Le Blog
Gallica
La Bibliothèque numérique
de la BnF et de ses partenaires

La prêle des champs

2

Véritable « fossile vivant », la prêle des champs invite à un voyage dans le temps, car elle témoigne de l’ère lointaine des premières plantes, quand les fleurs n’existaient pas encore…

Émile Gadeceau, Les fleurs des moissons, des cultures, du bord des routes et des décombres (plantes envahissantes) : Equisetum Arvense. Paris, 1914.

Les prêles, tout comme les fougères ou les algues, sont des plantes cryptogames. Elles sont dépourvues de feuilles et de fleurs et se reproduisent grâce à leurs spores, et la prêle étend facilement son territoire grâce à son puissant rhizome.

Gustave Heuzé, Flore pittoresque de la France : anatomie, physiologie, classification, description des plantes indigènes et cultivées au point de vue de l'agriculture, de l'horticulture et de la sylviculture (2e édition) . Éd. J. Rothschild. Paris, 1886

La prêle des champs possède deux types de tiges qui se dressent directement depuis le rhizome et semblent sortir du sol. Les tiges fertiles sont de couleur brune et sont surmontées d’un épi de forme ovoïde (strobiles) qui porte les spores; elles précèdent l’arrivée des tiges stériles qui, quant à elles, sont ramifiées et de couleur verte. Ces deux tiges ont une même structure tubulaire creuse et rigide qui ressemble un peu à celle du bambou avec une succession de segments verticaux et de nœuds couverts d’écailles, sortes de proto-feuilles. La photosynthèse est assurée par les tiges stériles seules.

Pierre Bulliard, Flora Parisiensis ou Description et figures des plantes qui croissent aux environs de Paris. T. sixième, 1783. Éd. Didot le jeune,. Paris, 1776-1783

Les spores sont minuscules et seront dispersés par le vent. Elles germent à même le sol et deviennent alors des prothalles qui sont des organismes soit femelles soit mâles. La rencontre puis fécondation entre ces deux genres est facilitée par la présence d’eau au sol.

Charles Blossfeldt, La Plante. Cent vingt planches en héliogravure d'après des détails très agrandis de formes végétales : prêles des champs fructification, grossiment 12 fois. Éd. A. Calavas, éditeur (Berlin, impr. Ganymed), 1929.

La prêle appartient à la famille des Equisetaceae qui n’a qu’un seul genre l’Equisetum qui compte entre 20 et 30 espèces distribuées dans le monde entier mais surtout dans l’hémisphère nord, dont une quinzaine d’espèces en France. Elle préfère les zones tempérées mais se montre volontiers rustique et supporte même l’altitude jusqu’à 2 500 m pour l’Equisetum hyemale (Prêle d'hiver).

Gaston Bonnier, Flore complète illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique (comprenant la plupart des plantes d'Europe). Tome 12. 1914-1935

Ce sont des plantes primitives qui offrent une résistance à toute épreuve. Ainsi, on ne leur connaît pas vraiment de maladies cryptogamiques ou de ravageurs. C’est sans doute pour cette raison que les jardiniers et agriculteurs l’ont longtemps considérée  comme une « mauvaise herbe » et sa présence envahissante n’était pas la bienvenue.

Bulletin de la Société d'histoire naturelle des ArdennesÉd. Sociéte d'histoire naturelle des Ardennes. Charleville-Mézières, 1996

Pourtant, les jardins modernes réhabilitent la prêle pour son indéniable aspect graphique et structurant grâce à son port vertical. Afin de d’éviter l’envahissement, il faut simplement veiller à la maintenir dans des contenants solides afin que son puissant rhizome ne puisse pas gagner plus de terrain.

Gaston Bonnier, Flore complète illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique (comprenant la plupart des plantes d'Europe). Tome 12. Paris, 1914-1935

Les éleveurs la craignent car elle peut provoquer des intoxications, notamment chez les chevaux. Mais elle sert de marqueur aux géologues car la présence de la prêle indique un terrain argileux.

Charles-Victor Garola, Plantes fourragères. Éd. J.-B. Baillière et fils. Paris, 1904

La prêle s'avère utile en phytothérapie grâce à sa très forte reneur en minéraux. Elle est donc reminéralisante et est également utilisée pour lutter contre les rhumatisme et comme diurétique. Il convient néanmoins de ne pas utiliser la prêle des marais qui est toxique.

Leonhart Fuchs, De Historia stirpium commentarii insignes, maximis impensis et vigiliis elaborati, adjectis earundem vivis plusquam quingentis imaginibus nunquam antea, ad naturae imitationem artificiosius effictis et expressis. Éd. Basileae, 1542

Son utilisation en gastronomie est très limitée, mais on rapporte une utilisation de sommités stériles cuisinées comme des asperges en Italie et au Japon. Néanmoins, les gastronomes la boudent car sa forte teneur en silice provoque une désagréable sensation en bouche puisqu'on a l'impression de mastiquer du sable... Mais les artisans ont su exploiter ses  propriétés abrasives. Ainsi, la plante, nommée parfois "herbe à récurée", était utilisée pour polir le bois :

Gustave Fraipont, Fleurs, plantes, fruits : le monde végétal / texte, dessins et aquarelles de G. Fraipont ; avec une préface par André Theuriet, Ed.  E. Flammarion. Paris, 1899

mais aussi les métaux comme le laiton ou le cuivre.
La prêle des champs, est une relique des temps géologiques anciens mais, même sans fleurs, sa silhouette verticale et graphique sait nous séduire si on sait maîtriser sa puissance vitale !

Pour aller plus loin

Découvrez encore plus de plantes fossiles en feuilletant la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.