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De Gallica au musée du Louvre. Le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris

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12 janvier 2024

Le musée du Louvre organise, du 18 octobre 2023 au 29 janvier 2024, une exposition intitulée « Le trésor de Notre-Dame de Paris. Des origines à Viollet-le-Duc ».

Missel à l'usage de Paris, vers 1405-1410. BnF, Arsenal, Ms 622 Réserve, f. 1

Cette manifestation a pour ambition de révéler au public la diversité et la richesse du trésor de la cathédrale Notre-Dame (livres manuscrits, orfèvrerie, textiles, objets divers nécessaires au culte), depuis son origine, au haut Moyen Âge, jusqu’au XIXe siècle. Comme beaucoup d’autres trésors, celui de Notre-Dame a été constamment modifié, alimenté, faisant parfois office de réservoir dans lequel on pouvait puiser pour réunir les sommes réclamées par la monarchie ou pour faire face aux aléas des temps. La Révolution française lui a été fatale, avant qu’il ne connaisse une renaissance au XIXe siècle, sous l’impulsion de Napoléon, puis de Viollet-Le-Duc.
Cette exposition a reçu le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France, par le prêt de nombreuses pièces issues de divers départements (Manuscrits, Arsenal, mais aussi Estampes et photographies, Médailles, monnaies et antiques).
 

Vincent Antier (ou Hantier), Notre-Dame de Paris en 1699, dessin au crayon et à la plume. BnF, Estampes et photographie, VA-419 (J,BIS)-FT4

Dans le domaine du livre, l’identification des volumes provenant du trésor a été rendue possible grâce aux travaux menés depuis l’incendie de 2019, dans le cadre de l’ANR e-NDP (Notre-Dame et son cloître), dont la BnF est membre. Si la bibliothèque capitulaire, achetée en bloc par la Bibliothèque du roi en 1756 (du moins pour les manuscrits non liturgiques), était bien connue, les livres du trésor n’avaient pas encore fait l’objet d’une étude approfondie. Saisis durant la Révolution, ils ont été affectés au cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, à la bibliothèque de l’Arsenal et à la bibliothèque Mazarine. L’exposition du musée du Louvre permet d’en présenter une sélection ; certains sont montrés au public pour la première fois.
Beaucoup ont d’ores et déjà été numérisés, parfois après restauration. D’autres le seront dans les mois à venir, pour alimenter la future sélection Gallica consacrée à Notre-Dame de Paris, qui sera mise en ligne au printemps 2024. Tous les manuscrits et objets cités ci-dessous sont actuellement présentés au musée du Louvre. Ils sont consultables en ligne et téléchargeables sur Gallica, en couleur et en haute définition.
Un des plus anciens témoignages du trésor se trouve dans un Sacramentaire partiel à l’usage de Paris du IXe-Xe siècle, qui pourrait lui-même provenir de Notre-Dame, mais sans certitude absolue. On y trouve un des plus anciens inventaires du trésor, avec une liste de reliques.

Sacramentarium ad usum Parisiensem, pars, IXe et Xe siècle (avec additions, Xe-XIIe siècle). BnF, Manuscrits, Latin 2294, f. 97v
 

Il ne reste quasiment rien des objets conservés dans le trésor avant la Révolution française. On peut néanmoins citer une crosse médiévale, qui ne provient pas spécifiquement du trésor, mais qui aurait été retrouvée en fouilles et permet donc d’évoquer les œuvres perdues.
 

Crosse dite de Notre-Dame, Limoges, vers 1200. BnF, Monnaies, médailles en antiques, inv. 55-416

En dehors de quelques volumes, dont la provenance est souvent incertaine, la plupart des livres du trésor antérieurs au XVe siècle ont disparu. Contrairement à d’autres cathédrales, les chanoines ont à plusieurs reprises (en particulier à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle) modernisé leur trésor, en procédant à des retraits. Les livres pouvant encore servir furent transférés dans la bibliothèque capitulaire. Les autres, souvent plus anciens, furent cédés ou éliminés. C’est cependant par les manuscrits, dont plusieurs dizaines ont pu être identifiés, que l’on peut évoquer ce que fut le trésor disparu de Notre-Dame.
Parmi les plus anciens manuscrits du trésor conservés (et cités dans les inventaires) figurent deux missels : l’un exécuté en 1405-1410 et offert par le libraire OIivier de l’Empire et le chanoine et chapelain Gérard Morel, l’autre exécuté entre 1427 et 1447 pour les évêques Jacques du Chastelier et Denis du Moulin. Tous deux témoignent du luxe de la librairie parisienne du début du XVe siècle.

 

Missale ad usum Ecclesiae Parisiensis, Paris, vers 1405-1410. BnF, Arsenal, ms. 622 réserve, f. 138bis verso-138ter

 

Missale ad usum Ecclesiae Parisiensis, Paris, entre 1427 et 1447. BnF, Arsenal, ms. 621 réserve, f. 1

Le trésor n’était cependant pas le seul lieu de la cathédrale où se trouvaient des livres. Un inventaire des chapelles daté de 1417 mentionne ainsi plus d’une centaine de missels, dont quelques-uns nous sont parvenus, notamment pour la chapelle Sainte-Marie-et-Saint-Aignan. Nous ignorons cependant où étaient conservés certains missels ainsi que les bréviaires, qui n’apparaissent pas dans les inventaires, bien qu’ils soient à l’usage de la cathédrale. Tous ces livres bougeaient et pouvaient passer d’un endroit à l’autre, entrer au trésor, ou en sortir.
Des manuscrits témoignent d’un certain renouveau du trésor aux XVIIe et XVIIIe siècles, et de la persistance de la commande de manuscrits enluminés. En 1668, le chanoine Duhamel fut désigné par le chapitre pour passer la commande d’un graduel en sept majestueux volumes. Chacun mesure un peu plus de 80 centimètres de haut ! Copiés par Jean Fossard, ils ont été enluminés par Étienne Compardel et furent livrés en 1670-1671.
 

Graduale Ecclesiae Parisiensis, pars 3/2, Paris, 1669. BnF, Musique, RES VMA MS 1413

En 1753, le chapitre a commandé un nouvel évangéliaire et un nouvel épistolier, tous deux enluminés et dotés d’une reliure en argent doré, hélas fondue sous la Révolution. Une des originalités du premier est qu’il contient, outre de classiques et attendues scènes religieuses, des représentations du chœur de la cathédrale dans son aménagement de la fin de l’Ancien Régime et du grand ostensoir d’argent doré offert en 1708 par le chanoine Antoine de La Porte.
 

Liber Evangeliorum ad usum Ecclesiae metropolitanae Parisiensis, Paris, 1753. BnF, Manuscrits, Latin 9461, p. 70

Des reliures portées par les livres de Notre-Dame de Paris, il ne reste que peu de choses. Les reliures médiévales ont pour la plupart été remplacées au xviiie siècle par de sobres reliures en parchemin vert. Aucune reliure d’orfèvrerie ne nous est parvenue. On peut néanmoins signaler une série de reliures en maroquin rouge des années 1760-1770, portant au centre une plaque aux armes du chapitre (une Vierge sur des nuées, portant l’Enfant Jésus) et aux quatre coins un fer dit « au bâton de chantre ».

Ritus Domini cantoris ad usum domini de Saint Exupery praecentoris et canonici Ecclesiae, Paris, 1746 (reliure vers 1760-1770). BnF, Manuscrits, Latin 9484, plat supérieur
 

Pour aller plus loin :

Feuilleter l’ensemble des livres provenant de Notre-Dame de Paris, conservés à la BnF.

Jannic Durand, Anne Dion-Tenenbaum, Michèle Bimbenet-Privat et Florian Meunier (dir.), Le trésor de Notre-Dame de Paris. Des origines à Viollet-le-Duc, cat. exp., Paris : Louvre éditions / Hazan, 2023, 336 p.

 

 

 

 

 

 

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