La gentiane jaune
La gentiane jaune (Gentiana lutea L.) est la plus connue des gentianes. Genciana, Jouvançane, l’Or des montagnes, la Fée jaune, Quinquina des pauvres… Ses nombreuses appellations soulignent sa popularité.
En France, elle est présente dans les massifs montagneux et pousse dans les prairies et les pâturages d’altitude, sur sol calcaire. Sa croissance est lente, elle ne fleurit pour la première fois qu’à partir de 8 à 10 ans. Elle arbore de grandes fleurs jaunes groupées en étage le long de la tige et serrées à la base des feuilles qui sont opposées. C’est une plante pérenne pouvant atteindre 1.5 à 2 m dont on utilise les racines qui contiennent des substances amères.
Paul Hariot, Atlas colorié des plantes médicinales indigènes, Paris, 1900
Ses vertus thérapeutiques sont connues depuis l’Antiquité, elle est citée par Dioscoride et Pline l’Ancien dans leurs traités. Ambroise Paré (1509-1590) et Olivier de Serres (1539-1619) en vantent les mérites pour lutter contre la fièvre, les vers, les morsures venimeuses, etc. On lui prête parfois un caractère magique.
Dioscoride, Sur la matière médicale, livre II, manuscrit grec, IXe siècle
Elle est utilisée contre les fièvres du paludisme avant l'arrivée de la quinine d’où son surnom de « quinquina du pauvre ». Mais ce sont principalement ses actions toniques sur le système digestif qui sont reconnues pour stimuler l’appétit, faciliter la digestion.
Livre des plantes, manuscrit latin, 1440-1460
Dès le XVIIe siècle, on distille la gentiane en Bavière mais c'est surtout au XIXe siècle, qu'elle devient un produit de référence pour les liquoristes dans la création de boissons apéritives ou digestives, issues de la macération de ses rhizomes : Picon à Marseille, Aubrac Gentiane à Saint Flour, Salers en Corrèze, Suze dans le Jura, Avèze à Riom, Lioran Gentiane en Limagne…
Affiche Salers. Gentiane d’Auvergne, lithographie en couleurs, Paris, 1930
Affiche Suze, apéritif à la gentiane l'amie de l'estomac, Paris, 1931
Aujourd’hui, la gentiane jaune est cultivée principalement dans le Massif central mais aussi dans les Pyrénées et les Alpes. La plante peut vivre jusqu’à 50 ans mais il faut attendre une dizaine d'années pour la récolter. Ses rhizomes sont énormes, une racine de 30 ans peut peser plusieurs kilos et descendre à plus d'1 mètre de profondeur.
Friedrich Losch, Les Plantes médicinales, atlas colorié, Paris, 1908
La récolte se déroule de mars à octobre selon les régions par des gentianaïres ou arracheurs, qui utilisent une pioche spéciale appelée fourche du diable. La majeure partie de la production mondiale provient de France et, depuis 1984, l’arrachage de la gentiane est réglementé dans la plupart des massifs. L’association Gentiana lutea créée en 2014 soutient une gestion durable de la ressource et a mis en place un label « Gentiane durable » en 2021.
Leonhart Fuchs, De Historia stirpium commentarii insignes, Bâle, 1542
De nombreuses chansons témoignent de la popularité de la gentiane (L’Air des arracheurs, Fleurs de gentiane, etc). Elle est célébrée tous les ans à Riom-ès-Montagnes (Cantal) lors de la "Fête de la gentiane" mais également à Picherande (Puy-de-Dôme), village dénommé capitale européenne de la gentiane.
Pour aller plus loin
- Découvrez le site de l’association Gentiana lutea : https://www.cpparm.org/la-gentiane/
- ou celui de la fête de la gentiane : https://www.ville-riom-es-montagnes.fr/fete-de-la-gentiane_fr.html
- Visitez la section Botanique du parcours Gallica La Nature en images.
- Rédécouvrez les autres billets de L'herbier de Gallica
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