Duhamel du Monceau (1700-1782) : agriculture, forêt et marine au XVIIIe siècle
Henri-Louis Duhamel du Monceau, membre de l’Académie des Sciences, est resté dans l’ombre des encyclopédistes et de Buffon. Ses travaux méritent pourtant d’être reconnus.
La Description des arts et métiers, dont il reprend la direction en 1757, est abondamment utilisée par l’Encyclopédie pour rédiger ses articles scientifiques. Agronome réputé, il s’intéresse à la pomme de terre plusieurs années avant Parmentier. Il est également un des fondateurs de la sylviculture grâce à ses études sur les bois de marine. En effet, il est nommé inspecteur général de la Marine en 1739. Travailleur infatigable, il laisse des dizaines de traités scientifiques sur des domaines aussi divers que la pêche, la conservation des grains, le tartre, le raffinage du sucre ou la charbonnerie.
Originaire de la région d’Orléans et d’une famille nobiliaire, il hérite de la petite fortune de son père, ce qui lui permet de se consacrer à ses études. Il se forme au Jardin du Roi, ancêtre du Jardin des plantes, où il se passionne pour la chimie. Il installe chez lui un laboratoire pour ses expériences et s’associe à son frère avec lequel il travaillera toute sa vie. Il se penche sur l’étude des sels et parvient à séparer la soude de la potasse. Ces travaux lui ouvrent les portes de l’Académie des Sciences en 1728.
A la demande du chancelier d’Aguesseau, il se tourne vers l’agronomie en vérifiant la traduction d’un traité de Jethro Tull. Il vérifie également la validité des thèses de Tull en pratiquant des expériences scientifiques sur ses terres. C’est donc à la fois un praticien et un théoricien. Ces expériences débouchent sur son Traité de la culture des terres, repris dans les Eléments d’agriculture. Ces mêmes expériences aboutissent également à des propositions dans le domaine de la conservation des céréales ou de la culture de la pomme de terre.
Un autre domaine a fait la renommée de Duhamel du Monceau : la sylviculture. Il s’y penche par le biais de son Traité des arbres fruitiers.
Henri-Louis Duhamel du Monceau, Traité des arbres fruitiers. T. 1, Paris, 1768
Il est également sollicité par Machault d’Arnouville, secrétaire d’Etat à la Marine, préoccupé par la production de bois pour la construction navale.
Cette démarche aboutit à un traité des forêts en cinq volumes : Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre (1755), La physique des arbres (1758), Des semis et plantations des arbres, et de leur culture (1760), De l'exploitation des bois, ou Moyens de tirer un parti avantageux des taillis, demi-futaies et hautes-futaies (1764), Du transport, de la conservation et de la force des bois (1767).
Néanmoins, son intérêt pour la Marine est antérieur à cette commande. Il est nommé inspecteur général de la Marine (1739) avant de créer une école de marine en 1741. Il offre au roi sa collection de maquettes de navires, qui sera à l’origine du Musée de la Marine. Ses traités les plus connus dans ce domaine sont les Eléments d’architecture navale (1752) et le Traité général des pesches et histoire des poissons qu'elles fournissent (1769-1782).
Par la variété de ses centres d’intérêts et le grand nombre de ses publications, Duhamel du Monceau participe de cet inventaire du monde dont la postérité a surtout retenu l’Encyclopédie, sa grande rivale qui le dénigra tout en utilisant ses travaux.
Pour aller plus loin
Corvol (Andrée), Duhamel du Monceau : 1700-2000 : un Européen du siècle des Lumières, Orléans, 2001
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