Les Constructeurs français aux 24 Heures du Mans (4 / 6)
Quels constructeurs français se sont illustrés aux 24 Heures du Mans ? Comment certains d’entre eux, grâce à l’expérience acquise lors de cette célèbre course d’endurance, réussissent à passer d’une activité artisanale à une véritable organisation industrielle ?
Revue des usagers de la route, Bibliothèque municipale du Mans
Les 24 Heures du Mans, une histoire de rencontres
Nous avons vu lors du premier billet de blog que les 24 Heures du Mans sont nées d’une rencontre entre trois passionnés et visionnaires (George Durand, Charles Faroux, Emile Coquille), lors du Mondial de l’Automobile de Paris de 1922.
Derrière les voitures et les pilotes présents au départ de la course se cachent d’innombrables histoires humaines, des rencontres, des projets, des idées, des innovations, des rêves, des victoires, des échecs ou des accidents cruels. Ne serait-ce que pour pouvoir y participer, certains font des sacrifices immenses. Sur le circuit comme dans la vie, il y en a qui sont récompensés par la gloire et la réussite et d’autres qui finissent ruinés, avec leurs rêves brisés.
Au gré des participations et des victoires, de petits projets d’artisans automobiles deviennent de véritables réussites industrielles et entrepreneuriales. Nous allons découvrir quelques constructeurs français qui ont marqué les 24 Heures du Mans.
Chenard et Walcker, le premier vainqueur
La marque Chenard et Walcker, basée à Gennevilliers, en banlieue parisienne, a été fondée en 1888 par Ernest Chenard. Suite à une rencontre avec Henry Walcker, un ancien client, une collaboration démarre et la société prend le nom Chenard et Walcker en 1899.
Les 24 Heures du Mans, équipe Chenard Walcker, 25 mai 1923, Agence Rol
Grace à un développement commercial dynamique, auquel s’ajoute le succès lors de la première édition des 24 Heures du Mans en 1923, l’entreprise devient l’un des plus importants fabricants français d’automobiles des années 1920, et compte ainsi 4 500 employés en 1925. Les aléas économiques des années 1930 font que l’entreprise est absorbée par la marque Chausson, qui devient après la seconde guerre mondiale une filiale de fabrication de véhicules utilitaires de Peugeot.
Lorraine-Dietrich, la consécration par la course
La société Dietrich, spécialisée à ses débuts dans le matériel ferroviaire et située à Lunéville, en Lorraine, est gérée par le baron Eugène de Dietrich, épaulé par son neveu Adrien de Turckheim, pilote automobile chevronné. Souhaitant diversifier leur activité, ils rachètent en 1890 le brevet d’Amédée Bolée Fils en vue de la fabrication d’automobiles.
Au Salon de Paris de 1901, de Turckheim fera connaissance de deux ingénieurs passionnés, Léon Turcat et Simon Méry, qui commercialisaient déjà leurs propres automobiles, à Marseille. Fruit de leur association, la « Société lorraine des anciens Etablissements de Dietrich et Cie de Lunéville » sortira la première automobile Lorraine-Dietrich en 1902. Le département technique de la marque comptera aussi pendant deux ans la présence d’un jeune ingénieur de génie : Ettore Bugatti.
Les Lorraine-Dietrich B3-6 obtiendront deux victoires aux 24 Heures du Mans, en 1925 et en 1926 avec à cette occasion le premier triplé de l’histoire de l’épreuve. Ces victoires seront permises notamment grâce à l’utilisation du phare anti brouillard, une innovation de l’époque.
Le Mans, concours d'endurance, Bloch et Rossignol sur Lorraine-Dietrich, 13 juin 1926, Agence Rol
Sans pour autant avoir réussi à gagner au classement général, d’autres marques d’automobiles françaises ayant participé aux 24 Heures méritent d’être évoquées, comme Salmson (Société des Moteurs Salmson), Tracta (première voiture de course à traction), la S.C.A.P. (Société de Construction Automobile Parisienne), Brasier, Rolland-Pilain, EHP (Etablissement Henri Précloux), Jousset, Bignan, Delage.
Les 24 Heures du Mans, Victor-Hasley, Casse et André Rousseau sur voiture Salmson, 19 juin 1927
Grand Prix automobile d'endurance du Mans, équipe SCAP, 19 juin 1927, Agence Rol
Le Mans, concours d'endurance, Bussienne et de Costier sur E.H.P, 13 juin 1926, Agence Rol
Le Mans, Concours d'endurance,sur voiture Rolland Pilain, 13 juin 1926, Agence Rol
Autres victoires des constructeurs français et consécration de Matra
Aux éditions de 1937 et 1939, la victoire revient à Bugatti avec un modèle devenu emblématique, la Type 57. A son volant se trouve l’un des meilleurs pilotes de son temps, le Français Jean-Pierre Wimille. Le fabricant parisien Delahaye gagne quant à lui l’édition 1938 avec la type 135.
En 1950, le français Louis Rosier crée la légende en pilotant seul plus de 23 heures d’affilée. En équipage avec son fils Jean-Louis, qui n’aura piloté que les deux derniers tours, ils gagnent la course et signent la seule victoire du fabricant français Talbot.
Amedée Gordini, ingénieur de génie, passionné par la compétition et pilote chevronné, engage lui aussi ses voitures aux 24 Heures du Mans.Malgré quelques coups d’éclat, ses voitures de course ne connaitront malheureusement pas le même succès que ses modèles de série, fabriqués en association avec FIAT (Simca Huit Gordini), qui sont une réussite commerciale. Dans les années 1970, sous l’impulsion de l’emblématique patron Jean-Luc Lagardère, les Matra Simca écrivent l’une des plus belles pages de la présence française au Mans, avec 3 victoires consécutives, de 1972 à 1974.
Bien qu’impliquées dans la course dès leur fondation, les marques automobiles actuelles Peugeot,ou Citroën n’ont pas fait, avant les années 1990, d’apparitions officielles aux 24 Heures du Mans. Néanmoins, leur implication prenait la forme de projets de collaboration ou de partenariats. Renault a gagné l’épreuve en 1978 avec le modèle Alpine A442B et en 1980 le petit constructeur manceau Jean Rondeau a créé la surprise en remportant l’épreuve avec son prototype Rondeau M379B, l’équipage étant composé de Jean Rondeau lui-même et de Jean-Pierre Jassaud.
Olympiade Culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques. La série « Les 100 ans des 24 Heures du Mans » de Gallica s'inscrit dans la programmation officielle de Paris 2024.
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