La bourdaine

La bourdaine (Frangula alnus) appartient à la famille des Rhamnacées comme le nerprun ou le jujubier. Elle est également appelée frangule, nerprun noir, aulne noir, bois noir ou bourgène. L’espèce est proche du nerprun, lui aussi utilisé comme purgatif.

L’arbuste atteint quatre à cinq mètres de haut. Son écorce dégage une odeur désagréable. Ses petites fleurs, allant du rosé au verdâtre, poussent en bouquets et fleurissent de mai à juillet ; elles attirent fortement les abeilles. Les fruits se présentent sous la forme d’une petite drupe verte puis rouge et enfin noire à maturité en août ; ils sont recherchés par les chevreuils

Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales, Paris, 1891

L’espèce est commune en France et dans toute l’Europe sauf dans les régions nordiques et méditerranéennes. Elle se rencontre aussi en Asie occidentale et en Amérique du nord. Elle pousse dans les taillis, les bois humides, les marécages, des plaines jusqu’à la moyenne montagne. Rustique, elle supporte le froid hivernal.

Le principal usage médical de la bourdaine est purgatif, mais en concurrence avec d’autres plantes. Elle est très peu utilisée au Moyen Âge, époque où on lui préfère le séné provenant du Levant. Au 16^ème siècle, Matthioli déclare son écorce très purgative ; elle remplace alors la rhubarbe dans ce rôle. Son succès est de courte durée car, au 19^ème siècle, elle est remplacée comme purgatif par le cascara, plante de la même famille et originaire d’Amérique du nord.

Joseph Roques, Phytographie médicale, ornée de figures coloriées de grandeur naturelle, où l’on expose l’histoire des poisons tirés du règne végétal et les moyens de remédier à leurs effets délétères, avec des observations sur les propriétés et les usages des plantes héroïques, tome 2, Paris, 1821

Plusieurs parties de la bourdaine ont servi pour la teinture : l’écorce fraîche donne du rouge, l’écorce sèche du brun, et les fruits du vert. Ses rameaux servent également en vannerie, pour la fabrication de ruches. La bourdaine est aussi une plante ornementale, entrant dans la constitution de haies, ou pour occuper des sous-bois.

Un dernier usage a  longtemps préoccupé les autorités : son bois servait à fabriquer du charbon pour les poudreries, d’où son nom de « bois à poudre ». La bourdaine faisait l’objet d’exploitation forestière à ces fins. La poudre ainsi obtenue détonnait lentement et servait donc dans les carrières de pierres ornementales pour y détacher de gros blocs non fracturés par l’explosion. La bourdaine, amie des arts !

Charles-Louis Gatin, Les arbres, arbustes et arbrisseaux forestiers, Paris, 1932

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