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L’industrie textile dans la métropole lilloise aux 19e et 20e siècles : mécanisation et essor urbain

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Présente dans la région depuis le Moyen Âge, l’industrie textile connaît une croissance effrénée à partir du 19e siècle à la faveur des innovations technologiques introduites par la révolution industrielle avant de décliner après la Seconde guerre mondiale.

Vue sur Roubaix en 1900 depuis un toit.Bibliothèque numérique de Roubaix

Cette prise de vue illustre bien l’emprise des activités industrielles sur l’environnement urbain et l’intrication entre usines et habitations.

Au 19e siècle, l'industrie textile connaît une très forte croissance dans la région lilloise. A titre d’exemple, on traite environ 1 000 tonnes de laine brute à Roubaix et Tourcoing chaque année à la fin du 18e siècle. En 1913, la consommation de ces deux villes est de 160 000 tonnes. Le développement de cette industrie joue un rôle clé dans la croissance de la métropole avec l’émergence d’un ensemble urbain continu entre Lille, Roubaix et Tourcoing. Roubaix passe ainsi de 8 300 habitants en 1800 à 124 661 en 1896 avant de décliner légèrement (121 115 habitants en 1906). Tourcoing atteint 82 664 habitants en 1911.

Plan général de la ville de Roubaix, lignes de tramways et établissements commerciaux. 1874.
Les ronds bleus et roses représentent les industries textiles, les brasseries sont en jaune.

Lille est déjà une grande ville au début du 19e siècle avec 64 291 habitants en 1821 et elle n’est pas uniquement un centre industriel mais également une capitale régionale sur le plan financier, commercial, culturel et administratif. Les Lillois sont près de 218 000 en 1911 (après annexion des communes voisines de Wazemmes, Fives, Moulins et Esquermes en 1872). Cette croissance démographique concerne également les bourgs situés entre les trois principales localités : Wattrelos, Croix, Wasquehal, Halluin, Roncq, Mouveaux … s’industrialisent et grandissent.

Plan de la ville de Lille par V. Pigache. 1892

Le tissu urbain se développe autour des usines via la construction de logements et de voies de communication sous l’impulsion de leurs propriétaires. L’industrie est de ce fait très présente dans le paysage urbain et il n’y a pas de distinction nette entre secteurs industriels et résidentiels. Le centre de Lille, avec ses activités tertiaires, fait exception et les usines se développent plutôt en périphérie. Un réseau de tramway est créé au début du 20e siècle. En 1911, la métropole dans son ensemble totalise plus de 600 000 habitants.

Le tramway reliant Roubaix à Lille en 1911. Bibliothèque numérique de Roubaix
La croissance de Roubaix, Tourcoing et des bourgs environnants du fait de l’industrialisation entraîne l’urbanisation continue d’un vaste espace et le développement des transports, donnant ainsi naissance à la métropole lilloise.

Au 18e siècle, la production textile s’effectue principalement à domicile, dans les campagnes environnants les centres urbains. Des marchands distribuent la matière première, récupèrent le produit fini et le commercialisent. La mécanisation du filage, puis du tissage, grâce à des machines dont les premières sont importées d’Angleterre, entraîne le développement de grandes usines implantées en milieu urbain et la concentration de la production. De nombreux ruraux viennent s’installer aux alentours des usines, d’où un développement urbain rapide et massif. Le travail à domicile dans les campagnes perdure toutefois de manière résiduelle jusque tard dans le 19e siècle. 

L’usine Motte-Bossut à Roubaix. Bibliothèque numérique de Roubaix
Construite dans la deuxième moitié du 19e siècle, cette filature de coton est la plus grande usine de la métropole à cette époque. Désaffectée en 1982 elle abrite de nos jours les Archives nationales du monde du travail et est classée monument historique.

Le Nord est une région déjà densément peuplée et l’industrie textile y est une tradition remontant au Moyen âge : les industriels peuvent compter sur une main d’œuvre nombreuse et déjà qualifiée, à laquelle s’ajoute la main d’œuvre immigrée, notamment belge. L’abondance de la main d’œuvre, à la fois locale et étrangère, permet aux industriels d’imposer des salaires très bas qui favorisent l’exportation de la production au prix de conditions de vie difficiles pour les ouvriers.

La proximité du bassin minier favorise par ailleurs l’approvisionnement en charbon des machines fonctionnant à la vapeur tandis que la proximité du littoral favorise l’importation de matières premières via Dunkerque. En 1912, le département du Nord importe plus de 6 millions de tonnes de charbon, dont plus de 5 millions viennent du Pas-de-Calais voisin. Les infrastructures de transport (chemin de fer, canal de Roubaix entre la Deule et l’Escault) se développent considérablement durant la seconde moitié du 19e siècle.

Pour en savoir plus

Les sélections autour du textile sur Gallica
Bibliothèque numérique de Roubaix (Bn-R)
Bibliothèque numérique de Lille (IRIS)

Pour aller plus loin

Bruyelle, Pierre, « L’industrie cotonnière à Lille, Roubaix, Tourcoing », Revue du nord, 1954, 3.
Daumas, Jean-Claude, Les territoires de la laine : histoire de l’industrie lainière en France au 19e siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2004, 425 p.
Daviet, Jean-Pierre, Le complexe industriel de Roubaix-Tourcoing et le marché de la laine (1840-1950), Revue du nord, 1987, 69, 275
Sivéry, Gérard, Capitaux et industrie textile au Moyen Age dans les régions septentrionales, Revue du nord, 1987, 69, 275
Trénard, Louis (dir), Histoire d’une métropole, Toulouse, Privat, 1977, 515 p.
 

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