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La salicaire

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Près des cours d’eau, la salicaire dresse ses grands épis de fleurs roses. Appelée aussi thé rouge des ruisseaux, elle servait à arrêter les saignements que la couleur de ces fleurs semble rappeler.

Pierre Bulliard, Flora Parisiensis ou Description et figures des plantes qui croissent aux environs de Paris. T. troisième, 1778

La salicaire (Lythrum salicaria) appartient à la famille des Lythracées comme le lilas des Indes (Lagerstroemia indica). Son nom provient du latin salicaria car ses feuilles en forme de fer de lance  ressemblent à celles du saule (Salix). Le nom du genre Lythrum est issu de lythron (« sang mêlé de poussière » en grec). Ses appellations populaires rappellent sa couleur et son utilisation : ortie rouge, lysimaque rouge, thé des pauvres, thé rouge des ruisseaux, herbe aux coliques…

Jean Bourdichon, Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne

Plante vivace, la salicaire dresse une tige de plus d’un mètre de haut. Ses feuilles, vert foncé sur le dessus sont plus pâles sur le dessous. Ses fleurs à six pétales, d’un rose violacé, forment des épis qu’il ne faut confondre avec ceux du laurier de Saint-Antoine (Epilobium angustifolium). La floraison, de juin à septembre, attire les insectes car la plante est très mellifère. Les nombreuses graines sont contenues dans des capsules ; placées dans l’humidité, elles se recouvrent d’un mucilage qui adhère au corps des oiseaux, assurant ainsi leur diffusion.

Ceci a permis à la plante d’être très commune en Europe. Elle a également accompagné les déplacements humains et est désormais présente en Australie ou en Amérique, au point qu’elle est considérée comme invasive dans certaines régions. En effet, elle produit jusqu’à deux millions de graines. N’appréciant pas les sols trop acides, elle se rencontre surtout à proximité des cours d’eau, des fossés, ou dans les régions marécageuses.

Georg Christian Oeder, Icones plantarum sponte nascentium in regnis Daniae et Norvegiae, in ducatibus Slesvici et Holsatiae et in comitatibus Oldenburgi et Delmenhorstiae. Volume 4, Copenhague, 1777

La salicaire a été confondue, durant l’Antiquité, avec d’autres plantes comme la lysimaque. Et Dioscoride regroupait plusieurs espèces différentes sous le terme de « luthron ». Absente des traités médiévaux, il faut attendre le 18ème siècle pour voir décrite son utilisation contre la dysenterie. Elle a servi également contre les saignements, les diarrhées (grâce à la présence de tanins) ou comme antiseptique. Le docteur Leclerc y eut recours lors de la retraite de la Marne, pour soigner les blessés.

La salicaire fait partie des plantes consommées en temps de famine : les feuilles étaient mangées crues, ou cuites comme une légume en période de famine, de même que les tiges. La fleur sert également à colorer des confiseries en rouge. Enfin, ses grands épis roses décorent les jardins et agrémentent les bouquets.

Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales, Paris, 1891

Pour aller plus loin

Redécouvrez les plantes utilisées en cas de disette en parcourant la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.

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