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L'arum

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18 septembre 2023

De la famille des Aracées, les arums regroupent plusieurs espèces de plantes aux fleurs élancées et aux noms évocateurs. Certaines espèces sont particulièrement remarquables, à l’image de l’arum titan, à l’inflorescence spectaculaire…

Arum, gravure sur bois coloriée à la main, dans Léonard Fuchs, De historia stirpium, Basileae, 1542

Si la plante est mentionnée chez Pline l’Ancien et Dioscoride, le premier usage d’arum comme nom générique se trouve dans le De Historia stirpium de Léonard Fuchs en 1542. Dans l’édition de l’Histoire des plantes du même auteur, traduite en français par Charles de l’Écluse, on peut lire cette description du « Pied-de-veau » ou « Arum » en latin : de « grandes feuilles vertes […] entre lesquelles vient une tige, d’environ une paume de haut, au sommet de laquelle croît comme un pestel ou pilon portant en la fin plusieurs grains ronds amassés en un, faisant ensemble comme une grappe de raisin. »

La grande fleur caractéristique de l’arum est appelée une spathe, comme nous l’apprend Alphonse Laguesse dans ses Promenades botaniques. Elle peut être de différentes couleurs, allant du rouge au blanc selon les espèces, voire le noir pour l’arum palestinum. Celui-ci occupe une place de choix dans le poème Arums de Palestine de Renée Vivien :

O ma Maîtresse, je t'apporte,
Funèbres comme un requiem,
Lys noirs sur le front d'une morte,
Les arums de Jérusalem

Arum palestinium (Damann), dans D. Guihéneuf, Les Plantes bulbeuses, tuberculeuses et rhizomateuses, ornementales, de serre et de pleine terre, Paris, 1895.

Certains arums sont particulièrement vivaces, à l’image de l’arum maculatum qui croît sans difficulté dans les bois et bosquets humides. Sa grande distribution sur le territoire français lui a donné de nombreux noms vernaculaires : chou-poivre, pied de veau, manteau de Sainte-Marie, Serpentaire, Gouet, Pain de lièvre, etc. On trouve trace des désignations les plus imagées dans Les plantes médicinales de la Picardie du Dr Cossin en 1907 : « Les habitants de Proyart emploient une expression triviale, mais très juste, pour désigner le spadice de l’arum. »

Arum. Le Pied de Veau, dans Joseph Pitton de Tournefort, Elemens de botanique, ou Methode pour connoître les plantes, Paris, 1694.

L’arum maculatum gagne en popularité à l’époque élisabéthaine car ses tubercules sont très riches en amidon. Une fois broyés, ils étaient utilisés pour rigidifier les fraises portées sur le cou ! À noter que dans le Journal des brasseurs, en 1862, la teneur en amidon de l’arum esculantum est mesurée à côté de celles du froment, de l’orge ou du seigle.

Gouet – arum maculatum, dans Charles-Louis Gatin, Les Fleurs des bois, Herbin, 1913

D’autres espèces de la famille des Aracées sont porteuses d’une étrange particularité : leur inflorescence charrie une forte odeur de décomposition, destinée à attirer les insectes pollinisateurs. Ce sont les mouches et autres insectes nécrophages qui se chargent d’assurer sa reproduction. Cette caractéristique a naturellement attiré l’attention des écrivains décadents de la fin du XIXe siècle. Ainsi, en 1892, Jean Lorrain imagine-t-il dans Narkiss un temple où les prêtres abandonnent les carcasses des bœufs sacrifiés et où pousse une flore gorgée de sang : s’y déploient « la gloire nocturne, des arums et la splendeur nacrée des nymphéas. »

« Complet développement de la plante – 2m20 », dans L’Intrépide, La Plus étrange fleur du monde, 16 août 1925.

Enfin, parmi les espèces faisant partie de la famille des Aracées se comptent des plantes hors norme. Parmi elles, l’Arum titan (Amorphophallus titanum), originaire de Sumatra, qui ne fleurit que tous les dix ans, et dont la spathe peut mesurer jusqu’à trois mètres de haut. Le journal L’Intrépide propose en 1925 un reportage sur « la plus étrange fleur du monde », à la floraison aussi spectaculaire qu’éphémère.

En France, deux Arum titans attirent les foules avec leur inflorescence courant 2023 : la première dans les serres du Muséum national d’histoire naturelle en avril, la seconde en juillet au jardin botanique de Nancy. En attendant les prochaines inflorescences, il ne vous reste plus qu’à effeuiller les arums de cet Herbier numérique…

Pour en savoir plus :

Une cire de Robillard du début du XIXe siècle représentant l’inflorescence de l’arum titan, à la bibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle.

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