Michel Poulain : musique au coeur
Découvrez le parcours exceptionnel de Michel Poulain qui travailla pour de très nombreux labels discographiques français et étrangers, de Polydor à Pathé Marconi, en passant par Barclay, Vega, ou encore les Disques flèches de Claude François. Cet éternel amoureux de musique côtoya, entre autres, Ella Fitzgerald, Ray Charles, Marvin Gay, les Beatles, les Beach Boys en passant par Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et toute la vague des yéyés.
Michel Poulain est né à Paris le 18 décembre 1944. Issu d’une famille de la moyenne bourgeoisie - comme il la qualifie lui-même, il écoute ses premiers disques grâce à son père et à son frère ainé, André, qui l’emmènera à son premier concert au théâtre des Champs Élysée écouter le Modern Jazz Quartet. Il accompagne également sa mère qui chante tous les dimanches dans la chorale de l’église des Batignolles.
Michel Poulain en communiant
(Collection privée Michel Poulain*)
Il décide d’arrêter ses études lors de sa classe de première au lycée Carnot. Ses parents ne s’y opposent pas et l’aident à trouver un premier emploi chez le disquaire Raoul Vidal, à Saint-Germain-des-Prés. Il devra néanmoins quitter la demeure familiale et trouver à louer une chambre de bonne Gare du Nord.
Alors âgé de 17 ans, il fait la connaissance de Raymond Mouly, journaliste pour Jazz magazine à l’occasion d’un concert. Ce dernier lui propose de rédiger pour ce magazine les chroniques des nouveautés. Quelques mois plus tard, il lui confie la rédaction d’articles plus conséquents, notamment une interview de John Lewis du Modern Jazz Quartet. Raymond Mouly est également chargé par la Société Véga de la gestion des catalogues discographiques ABC Paramount et de son sous label de jazz Impulse : Michel Poulain le rejoint dans cette aventure et s’occupe entre autre de la rédaction des quatrièmes de couverture des éditions français et du choix des pochettes de disques. Il réalise notamment celle de Genius + Soul = jazz de Ray Charles.
A gauche, pochette originale américaine (Impulse ! A-2, 1961)
A droite pochette réalisée pour le marché français (Impuse ! / Vega IMP 2, 1961).
La rédaction de Jazz magazine est située rue de l’échelle dans les bureaux de Mme Édith Filipacchi, mère de Daniel Filipacchi. En 1948, elle créé le Club Olympique à Calvi qui servira quelques années plus tard de modèle au Club Méditerranée. En 1961, lors du décès de son père, l'inventeur du Livre de poche, Daniel Filipacchi souhaite fonder un magazine qui viendrait compléter l’émission de radio Salut les Copains. Dès sa création, cette publication rencontre un énorme succès et Michel Poulain participe à la rédaction d’articles notamment sur Brenda Lee et Claude Nougaro.
Claude François, Josette Bortot-Sainte Marie (co programmatrice-réalisatrice de l’émission Salut les copains),
Michel Poulain, Danyel Gérard un peu caché, Paul Lederman et des fans à la chasse aux autographes.
(Collection privée Michel Poulain*)
Durant cette même période, Michel Poulain travaille sur la préparation des émissions de Pour ceux qui aiment le jazz et participe aux concerts de jazz produits par Daniel Filipacchi et Franck Ténot, comme ceux de Ray Charles, Ella Fitzgerald ou encore Duke Ellington. Les nuits s’achèvent souvent chez Haynes, au Club Saint-Germain, au Blue note ou encore au Café Flore en compagnie de ces géants du jazz.
Michel Poulain, José Fréjean (technicien Europe 1),
Marvin Gaye, Kurt Mohr (un des grands journalistes de rock et de pop)
et un des dirigeants de Tamla Motown.
(Collection privée Michel Poulain*)
En parallèle de son travail pour Europe 1, Michel Poulain fait la rencontre de Bernard de Bosson qui lui propose de travailler pour le label discographique Polydor. Il a en charge de la gestion du catalogue King records, label qui compte parmi ses artistes James Brown - artiste pour lequel il assure les sorties françaises. Mais désireux de rejoindre Barclay, il fait embaucher son frère André sur son poste. Chez Barclay, il dirige le catalogue Chess records, label de Chuck Berry, Bo Diddley ou encore Muddy Waters. Il créé également la collection Les rois du rock présentées par Eddy Mitchell. En 1965, il rejoint l’équipe de Riviera, sous label de Barclay créé par Léo Missir. Il prend en charge le catalogue Atlantic Atco et s’occupe entre autre de la sortie française de I got you Babe de Sonny and Cher.
Pressage français du 45 tours de I got you Babe de
Sonny and Cher (Atco records ATCO 101 - 1965)
En 1968, lorsque prend fin l’émission Salut les copains, il est sollicité par Claude François pour participer à la création du label discographique de ce dernier : les Disques Flèche. Les deux hommes se connaissent depuis le premier succès de Claude François, Belle, belle, belle, programmé comme « chouchou » deux semaines d’affilée à l’émission Salut les copains en 1962 et partagent une fascination commune pour les musiques populaires nord-américaines. Michel Poulain accompagne celui-ci sur les choix de chansons, l’enregistrement de maquettes ou encore la gestion des studios d’enregistrement. Il gère également les artistes signés sur le label comme Jeff Barnel, Hugo, Liliane Saint-Pierre, Annie Philippe Dominique Walter et accompagne Claude François et Paul Lerderman sur les routes des galas et des tournées.
Michel Poulain, Gilles Thibaut parolier de Que Je t’aime de Johnny Hallyday et de Comme d’habitude
de Claude François, Liliane St Pierre (artiste Disques Flèche) et Claude François.
(Collection privée Michel Poulain*)
En 1971, durant le MIDEM, il fait la connaissance d’Eddie Adamis, responsable Liberty United Artists France qui lui propose de le rejoindre pour créer cette nouvelle entité. Au cours de cette période, il est notamment l’instigateur de l’enregistrement en public du disque d’Ike et Tina Turner à l’Olympia en 1971 et le créateur de la collection Entrez dans le monde.
En visite dans les bureaux de Liberty-United Artists à Los Angeles, Lee Mendell
patron du répertoire international.
(Collection privée Michel Poulain*)
L'équipe Pathé Marconi. Michel Poulain complétement à droite.
(Collection privée Michel Poulain*)
Madame Duteil, Yves Duteil, Michel Poulain, un cadre d’EMI Londres,
Michel P. Bonnet directeur général de Pathé Marconi, Philip Brodie PDG Groupe EMI basé à Londres.
(Collection privée Michel Poulain*)
A la gauche de Tino Rossi, François Minchin, P.D.G. de Pathé Marconi.
A ses côtés, Christian Herrgott du service marketing, et debout Albert Emsalem du service promotion.
(Collection privée Michel Poulain*)
L'arrangeur Gabriel Yared, Christian Herrgott (service marketing), Albert Emsalem (service promotion), Françoise Hardy,
Michel P.Bonnet (Directeur Général), Michel Poulain et Yves Crévoisier (service commercial)
(collection privée Michel Poulain*)
Le groupe Téléphone avec leur directeur artistique Philippe Constantin
(dans le coin à droite) et Michel Poulain.
(Collection privée Michel Poulain*)
Il s’occupe du service Promotion et organise entre autres un voyage avec plusieurs journalistes à la Nouvelle-Orléans pour assister à la dernière date d’une des tournées du groupe Queen. Il est également à l’origine de la rénovation des studios Pathé Marconi de Boulogne-Billancourt qui permet à terme le retour d’artistes internationaux tels que les Rolling stones qui y enregistrent Some girls (1978), Emotional rescue (1980) et Tattoo you (1981). Il travaille étroitement avec le service de la gravure situé à l’époque aux studios Pathé Marconi, et avec le personnel des usines de pressage de Chatou pour améliorer la qualité sonore des 45 tours et des cassettes audio.
En 1979, il est une nouvelle fois approché par une des majors du disque de l’époque. Monty Lüftner, P.D.G. d’Ariola, société allemande du groupe Bertlesmann, lui propose de devenir responsable de la filiale française de ce groupe baptisée Arabella. Il prend ses nouveaux quartiers dans des bureaux situés rue François 1er et s’entoure d’une nouvelle équipe dont certains collaborateurs sont d’anciens collègues de Pathé Marconi comme Christian Herrgott et Franck Lipsik. Au cours de cette période, il participe au développement d’artistes tels qu’Indochine, Lio, Daniel Lavoie, Mireille Mathieu, Anne Sylvestre ou encore Angelo Branduardi.
Remise d'un disque d'or pour le groupe Indochine.
(Collection privée Michel Poulain*)
Jacno, Michel Poulain, Christian Herrgott et Lio.
(Collection Privée Michel Poulain*)
Signature du contrat d'Anne Sylvestre chez Ariola. A droite, Jacques Duchaussoy,
directeur commercial.
(collection privée Michel Poulain*)
Michel Poulain, Patrick Duffy, sa compagne et Mireille Matthieu pour leur duo
Together We're Strong (Arabella– 105 077).
(Collection privée Michel Poulain*)
Remise du disque d’or d' Alan Parsons (second en partant de la droite)
pour Eyes in the Sky au restaurant la Tour d’Argent à Paris.
(Collection privée Michel Poulain*)
Signature du contrat de distribution avec Virgin. Le "business affair" Virgin Londres, Michel Poulain,
Patrick Zelnick (directeur Virgin France) et Christian Herggott.
(Collection privée Michel Poulain*)
En 1998, Michel Poulain monte avec Franck Lipsik la société de production de vidéos et de DVD Taxigram. Cette société est rapidement remplacée par la société Welcome qui en est le prolongement et dispose désormais d’une équipe commerciale et distribue les productions de France 3 vidéo et Arte. Il propose à la FIFA la réalisation d’un film pour les 100 ans de la naissance de la fédération et approche Luc Besson pour sa réalisation. Le projet ne verra pas le jour et entraîne la fin de Welcome. Michel Poulain fonde ensuite la société NLM et réalise lui-même des DVD en accord avec les Éditions Montparnasse.
Il a réalisé à ce jour une centaine de DVD dont un coffret sur Saluts les copains ainsi que des programme sur Luis Mariano ou encore Raymond Devos. Il travaille actuellement sur la réalisation de deux projets : Nana Mouskouri et Hughes Aufray.
Pour aller plus loin
• Sur Polydor : entretien avec Bernard de Bosson du 11 octobre 2017 (plages 2, 3 et 4)
• Sur Barclay : entretien avec Bernard de Bosson du 11 octobre 2017 (plage 5) et entretien du 15 novembre 2017 (plages 1, 2, 3 et 4)
• Sur Pathé Marconi : entretien avec Alain Normand du 13 mai 2014 (plage 2)
• Sur les Rolling Stones aux Studios Pathé Marconi et l'album Tattoo you : entretien avec Dominic Lamblin du 16 janvier 2019 (plage 11)
*Photographies diffusées avec l'aimable autorisation de M. Michel Poulain. Collection privée, reproduction interdite.
Portrait de Michel Poulain (© Collection Michel Poulain).
Cet entretien appartient au corpus Rencontres autour de l'édition phonographique, où de nombreuses autres personnalités témoignent également de leur expérience du métier de producteur phonographique.
Les descriptions complètes de ces enregistrements sont consultables sur le Catalogue général et sur le catalogue BnF-Archives et manuscrits.
Ajouter un commentaire