Le sport à la une à Reims : L’Echo sportif du Nord-Est
La ville de Reims est reconnue comme une ville historiquement sportive. Elle est à l’origine de l’émergence de nouvelles disciplines et dispose des titres honorifiques de "berceau de la gymnastique" et de "berceau de l’aviation".
Fête fédérale à Reims, Le Monde illustré, 10 juin 1882
Du milieu du 19e siècle à la Première Guerre mondiale, de nombreuses sociétés sportives voient le jour à Reims. La vie des sociétés sportives, l’annonce des compétitions ainsi que les résultats sportifs sont relatés dans des rubriques sportives intégrées aux journaux généralistes locaux, notamment L’Indépendant Rémois, Le Courrier de la Champagne et L’Eclaireur de l’Est. Puis plusieurs sociétés créent leur propre journal : la Société de Tir de Reims en 1880, la société de gymnastique La Fraternelle en 1894, suivies de l’Automobile-club Ardennes-Champagne-Argonne au début des années 1920, le Cercle Nautique Rémois en 1926 ou encore la Compagnie de Sauveteurs de Reims en 1927.
La Fédération sportive de l’Est s’essaie à la publication d’une revue mensuelle à partir de 1894. En 1903, plusieurs sociétés sportives rémoises, de diverses disciplines (cyclisme, aviron, gymnastique…), proposent un journal hebdomadaire intitulé La Champagne sportive. Ces publications ne semblent pas avoir dépassé les quelques numéros parus et il n’est pas aisé de retracer l’histoire locale de la presse sportive car ces titres ont été peu conservés.
Le seul titre conséquent conservé à la bibliothèque Carnegie de Reims est L’Echo sportif du Nord-Est, dont la parution a débuté en 1907 et s’est poursuivie jusqu’au milieu des années 1930. Le premier numéro a paru le jeudi 2 mai 1907. Le directeur et rédacteur en chef, M. Camille Charbonnier, est un ancien coureur cycliste, président du club des Joyeux Cyclistes Sparnaciens (Epernay). Il est également représentant de commerce dans le vin de champagne. Il s’est entouré de spécialistes pour les différentes rubriques du journal : Achille Paroche et Louis Percy pour le tir (ils sont tous deux sportifs olympiques), Henry Vasseur pour l’hippisme, André Prothin pour les sports athlétiques… Les autres rubriques sont consacrées au cyclisme, à l’hygiène sportive, à la gymnastique militaire ou encore à l’aviron. Il fait également appel à des caricaturistes (Fag, Lams, Ness) pour portraiturer des athlètes ou des dirigeants.
Camille Charbonnier annonce ses ambitions dans ce premier numéro en indiquant qu’il est "urgent de faire paraître ce nouveau journal face au développement constant que prennent les manifestations sportives dans notre région", avec la volonté de "renseigner les lecteurs dans tous les sports", "très régulièrement et très exactement", en s’adressant aussi bien aux simples lecteurs qu’aux clubs et aux organisateurs d’événements sportifs. La ligne éditoriale est "sans parti-pris, sans esprit de combativité, indépendante" pour "défendre les intérêts des organisations sportives".
Pour ce premier numéro, il fait appel à Henri Desgranges afin de rédiger une présentation du nouveau journal. Henri Desgranges est alors une des personnalités sportives les plus en vue, en tant qu’ancien coureur cycliste, organisateur du premier Tour de France en 1903 et directeur du journal sportif L’Auto-Vélo depuis 1900.
Dans les années 1910, M. Laselle prend la direction du journal, qui est contraint de cesser ses publications – comme toute la presse rémoise, au déclenchement de la Première Guerre mondiale. L’Echo sportif du Nord-Est ne recommencera à paraître que le 11 septembre 1920, après une première tentative infructueuse. Désormais installée à Reims, la direction est prise en main par M. Marcel Sylvestre en août 1930, puis Henri Sohet en juillet 1933 et enfin Louis Tanguy en 1935.
Au fil de ces années, le journal annonce le calendrier des compétitions et des événements sportifs, donne les résultats sportifs, indique les règlements de compétition, informe de la fondation de nouveaux clubs et présente des sportifs et des dirigeants de clubs. L’Echo sportif du Nord-Est contient également des articles de fond sur l’amateurisme, le sport féminin, les problèmes d’arbitrage et de violence ainsi que des textes sur l’histoire du sport local. Les responsables du journal organisent régulièrement des compétitions, notamment des challenges cyclistes.
Dans l’édition du 14 juin 1935, Roger Demulder rédige un article intitulé Le Sourire de Reims. Il retrace brièvement l’histoire de la ville de Reims et l’impact de la Première Guerre mondiale, avant de décrire le parc Pommery et de relater la saison du Stade de Reims, qui voit le club remporter le championnat amateur de football et faire ainsi son entrée dans le monde professionnel. Demulder était venu à Reims voir le premier match de la saison 1934-1935 et il avait alors profité de sa présence dans la ville pour visiter la bibliothèque Carnegie, inaugurée en 1928. Il écrit :
Pour lors, je me revis comme en septembre, à la bibliothèque Carnegie de Reims. Vous entrez dans un hall somptueux où le marbre des murs s’orne de mosaïques en onyx, dont les sujets résument toutes les branches de l’activité humaine. Autant de médaillons, autant de symboles ! L’Etude, la Religion, l’Inspiration, l’Art (architecture, musique), le Travail (céramique, chimie, médecine, banque, semailles, etc…), le Sport (représenté par l’Auto, l’Aviation et le Rugby). O surprise ! pas de football-association !"
Roger Demulder, instituteur à Desvres (Pas de Calais), a reçu en décembre 1931 le Prix littéraire de football pour son conte intitulé La Leçon de géographie. Ce prix a été institué en 1929 par la Fédération française de football association, pour consacrer le rapprochement du sport et de la littérature. Le jury est alors présidé par Jean Giraudoux.
Pour aller plus loin
- Les 742 numéros de L’Echo sportif du Nord-Est, parus entre 1907 et 1909, 1920 et 1924 puis 1926 et 1935 consultable en ligne.
- Tous les documents de la Bibliothèque de Reims sur Gallica.
L'Olympiade Culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques.
La série "Histoire du sport en 52 épisodes" de Gallica s'inscrit dans la programmation officielle de Paris 2024.
Ajouter un commentaire