiennent en effet de l’évonymine, substance dangereuse pour le cœur de l’être humain.

Du côté des insectes, certains pucerons font du fusain d’Europe l’hôte de leurs œufs ; c’est notamment le cas du puceron noir de la fève – Aphis fabae. Parmi les Lépidoptères, la chenille du grand hyponomeute du fusain se retrouve également sur cette espèce, avant de se transformer en petit papillon de nuit.

fusain_mnhn2.jpg

Evonymus latifolius C. B. Pin.
Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, Portefeuille 59, folio 44.

Afin de transformer le bois du fusain en instrument de dessin, il est nécessaire de le carboniser en vase clos – il est chauffé sans apport d’oxygène. Ainsi calciné, il permet de réaliser des ébauches de tableaux ou des esquisses qu’il est très facile de corriger ou de nuancer pour créer des effets de modelé à l’aide d’un peu de mie de pain.

Toutefois, l’arbuste a fini par céder son nom à la technique, alors que d’autres bois servent également à fabriquer ces bâtonnets noirs et friables, notamment le saule, qui offre une teinte légèrement moins foncée.

Le dessin au fusain est apprécié car il s’efface aisément ; l’inconvénient, par conséquent, est qu’il s’altère au moindre frottement. Divers procédés permettent néanmoins de le fixer. C’est ainsi que nous sont parvenues de nombreuses œuvres réalisées au cours des siècles précédents.

En savoir plus

Si vous souhaitez vous initier à l’art du fusain, vous pouvez consulter les ouvrages d’Auguste Allongé et Karl Robert, tous deux parus à la fin du XIXe siècle.

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